De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Leur rencontre a été un tournant dans le parcours criminel de Michel Fourniret. L'ogre des Ardennes est mort le lundi 10 mai à l'âge de 79 ans, sans avoir livré tous ses secrets. S'il a été condamné pour le meurtre ou l'assassinat de sept jeunes filles, d'autres affaires non résolues lui sont toujours imputés. Le dernier dossier à porter sa trace est celui de la disparition d'Estelle Mouzin, notamment après ses aveux.
Monique Olivier, l’ex-femme de Michel Fourniret, fut la première à évoquer l’implication de son ancien époux dans la disparition d’Estelle Mouzin en 2003 à Guermantes (Seine-et-Marne). Nous sommes au début de l’année 2020 et la septuagénaire se retrouve une nouvelle fois dans le bureau de la juge Sabine Khéris, qui a repris le dossier depuis déjà plusieurs mois. Alors que le tueur en série niait jusqu’à présent son implication, Monique Olivier remet en cause son alibi pour la première fois : il n’a pas appelé son fils le soir de la disparition de la petite fille, c’est elle qui s’en est chargée.
Monique Olivier : bientôt la fin du mystère ?
Ses premiers aveux conduiront à ceux de Michel Fourniret quelques mois plus tard, qui ne donnera pas plus d’indication. Ce tournant a été suivi de nombreuses fouilles dans les Ardennes – fief du tueur – notamment prêt du château du Sautou et de Villes-sur-Lumes. Malgré d’intenses recherches, le corps d’Estelle Mouzin n’a pas été retrouvé par les enquêteurs. De nouvelles fouilles ont eu lieu au début du mois d'avril, près de la commune d’Issancourt-et-Rumel, toujours dans les Ardennes. Comme l’explique L’Ardennais, c’est Monique Olivier qui a identifié un secteur de la forêt de Gernelle, de plusieurs centaines de mètres carré, où le corps de la petite fille aurait pu être enterré par son ex-mari. Ce jour-là, Monique Olivier "était bien présente, à bord de la voiture, au moment où Michel Fourniret est venu dans le secteur pour se débarrasser du corps d’Estelle Mouzin", a expliqué son avocat.
Monique Olivier a donc reconnu pour la première fois un rôle actif dans la disparition et la mort d’Estelle Mouzin. Auprès de franceinfo, Me Didier Seban – l’avocat d’Eric Mouzin – explique qu’"elle n’était pas en Seine-et-Marne, mais était présente au moment où Estelle était dans les Ardennes, vivante". Si les problèmes de santé de Michel Fourniret les mois qui ont précédé sa mort ont obligé la justice à se concentrer sur Monique Olivier, elle n’est pas seulement "l’ex-femme de". Durant les années qu’elle a partagées avec l’ogre des Ardennes, la septuagénaire a aussi été sa complice dans plusieurs meurtres. Comment leur couple fonctionnait-il ? Comment a-t-elle rencontré Michel Fourniret ? Alors que rien ne la présageait à une telle horreur, comment a-t-elle basculé ?
Monique Olivier : son premier mariage
Monique Olivier a eu une vie avant de rencontrer Michel Fourniret. Mariée avec un certain André Michaux pendant dix ans, elle a donné naissance à deux garçons. Interrogé par Le Figaro, l’expert-psychiatre Daniel Zagury raconte : "Lors de notre entretien, Monique Olivier traite son premier mari de tous les noms, elle le décrit comme le pire des hommes, ce qui frappe lorsqu’on sait que c’est lui qui s’est occupé de leurs enfants, dont de celui qu’elle a eu avec Michel Fourniret". Selon lui, elle serait animée par une haine très forte envers les hommes et aurait voulu "renverser la tendance, faire des victimes pour ne plus l’être".
Une haine qui remonte beaucoup plus tôt ? Née en 1948, Monique Olivier a décrit auprès de Daniel Zagury la vie d’une enfant "dédaignée par son père et ignorée par sa mère, dépressive et trop préoccupée par l’état de santé de sa propre mère pour s’intéresser à ses enfants", écrit Le Figaro. Celle qu’il décrit comme "manipulatrice" et "dotée d’une grande intelligence" n’était pourtant pas destinée à devenir une meurtrière, selon lui. C’est sa rencontre avec Michel Fourniret qui va la faire basculer de l’autre côté…
Monique Olivier : sa rencontre avec Michel Fourniret
Monique Olivier fait la connaissance de Michel Fourniret au milieu des années 1980. Ce dernier est alors incarcéré à la prison de Fleury-Mérogis (Essonne) pour plusieurs agressions sexuelle et a passé une annonce dans Le Pèlerin afin d'entamer une correspondance épistolaire avec une femme. Monique Olivier prend la plume et c'est ainsi que débute leur relation. Comme l’explique Le Figaro, elle est sa "Nanoushka" - en référence à Dostoïevski – et il est son "Sheer Kahn", le tigre du Livre de la Jungle. En hindi, cela signifie "seigneur lion".
Lors d’une perquisition, les forces de l’ordre ont découvert plusieurs de ces courriers, soigneusement conservés par le couple diabolique, racontait Le Figaro en 2020. Lui souhaite "percer le mystère de la virginité" en enlevant des jeunes filles et elle lui demande de tuer son ancien mari, ce qui n’aboutira pas. Dans un extrait cité par le quotidien, une de leurs lettres dit :"Nous nous marierons devant les hommes et, unis par des liens distants des conventions, nous ne serons jamais les merveilleux amants que nous aurions pu être si la confiance avait pu abolir toute barrière au risque de se reconnaître comme deux monstres, mais si infiniment tendrement épris l’un de l’autre". Ils leur faudra peu de temps pour mettre leur plan diabolique à exécution.