Face à la montée des cyberattaques, le FBI et la CISA recommandent d’arrêter d’envoyer des SMS entre utilisateurs d'iPhone et d'Android. Un conseil qui ne vise pas seulement les Américains mais tous les...
Depuis plusieurs jours, la grève des raffineurs chez TotalEnergies et ExxonMobil fait les gros titres. Pour cause : le mouvement a provoqué une véritable pénurie de carburant dans le pays. Et si la situation semble en voie d’amélioration, une autre grève, dans un secteur tout aussi “vital”, crée un nouveau tumulte dans l’Hexagone.
Mercredi 12 octobre, la Fédération nationale des mines et de l'énergie (FNME) de la CGT a annoncé une grève de ses agents, dans cinq centrales aux quatres coins de l’Hexagone, dont celle de Gravelines (Nord), la plus importante de France. Et comme chez les raffineurs, les revendications s’axent principalement autour du pouvoir d’achat.
Mouvement de grève dans les centrales nucléaires : une production en baisse
“Nous souhaitons une revalorisation de nos salaires vis-à-vis de l’inflation, à 5%. Cette année, nous n’avons reçu qu’1,3% d’augmentation, et cela ne suffit pas à compenser la hausse du coût de la vie”, nous explique Thomas Plancot, représentant FNME-CGT pour la division de production nucléaire.
Toutefois, les deux grèves ne sont pas liées. “On est dans l’action depuis l’été, et là, ça a repris de plus belle, mais évidemment comme le mouvement a moins de conséquences directes sur le quotidien des Français, il est donc moins 'visible'”.
Pour autant, l’ampleur de cette grève dans le secteur du nucléaire n’est pas des moindres.
Les travaux de maintenance ont ainsi été suspendus sur onze réacteurs, en plein “grand carénage” chez EDF. Selon les données rapportées par l’Usine Nouvelle, 4% de la production totale d’énergie nucléaire se retrouvait affectée par le mouvement social le 6 octobre dernier.
Et ça n’est pas fini. Car cette grève chez les agents du fournisseur d’énergie pourrait bien durer…
On demande à la direction de ne pas faire traîner, et on va voir ce que cela va donner, les discussions devraient aller assez vite, mais cela devrait au moins s’étaler sur une période de 15 jours. - Thomas Plancot, représentant FNME-CGT
Le mouvement retarde, de fait, la maintenance de plusieurs réacteurs dans les centrales EDF… Pourront-ils être relancés avant l’hiver ? Ou risque t-on une sérieuse pénurie d’électricité ?
Grève dans les centrales nucléaires : un risque de pénurie d’électricité ?
Thomas Plancot rassure : “le but, ça n’est pas de priver les Français d'électricité et de provoquer des coupures. Il précise : "contrairement à nos camarades de chez Total, nous sommes un service public, EDF, et on est réquisitionnables à échéance si le réseau le nécessite".
RTE, le gestionnaire du Réseau de transport d’électricité, surveille la situation de près. “Ils déterminent à l’avance les besoins de production, et si on arrive à l’obligation de remettre une tranche sur le réseau, on y sera contraint”, ajoute le représentant CGT.
Le mouvement de grève vise surtout à peser sur les comptes de l’entreprise. “Chaque journée de mobilisation, c’est 1 million de perdu pour EDF en temps normal, et en ce moment, c’est bien plus”, soutient Thomas Plancot auprès de Planet.
De la même façon, toutes les centrales de l'Hexagone ne peuvent pas participer pleinement au mouvement.
Il y a pour l’heure cinq sites qui sont dans l’action, les autres ont une stratégie différente, car les possibilités d’action sur l'outil de travail ne sont pas les mêmes partout. Toutes les tranches ne sont pas dans un état ou l’on peut se permettre de baisser la charge, ou d’arrêter, pour des raisons de sûreté. - Thomas Plancot, représentant FNME-CGT
Le citoyen, théoriquement, n’a donc aucun souci à se faire. Mais pour les entreprises, c’est autre chose…
Grève dans les centrales nucléaires : des coupures “ciblées” cet hiver ?
Sur Europe 1, Franck Redondo le représentant Force ouvrière du CSE à la centrale de Gravelines, a déclaré jeudi matin : “les citoyens ne seront jamais délestés, jamais, ni les hôpitaux. Il ne faut pas faire peur aux gens. Peut-être que des grandes entreprises du CAC 40 qui seront délestées, certes, mais le citoyen, lui, ne risque rien".
Thomas Plancot n’écarte pas non plus cette possibilité.
“Il pourrait y avoir des actions, en lien avec les camarades de la distribution et du réseau, avec des coupures ciblées. Elles pourraient concerner les grandes entreprises du CAC 40 ou les établissements publics de type préfectures… Mais ces coupures ne seront pas généralisées, et ses actions éventuelles ne sont pas prévues pour le moment”, expose t-il.
Reste que l’hiver s’annonce tendu dans le pays. Jeudi 13 octobre, lors du conseil social et économique de l’EDF, le secrétaire du comité Philippe Page le Mérour, a affirmé qu'il ne voyait pas “comment il serait possible de fournir les Français sans coupures cet hiver”.
Pour Thomas Plancot, cette conjoncture n’a toutefois pas grand-chose à voir avec la grève en cours. Elle serait plutôt le résultat malheureux d ’une désorganisation globale au sein d'EDF ,entraînée par la privatisation de l’entreprise en 2005.
Nous, à la CGT, on veut revenir aux fondements de l’entreprise, c’est un service public, qui ne devrait pas non plus être étatisé, et qui doit être totalement déconnecté du marché et de la logique capitaliste, car il concerne un besoin de première nécessité à l’échelle nationale. Il faut sortir l’électricité et le gaz des logiques de marché, et même dans le contexte actuel c’est possible. On voudrait que les politiques s’en emparent, et on souhaite aussi sensibiliser le public. - Thomas Plancot, représentant FNME-CGT