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Depuis sa libération, Piotr Pavlenski fait la tournée des médias. Il déclare son intention de rouvrir le site "Pornopolitique" par lequel le scandale et la chute de Benjamin Griveaux sont arrivés, rapporte La Dépêche.
Pour Serguei Jirnov, se déclarant seul ancien espion du KGB sur le sol français, "cette bombe médiatique n’est certainement qu’un appel d’air. En indiquant cela, il invite les éventuels détenteurs d’autres vidéos à les lui envoyer, afin qu’il puisse les mettre en ligne". Et d'ajouter : " Etant donné qu’il possède plusieurs enregistrements de Griveaux, il peut peut-être les diffuser un à un."
Pourtant, pour l’artiste russe, "cette histoire est finie". Il assure par ailleurs qu’il a "peut-être encore de quoi faire".
L’activiste qui a fui la Russie et vit en France sous le statut de réfugié politique depuis 2017, entend jouir pleinement de la liberté offerte au pays des Droits de l’Homme, en combattant et dénonçant l’hypocrisie des hommes politiques.
Pour l’ancien espion du KGB, le mystère autour de ses actions et de l’obtention rapide de son statut de réfugié politique soulèvent de nombreuses questions.
Piotr Pavlenski : "Ce n’est pas exclu que l’Elysée soit intervenu dans son dossier "
L’obtention de son statut de réfugié politique en seulement 4 mois reste un mystère."Il est arrivé en janvier 2017 et en mai 2017, il avait déjà la reconnaissance du statut de réfugié. C'est une obtention très rapide, non seulement pour le statut en général, mais aussi par rapport à la Russie, qui ne fait pas partie des pays prioritaires. Ce sont généralement les pays en guerre qui sont favorisés", explique l'ancien espion. Il a d'ailleurs dû attendre de son côté quasiment 3 ans pour obtenir le "précieux sésame".
"Pavlenski a forcément eu énormément d’appui. D’autant qu’il était poursuivi par le FSB (Service fédéral de sécurité de la fédération de Russie, équivalent de la DGSI en France) pour sa dernière action contre la porte de LoubianKa à laquelle il avait mis feu. Cela lui a valu 2 condamnations : une amende de 500 000 roubles et des dommages et intérêts de 435 000 roubles. Une somme donc importante puisque le salaire moyen en Russie tourne autour de 30 à 35 000 roubles. Il a également été accusé de viol dans une autre affaire. Les autorités françaises auraient donc dû effectuer en amont une enquête", atteste-t-il.
"Selon moi, pour obtenir le statut de réfugié politique dans ces conditions-là, il faut au minimum un appui de deux ministres (ministre de la Culture et ministre des Affaires étrangères) couplé à l’avis très favorable de l’ambassade de France à Moscou", confie l'auteur de "Pourchassé par le KGB, la naissance d’un espion".
"Mais à mon avis, cela vient de beaucoup plus haut. Ce n’est pas exclu qu'Emmanuel Macron ou Brigitte Macron soient intervenus personnellement dans son dossier. Piotr Pavlenski a probablement également eu beaucoup d’appui dans le domaine culturel", suppose l'ex-agent secret.
Piotr Pavlenski : "Il y a plein de questions auxquelles nous n’avons pas de réponse"
Il reste plusieurs zones d’ombre autour de sa sortie de Russie. "Il y a plein de questions auxquelles nous n’avons pas de réponse", souligne Serguei Jirnov. "On peut spéculer et construire des mythes mais les faits sont là, et inexpliqués".
"On commence à rejoindre les idées complotistes qui ont circulées les premiers jours de l’affaire Griveaux. Deux organismes gèrent la sortie du territoire des Russes : le FSB et le Service fédéral des huissiers de justice. Le FSB doit donner un aval pour toute personne demandant un passeport (une sorte de visa de sortie). L’accord a été donné alors que Piotr Pavlenski en était débiteur. Il n'a en effet, selon différents médias russes, jamais réglé sa dette envers le service (dommages et intérêts, et amende)", indique-t-il.
"D'un autre côté, le Service fédéral des huissiers a à sa connaissance l’ensemble des dettes du pays (voisins, employeurs…). Si vous n’avez pas remboursé une dette, ces huissiers vous bloquent la sortie du territoite", détaille Serguei Jirnov.
Piotr Pavlenski : un "accord passé en sous-main avec le FSB" ?
"Etrangement, ni le FSB ni les huissiers ne se sont opposés à la sortie de l'activiste russe. Fait extraordinaire lorsqu’on sait que la Russie est un pays qui contrôle énormément ses frontières (régime de sécurité très ferme)."
Et de conclure : "Cela ressemble fort à un accord passé en sous-main avec le service de contre-espionnage russe (le FSB), pour amoindrir sa sanction. On peut légitimement se poser des questions. Deuxième hypothèse, le FSB, dérangé par sa présence, aurait pu aussi le laisser partir à l'étranger sans payer sa dette, avec un petit accord à la clé : "ficher le même bazar" qu'en Russie. D'ailleurs, depuis l’éclatement de l’affaire Griveaux qui fait le buzz en Russie, Poutine semble ravi."