Ce lundi 25 novembre est celui de la journée internationale de lutte contre la violence faite aux femmes. Zoom sur The Sorority, cette application réservée aux femmes et aux minorités de genre qui propose de leur...
Planet : L’année 2018 a commencé sur les chapeaux de roues, vous avez fêté vos 30 ans de présentation du JT et avez interviewé peu après le président de la République : que retenez-vous de ces deux moments ? Qu’est-ce qui vous a particulièrement marqué ?
Jean-Pierre Pernaut : Ce sont deux rendez-vous parmi plein d’autres, mais je dois admettre qu’il y avait beaucoup d’émotion et de fierté pour les 30 ans, et une certaine satisfaction concernant l’interview du président de la République. C’était un challenge. J’avais déjà interviewé plusieurs présidents de la République dans d’autres émissions dont trois en prime time, mais là, le défi c’était de faire accepter auprès d’Emmanuel Macron le principe d’un journal télévisé avec des reportages auxquels il réagissait. C’est-à-dire qu’il était face à des gens mécontents, des personnes âgées en difficulté, mais aussi confronté au problème des cheminots, de l’emploi, du pouvoir d’achat, de tous les problèmes sérieux qui préoccupent les gens. Et ce principe a été accepté.
Planet : On présente souvent votre JT comme un tour des régions, et vous-même, vous mettez régulièrement en avant vos origines picardes. On ne peut s’empêcher que les deux sont liés…
Jean-Pierre Pernaut : Oui peut-être, mais tous les parisiens viennent de quelque part (sourire). Oui je viens de Picardie, mais c’est parce qu’on avait envie de faire un vrai journal national qu’on a mis en place cette formule au JT, il y a 30 ans. Avec la révolution des correspondants en région qui n’existaient pas à l’époque, dans aucune chaîne. On a créé ce métier, avec aujourd’hui 19 bureaux et 150 journalistes dans les régions, auxquels s’ajoutent les 150 journalistes de Paris. C'est donc une rédaction solide, qui grâce au réseau de correspondants, permet d’être au plus près de l’actualité française.
"Le marché, c’est la convivialité"
Planet : Puisqu’on parle région, vous avez démarré le 15 janvier dernier le concours du Plus beau marché de France. Les résultats sont imminents, un pronostic, une préférence ?
Jean-Pierre Pernaut : Je n’ai ni pronostics, ni préférence mais cette opération me satisfait pleinement. C’est une aventure qui a duré quatre mois. Nous l'avons lancée le 15 janvier pour élire le plus beau marché de chaque régions, et depuis le 15 février, nous avons entamé la diffusion de reportages sur les 25 marchés lauréats régionaux. On s’est aperçu qu’il y avait un réel engouement, une mobilisation exceptionnelle, et c’est normal. Le marché, c’est la convivialité, c’est les bons produits. On parle beaucoup des circuits courts qui sont à la mode, et bien si les marchés ont tant de succès en France c’est parce que les gens aiment les produits de qualité. Il y a eu sur le concours un vrai engouement, on arrive à 3,7 millions de votes alors qu’on clôture les votes aujourd’hui au journal de 13 heures (NDLR : l'interview a été réalisée le vendredi 4 mai).
Planet : Vous évoquiez le rapport affectif entre les Français et leur marché, vous-même vous avez des souvenirs de marché ?
Jean-Pierre Pernaut : Quand je voyage, la première chose que je fais, c'est d'aller dans les marchés. Que ce soit à New Dehli, dans le nord de la Grande-Bretagne, en Allemagne ou sur l’île de la Réunion. Ça permet de voir quels sont les produits vraiment locaux, de sentir l’ambiance, mais aussi quel type de conversation vous pouvez avoir avec les gens. Les gens vont au marché pour trouver des bons produits mais aussi pour parler.
"Je travaille pour les téléspectateurs"
Planet : Vous êtes devenu ce que certains appellent un monument cathodique français, cela fait aussi de vous un présentateur plus exposé et donc régulièrement critiqué, comment jonglez-vous avec cela ?
Jean-Pierre Pernaut : Vous savez, si on est capable de continuer pendant 30 ans, c’est parce qu’on est passionné par son métier. Parce qu’on a des équipes formidables autour de soi, et parce que tous les jours c’est une remise en cause. Construire un journal, intéresser les gens à l’actualité, c’est formidable. Et puis notre spécificité c’est de faire des sujets sur les problèmes des gens, là où ils sont les plus prégnant. Si c’est plus intéressant de traiter un problème particulier en Rhône-Alpes qu’à Paris, nous préférons le faire en Rhône-Alpes. Cette proximité et cette présence sur le terrain font la force du 13 heures. D’ailleurs d’autres chaînes font la même chose désormais. Ce métier, c’est aussi la passion de faire des choix, chaque matin il faut sélectionner les sujets. Moi, j’essaie de faire un journal équilibré et de qualité avec en priorité plutôt des reportages que de l’institutionnel et après une partie plutôt sociétale avec des sujets de consommation, sur l’éducation ou la santé. Enfin, la dernière partie du journal est plutôt magazine, sur les régions et leurs patrimoines. Cela produit de très beaux reportages depuis 30 ans.
Planet : Ce JT c’est un travail d’équipe, mais c’est tout de même vous qui l’incarnez et qui êtes donc exposé aux critiques, comment vous gérez ça ?
Jean-Pierre Pernaut : C’est un journal que j’incarne et que je dirige mais je ne travaille pas pour les critiques, je travaille pour les téléspectateurs. Or, ils sont tous les jours un peu plus de 5 millions à nous regarder, c’est le deuxième JT d’Europe. C’est une grande satisfaction et une grande fierté. Quant aux critiques, il est normal que des gens s’expriment mais cela ne m’intéresse pas outre mesure.
Planet : Buzzfeed a récemment épluché votre présence sur les réseaux sociaux et "découvert" un deuxième compte Facebook sur lequel vous auriez liké des publications aux accents "complotistes". Vous n’aviez pas pu réagir à l’article de Buzzfeed, souhaitez-vous le faire aujourd’hui ?
Jean-Pierre Pernaut : Il n’y a rien de particulier à dire là-dessus. Vous savez, aujourd’hui, la recherche du buzz est monnaie courante, et j’y suis un peu habitué…
Planet : L’article n’était pas honnête selon vous ?
Jean-Pierre Pernaut : Effectivement, cela ne l’était pas.