Face à la montée des cyberattaques, le FBI et la CISA recommandent d’arrêter d’envoyer des SMS entre utilisateurs d'iPhone et d'Android. Un conseil qui ne vise pas seulement les Américains mais tous les...
Le texte se veut solennel et témoigne de la gravité de la situation que connaissent les services hospitaliers. Ils sont 41 urgentistes à avoir signé cette tribune parue ce week-end dans le Journal du Dimanche.
L'objectif est clairement annoncé par ceux qui l’ont rédigé. "Dans un but d'information et d'alerte légitime de nos concitoyens, de nos futurs patients et de leurs familles, nous souhaitons expliquer de manière transparente la situation à laquelle nous allons devoir faire face et comment nous allons l'affronter", peut-on lire dans un des premiers paragraphes.
Les mots choisis évoquent la gravité de la conjoncture de ces dernières semaines. Ce que retiendront sans doute les lecteurs, c’est sans doute cet avertissement sans concession : "Dans cette situation de médecine de catastrophe où il y aura une discordance flagrante entre les besoins et les ressources disponibles, nous serons contraints de faire un tri des patients afin de sauver le plus de vies possibles.", peut-on lire au fil des lignes.
Tri des patients : un choix nécessaire pour sauver le plus de vies possibles
Les médecins réanimateurs avouent même que cette sélection entre les malades a en fait déjà commencé. "Les déprogrammations médicales et chirurgicales importantes nous ont déjà été imposées et nous savons pertinemment que celles-ci sont associées à des pertes de chance et non-accès au soin pour certains patients".
Le 23 mars dernier, le quotidien Les Echos annonçait "que l’Ile-de-France allait devoir déprogrammer 80% des soins pour ouvrir des lits de réanimation". Un constat confirmé par le ministre de la Santé, Olivier Véran, lors de sa conférence de presse du jeudi 25 mars. "La déprogrammation des soins ne saurait être total", avait-il alors concédé.
Comment s’opère concrètement ce choix des patients ?
Tri des patients : un usage courant dans les services de réanimation
Le fait de choisir entre un malade et un autre n’est pas forcément une pratique exceptionnelle dans ces cas de soins extrêmement lourds. Interrogé par France Info, Anne Geffroy-Wernet, médecin anesthésiste-réanimateur, le confirme sans détour : "En réanimation, notre métier consiste, depuis toujours, à choisir quel malade va en bénéficier ou pas".
Des mots qui peuvent paraître durs, mais qui s’adaptent au contexte d’un service de réanimation, une unité de soin qui signifie souvent "la dernière chance" pour les malades.
"Un jeune de 20 ans qui a des chances de survie minimes après un grave accident de moto a beaucoup à gagner en réanimation s'il s'en sort. À l'inverse, un patient de 110 ans avec un cancer métastasé et une démence ne tirera aucun bénéfice d'un passage en réanimation", poursuit cette professionnelle de la santé. Il ne faut pas oublier que la réanimation, même si elle peut sauver une vie, reste un dispositif extrêmement dur pour le patient.
Cette nécessité de fixer le sort d'un être humain pour en sauver un autre reste néanmoins une souffrance pour le personnel soignant.
Tri des patients : une pratique tout de même redoutée et parfois tabou
Si devoir faire un choix entre les malades n’est pas forcément exceptionnel pour le personnel soignant, l’épidémie actuelle aggrave clairement la situation.
Difficile de savoir, si la crise sanitaire a réellement poussé certains médecins à sélectionner les malades du fait de la saturation des lits de réanimation. "Aucun médecin ne vous dira : ‘J’ai choisi entre deux patients’, il y a un tabou sur le sujet, c’est compliqué à vivre et donc d’en parler", confesse Anne Geffroy -Wernet.
Dans une tribune publiée par Le Monde ce dimanche, neuf médecins de l’AP-HP affirment que le fait de choisir entre deux patients du fait "qu’un seul de lit de réanimation est disponible" est "très éloignés des règles élémentaires de l’éthique".
La crise sanitaire que nous connaissons depuis mars 2020 a donc bien poussé des médecins à faire des choix entre les patients, une procédure courante en réanimation. Par rapport à la situation habituelle, "on est contraint de placer le curseur bas", conclut tout de même Anne Geoffroy-Wernet chez nos confrères de France Info.