ITW. Noyades d’enfant : quelles précautions prendre au bord de la piscine cet étéIllustrationIstock
INTERVIEW. Le retour du beau temps est synonyme de baignades mais aussi de risques accrus de noyades chez les plus jeunes. Quelles mesures prendre pour protéger ses enfants ? Rencontre avec Agnès Verrier, chargée de projet et d'expertise scientifique à Santé publique France.
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L’été approche et avec lui ses barbecues et ses baignades. Alors que le beau temps s’installe dans tout le pays, les risques de noyades vont malheureusement augmenter dans les mêmes proportions que le mercure. En France, chaque année, les noyades accidentelles sont responsables d’environ 1 000 décès. Près de la moitié ont lieu pendant la période estivale.

Comment protéger ses enfants ? Quelles mesures prendre pour diminuer les risques de noyade ? Nous avons rencontré Agnès Verrier, chargée de projet et d’expertise scientifique à l’unité prévention des risques infectieux et environnementaux de Santé publique France.

Prévention de la noyade : une surveillance de chaque instant

Le premier précepte est simple : "Il faut se baigner avec son enfant, assurer une surveillance active et permanente", explique Agnès Verrier, chargée de projet et d’expertise scientifique de Santé publique France. Une surveillance insuffisante est la principale cause de noyade chez les enfants de moins de 6 ans. "La baignade doit être un moment de plaisir mais avec une attention continue des adultes. Que les enfants jouent au bord de l’eau ou non, les adultes ne doivent pas relâcher leur surveillance."

"Il est important que chaque adulte sache quel enfant il surveille. Lors d’accidents de noyade, les adultes avaient le sentiment qu’un oncle ou un cousin surveillait tel enfant. Résultat : il a échappé à leur attention. Pour éviter ce type de confusion, il faut immédiatement déterminer qui surveille qui. Il faut avoir les mêmes gestes que l’on soit chez soi ou dans un jardin privé ou en location de vacances."

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Lors des moments de baignade, la garantie de la sécurité revient donc avant tout aux adultes. "L’enfant n’a pas la perception du risque. L’adulte doit être central dans la surveillance." Toutefois, il est possible d’apprendre aux plus petits des gestes simples qui pourraient les sauver en cas de chute involontaire dans une piscine.

Prévention de la noyade : que faut-il apprendre aux enfants ?

Pour Agnès Verrier, "on peut aborder la question de l’aisance aquatique dès le plus jeune âge, vers 3-4 ans. Il s’agit de sensibiliser l’enfant à la nage le plus tôt possible. On lui apprend d’abord à être à l’aise dans l’eau, à se mouvoir. Dans un premier temps, on met les enfants dans une piscine où ils n’ont pas pied pour qu’ils apprennent à se déplacer avec les mains sur le rebord. Puis, on leur apprend à s’éloigner et à revenir au bord seul."

D’après les messages de prévention, les parents doivent se baigner systématiquement avec leurs enfants jusqu’à ce qu’ils aient 6 ans. Pourtant, pour Agnès Verrier, cela n’est pas qu’une question d’âge. "Il faut prendre en compte l’apprentissage de la natation aussi. Et puis, même si l’enfant est autonome, il faut qu’il y ait une surveillance." Car il ne suffit que de quelques secondes pour qu’un enfant se noie. "Un jeune enfant qui se noie ne va pas crier. Tout peut arriver très vite et silencieusement."

Si aucun dispositif de sécurité ne remplace la vigilance des adultes, en France, les piscines privées à usage familial sont soumises à une législation et à des normes de sécurité précises.

Prévention de la noyade : quels dispositifs de sécurité installés ? 

Selon le code de la construction et de l'habitation, toute piscine enterrée non close privative à usage individuel doit être pourvue d'au moins un des quatre dispositifs de sécurité normalisés visant à prévenir le risque de noyade : abri, alarme, barrière ou couverture. Si une personne n’a pas un de ses dispositifs, elle s’expose à 45 000 euros d’amende.

"Il n’y a pas une piscine plus dangereuse que l’autre. Toutes le sont. Enterrée, hors-sol, gonflable... La piscine enterrée, avec son système de sécurité, peut donner une illusion de sécurité aux parents qui peuvent relâcher leur attention", souligne Agnès Verrier, chargée de projet et d’expertise scientifique de Santé publique France.

"Avec des gestes simples, on peut profiter de la baignade en toute sérénité. Pour les piscines hors-sol, sans dispositif de sécurité obligatoire, il faut, par exemple, simplement retirer l’échelle pour limiter l’accès de l’enfant", ajoute la chargée de projet et d’expertise.

Pour conclure, Agnès Verrier déclare : "La baignade doit être un moment joyeux, de réunion familiale avec une surveillance active. On ne répond pas au téléphone, on ne s’absente en aucun cas." Comme le rappelle la campagne de prévention, lancée par le ministère de la Santé, le ministère des Sports et l’Institut national de la consommation (INC) : "Vous tenez à eux, ne les quittez pas des yeux."