De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Inscrite au patrimoine culturel de l’Unesco, la gastronomie française est réputée dans le monde entier. Parmi ses spécialités, on compte bien évidemment le vin. Les Français sont friands de ce breuvage alcoolisé depuis des siècles. Mais pourquoi la consommation de vin est-elle une pratique aussi ancrée en France ? D’après Jean-Pierre Corbeau, sociologue de l’alimentation et de la consommation, le vin fait partie de la manière dont les Français mangent mais aussi vivent en société.
Planet : Pourquoi culturellement le vin est-il si important en France ?
Jean-Pierre Corbeau : L’imbrication de la chrétienté avec la vigne est très forte. Le vin est lié à la vieille histoire de l'évangélisation. Dans la logique du pèlerinage véhiculée par le vin, par les premiers chrétiens et surtout par la liturgie de la messe, il y a l’idée de l’accueil, du partage et de la construction d’un groupe. Offrir du vin à l’autre, c’est lui signifier qu’on n’a pas de mauvaises attentions à son égard.
Au-delà de l’aspect religieux que l’on va perdre au fil du temps, le vin devient quelque chose de valorisant parce que c’est le fruit d’un travail. En France, les vignobles ont été une activité très importante. Partout dans le pays, le paysage est façonné par les viticulteurs.
Planet : De quelle manière boit-on du vin aujourd’hui ?
Jean-Pierre Corbeau : Les Français boivent encore beaucoup de vin aujourd’hui. C’est une population qui, culturellement, valorise le vin, même si on a de plus en plus affaire à ce qu’on appelle des buveurs occasionnels. Ce qu’on remarque, c’est qu’on peut boire du vin à table, selon la manière traditionnelle en France depuis des centaines d’années, comme boisson accompagnant les mets que l’on partage.
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Mais ce qui monte de plus en plus, dans les nouvelles pratiques de consommation en France, c’est plutôt en apéritif ou à d’autres moments de la journée que le repas. On choisit un vin puis après on cherche ce qui qui pourrait aller avec. C’est une tendance qui se développe. On boit de plus en plus occasionnellement, et on est dans une sorte de valorisation du vin. Comme on en boit moins, on veut qu’il soit meilleur et qu’il raconte une histoire.
Planet : Boire du vin peut-il être considérer comme un rituel social ou culturel ?
Jean-Pierre Corbeau : Le vin est un rituel lorsqu’il sert d’accompagnement, dans un repas ou lorsqu’on consomme de petits mets. Il s’inscrit dans une logique globale de la gastronomie qui associe un aliment et un vin. Toutes les convivialités autour de la table en France incluent le vin.
Il était aussi la boisson du réconfort pour des catégories populaires. Pour des catégories plus privilégiées, à partir du XIXe, il y a une culture de vin comme un signe de distinction sociale. Le fait de boire modérément et d’être capable de reconnaître un vin devient une façon de signifier sa réussite sociale. Après il y a aussi des usages du vin qui s’inscrivent dans la recherche de l’ivresse. Il n’y a plus le plaisir de boire, mais une destruction de soi dans une forme d’anxiété.
Planet : Peut-on parler d’une sociabilité propre au vin et à sa consommation ?
Jean-Pierre Corbeau : La sociabilité autour du vin se construit par la dégustation, le plaisir qu’il apporte et la verbalisation de ce plaisir qu’on peut partager avec d’autres. Aujourd’hui, les bars à vin modernes sont par exemple des lieux de sociabilité forte, surtout pour les jeunes consommateurs urbains. Ils construisent des rapports sociaux autour du vin car ils constituent des espaces de discussions autour de la boisson. On parle du vigneron, de son travail, on compare avec d’autres vins. Le vin devient l’objet d’une esthétisation et d’une valorisation en société.
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