De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Les ravisseurs de la petite Mia avaient planifié son enlèvement depuis des mois. Pour rappel, la fillette de 8 ans a été retrouvée ce dimanche 18 avril dans un squat en Suisse, en compagnie de sa mère. Les autorités helvètes ont d'ailleurs annoncé qu'elle serait extradée dans les prochains jours en France afin de s'expliquer sur ce rapt parental d'envergure. La mère de Mia a pour rappel fait kidnapper sa fille le mardi 13 avril, vers 11h30, dans la petite commune des Poulières, dans les Vosges, lieu de résidence de la grand-mère de la fillette.
Un enlèvement baptisé "opération Lima"
Comme le rapporte Le Parisien, les enquêteurs ont déjà réussi à retracer le déroulé de l'enlèvement baptisé "opération Lima" par les six hommes l'ayant organisé. Cinq ont été mis en examen et un sixième est en fuite. Adrien B est le premier homme à entrer en contact avec Lola, la mère de Mia. Elle lui aurait expliqué par vidéo ne plus pouvoir exercer son droit de visite sur sa fille. Surnommé Booga, cet animateur du Doubs est un proche de Rémy Daillet Wiedemann (RDW), une figure de la sphère complotiste française réfugiée en Malaisie, qui assure "stopper les placements abusifs d’enfants". C'est cet animateur qui décide de lancer un appel aux membres de son réseau.
Clément R., un homme de 23 ans de Seine, confirme cet appel à lancer une mission enlèvement. "J’appartiens à une organisation pour un mouvement lancé à l’initiative de RDW. Nous avons reçu une mission il y a un mois et demi provenant de membres de mon association. C’est Lola qui les a contactés. […] On lui a fait passer des tests avant de passer à l’action car on voulait voir si elle était dans la capacité de garder son enfant", explique-t-il aux enquêteurs. Ce commando se crée peu à peu et sera donc constitué de cinq hommes, aidés d'un sixième en fuite. L'opération aurait été fomentée par Rémy Daillet, expatrié en Malaisie.
Il y a donc Adrien B. alias Booga, l'animateur de 42 ans du Doubs ; Clément R. alias le Corbeau, un homme de 23 ans de Seine-et-Marne ; Sylvain P. alias Pitchoun, un pianiste de 58 ans ; Jean-Luc W. alias Jeannot, ex-cadre de 60 ans de Seine Saint-Denis en arrêt maladie depuis 20 ans et Bruno B. un homme de 60 ans du Doubs. Cet homme aux moyens financiers confortables aurait, selon Le Parisien, été incorporéà la mission d'enlèvement par un homme surnommé Basile, actuellement recherché par les gendarmes.Les deux hommes se seraient rencontrés via un autre groupuscule complotiste baptisé le "conseil national de la transition", qui souhaite "contester la légitimité du système actuel". Selon La Dépêche, l'ensemble de ces ravisseurs, conspirationnistes, se seraient rencontrés en début d'année dans une manifestation organisée contre le port du masque et contre "la dictature sanitaire" devant le ministère de la Santé à Paris. Ces rassemblements étaient organisés chaque samedi à l'appel des Patriotes, le parti d'extrême droite de Florian Philippot, l'ex-bras droit de Marine le Pen.
Des repérages 3 semaines avant le kidnapping
Les membres du commando se réunissent à plusieurs reprises par visioconférence pour élaborer le plan de l'enlèvement, selon Le Parisien. "L’idée qui nous guide est de rendre l’enfant à sa mère. […] Pour nous, il n’y a pas de solutions légales. […] La meilleure solution pour nous était de placer la maman et l’enfant à l’étranger", assure Booga, cité par Le Parisien. C'est Sylvain P., intermittent du spectacle de 58 ans installé à Paris, qui est chargé de la coordination de l’opération.
Trois semaines avant le kidnapping, Bruno B. et Basile, toujours recherché par les gendarmes, se rendent dans les Vosges pour repérer la maison de la grand-mère de Mia, chez qui la fillette est placée. C'est le 13 avril que "l'opération Lima" est déclenchée. Le Parisien précise que ce serait grâce à une cagnotte mise en place par Rémy Daillet-Wiedemann que 3 000 euros sont réunis pour payer les membres de ce "commando". Pendant que Jeannot et le Corbeau attendent avec la mère de Mia sur un parking, Bruno emmène Pitchoun et Basile chez la grand-mère de la fillette aux Poulières. Les deux hommes se font alors passer pour des agents des services sociaux et récupèrent la fillette très facilement.
Les kidnappeurs ont en effet pris le soin de se munir "de papiers à l'en tête du ministère de la Justice" et "donnent à la grand-mère des noms d'éducateurs qui existent réellement". La fillette sera ensuite donnée à sa mère avant qu’elles ne soient remises à un complice à la frontière suisse. Un plan qui aurait été savamment orchestré par Rémy Daillet-Wiedemann, soupçonné d’être l’instigateur de l’enlèvement de la petite Mia et visé par un mandat d’arrêt international.
Pourquoi ont-il accepté d'enlever Mia ?
Le Corbeau assure avoir agi pour aider une mère souhaitant revoir son enfant, avec de bonnes intentions. "Ce que j'ai fait, je l'ai fait de bon cœur. Je pensais juste faire quelque chose de formidable. J'ai peut-être été manipulé par l'état-major du mouvement", explique-t-il au Parisien. Pitchoun, lui, assure également avoir agi "avec la meilleure intention du monde". Booga a quant à lui précisé à la juge d'instruction qu'il "n'avait pas connaissance de ces éléments". Il avoue aujourd'hui avoir eu tort de participer à cette opération pour enlever Mia. "Je me rends compte que je me suis trompé".
Tous les kidnappeurs ont été mis en examen pour "enlèvement en bande organisée d'une mineure de (moins de) quinze ans et association de malfaiteurs". Quatre des cinq hommes ont été écroués, seul Jeannot est resté libre. Basile est quant à lui toujours activement recherché.