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Des résidents qui ne sont pas changés, d’autres qui ne sont pas assez nourris… Ces révélations ont fait l’effet d’une bombe. Dans son livre Les Fossoyeurs, le journaliste Victor Castanet dénonce les conditions de vie dans certains Ehpad, plus particulièrement ceux du groupe Orpea, leader mondial du secteur. Si l’entreprise a dénoncé des "accusations mensongères", son conseil d’administration a tout de même annoncé le limogeage de son directeur général Yves Le Masne et son remplacement par un nouveau PDG, Philippe Charrier.
Maltraitance en Ehpad : "Tout est connu depuis des années"
Dans la classe politique, on s’émeut aussi de ce problème, pourtant bien connu des familles de résidents ou des professionnels depuis de très nombreuses années. Si le gouvernement promet de "taper fort", en lançant notamment deux enquêtes au sein du groupe, l’alerte n’est pas nouvelle. Interrogé par Planet, le vice-président de la FNAPAEF (Fédération nationale des associations et amis de personnes âgées et de leur famille), Lucien Legay, est catégorique : "Nous dénonçons ça depuis des années et pourtant rien n’a changé depuis 2017. Tout est connu depuis des années, encore plus depuis 2019 et la remise du rapport Libault sur la concertation Grand Âge, et pourtant il ne se passe rien".
La situation a-t-elle empiré avec la crise sanitaire ? "Depuis deux ans, les proches des résidents ont des difficultés à rendre visite à leurs parents, certains Ehpad sont encore confinés", rappelle Lucien Legay, précisant que "les familles sont pour nous les témoins de ce qu’il se passe dans les établissements et elles ne peuvent plus témoigner". En ce qui concerne la maltraitance ordinaire, dénoncée dans le livre qui vient de paraître, "cela serait très étonnant qu’elle ne se soit pas accrue pendant cette période", ajoute-t-il. Dans le huis clos de certains établissements, il peut être compliqué pour des proches – surtout lorsqu’ils sont loin – de savoir réellement ce qu’il se passe. Pourtant, certains signes ne trompent pas. Voici comment les distinguer et surtout ce qu’il faut faire si vous avez des doutes.
Maltraitance en Ehpad : les signes qui ne trompent pas
Comment reconnaître les signes de maltraitance chez un proche en Ehpad ? Les familles qui rendent régulièrement visite aux résidents peuvent remarquer plus facilement de petits changements mais, pour le vice-président de la FNAPAEF, certains détails trompent rarement. "Ce sont souvent des petits riens", explique Lucien Legay à Planet, évoquant "la propreté de la chambre et l’hygiène corporelle des résidents. La pièce vous semble-t-elle en bon état ? Votre proche vous parle-t-il de sa toilette ?". "Ce sont des signes très menus, mais très sensibles", insiste-t-il, posant toute une série de questions pouvant aiguiller les familles : "La pédicure et la manucure viennent-elles de temps en temps pour s’occuper des résidents ? Est-ce que la nourriture est bonne ? Y a-t-il une collation à 16 heures ?". Enfin, la question essentielle : "Est-ce que ça sent bon quand on rentre dans l’établissement ?" car l’odeur est très révélatrice de ce qu’il se passe derrière les murs".
La maltraitance ordinaire se retrouve dans toutes ces petites choses qui devraient être faites et qui ne le sont pas. Il faut également écouter les plaintes des résidents, par exemple sur le chauffage qui n’est pas assez fort ou sur les stores qui ne sont pas baissés en plein été. "Il y a bien entendu des résidents plus fragiles psychologiquement, qui peuvent raconter des histoires. Dans ce cas-là, on peut consulter les voisins de chambre et leur famille", ajoute le vice-président de la FNAPAEF, car, "même si on a des doutes, la parole du résident mérite au moins d’être vérifiée".
C’est donc en observant bien les petits détails – qui en réalité n’en sont pas pour les résidents – que vous remarquerez des actes de maltraitance ordinaire, s’il y en a. Que doit-on faire lorsqu’on a des doutes ? Voici vers qui vous tourner…
Maltraitance en Ehpad : vers qui se tourner ?
Les actes de maltraitance, en général, ne sont pas isolés et ne concernent pas qu’un seul résident. Lucien Legay précise qu’il peut s’agir "d’une équipe qui ne s’occupe pas bien du groupe, d’un problème qui concerne tout un étage", par exemple. Il est donc important d’aller voir les voisins du résident pour leur poser des questions sur ces traitements qui vous posent problème : "Cela vous permet de lever les doutes ou d’obtenir des confirmations, c’est donc la première chose à faire".
La deuxième chose est de se tourner vers un professionnel de l’établissement. "Vous pouvez au moins vous renseigner auprès du cadre infirmier, qui est en charge des soins", explique le vice-président de la FNAPAEF. Si cela n’aboutit pas, un rendez-vous avec la direction peut être pris, durant lequel "des problèmes de gestion de personnel sont souvent mis en avant". Lucien Legay rappelle que "les effectifs sont très insuffisants depuis longtemps dans ces établissements et ça ne s’est pas amélioré depuis la pandémie. Personnel malade, dans la souffrance… Certains ne reviennent pas et l’embauche est très difficile, car les conditions de travail sont compliquées et le salaire n’est pas mirobolant". Parfois, le personnel est maltraitant parce qu’il n’a pas les compétences ou qu’il est trop peu nombreux pour tout faire.
Si le rendez-vous avec la direction ne se passe pas bien ou n’aboutit pas, "on peut aller à l’Agence régional de santé", explique le vice-président de la FNAPAEF, où on peut déposer une plainte. Pour lui, le moyen le plus efficace de faire remonter le problème est de passer par les délégués départementaux du Défenseur des droits : "Ces personnes peuvent faire remonter certains dossiers particulièrement douloureux au niveau national, par exemple". Une chose est sûre, quand les doutes sont confirmés, il est nécessaire de dénoncer le problème, car votre parent n'est sûrement pas la seule victime de ces maltraitances ordinaires.