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Asile psychiatrique, peste et fantôme : l'histoire de l'île la plus hantée du mondeIllustration Istock
En Italie, l'île de Poveglia est au cœur de nombreuses légendes et rumeurs. Voici son histoire.
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Ville du carnaval et des amoureux, Venise est célèbre pour son atmosphère joyeuse et romantique. Pourtant à quelques coups de rame de la cité aux multiples canaux, se trouve une île abandonnée, enveloppée de mystères et de légendes : Poveglia.

Chaque année, cet endroit hors du commun attire de nombreux curieux fascinés par le surnaturel et l’aspect macabre de cette île. Lieu d’exil pour les malades de la peste, ancien asile habité par un chirurgien fou et fantômes rodants entre les arbres, les rumeurs entretenues par les locaux vont bon train.

C’est à partir du Ier siècle que l’homme aurait posé pour la première fois le pied sur cette île, alors charmante. Elle est ainsi habitée jusqu’au XIVe siècle. Selon AD Magazine, les occupants auraient alors fuit ce territoire de sept hectares en raison de la guerre opposant Venise à Gênes. Peu après, sa situation stratégique forme alors son principal intérêt, puisqu’elle se trouve dans la lagune sud de Venise. Un fort octogonal y est alors construit et sera utilisé au cours des siècles qui suivent.

Une terre inondée du sang des pestiférés ?

Mais c’est à partir du XVIe siècle que la légende de cette île débute réellement. Dès lors, Venise se retrouve confrontée à plusieurs vagues d’épidémie de peste. À l’époque, les malades sont alors envoyés dans les îles voisines pour y mourir loin de la population et ainsi contenir l’épidémie.

Selon la légende , plus de 160 000 personnes auraient été envoyées à Poveglia pour y être brûlées ou jetées dans des grandes fosses communes, parfois encore vivantes. Les locaux racontent ainsi que 50% des sols de l’île seraient constitués d’ossements humains.

Cependant, comme l’explique Paris-Match, les historiens réfutent ces mythes. Selon eux, si d’autres îles de la région ont connu un destin similaire, ce n’est pas le cas de Poveglia, qui n’aurait apparemment jamais accueilli de pestiférés.

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Un ancien asile et un médecin fou

Le mythe de l’île maudite se poursuit au XIXe siècle. Un hôpital psychiatrique y aurait alors été construit. Selon les anciens, les patients qui y étaient internés étaient hantés par des visions étranges et les murmures d’esprits tourmentés qui se promèneraient dans les lieux.

Véritable bâtiment de terreur, l’asile aurait ainsi été le théâtre des expérimentations cruelles du médecin principal, qui pratiquait alors de nombreuses lobotomies sur ses patients. Le médecin aurait par la suite succombé à la folie et se serait jeté d’une fenêtre. Depuis, il hante les couloirs de cet ancien bâtiment prêt à terroriser les curieux qui oseraient s’approcher de son territoire.

En réalité, ce mythe semblerait venir tout droit de l’extrapolation des locaux. Les historiens expliquent en effet qu’aucun hôpital psychiatrique n’a jamais été construit sur cette île. Ce bâtiment imposant serait en fait les ruines d’une maison de repos de santé maritime, construite au XIXe siècle. Il est ensuite devenu une résidence pour personne âgée au cours du siècle suivant, avant de fermer ses portes en 1968.

L’île hantée aujourd’hui en vente

Après la fermeture de la maison de convalescence, l’île est abandonnée et fermée aux touristes. Depuis, sa réputation d’île la plus hantée du monde s’est répandue comme une traînée de poudre et a même dépassé les frontières de l’Italie.

Dans les années 2010, l’île est mise en vente aux enchères. Un riche anonyme propose ainsi de l’acheter en 2014 pour la somme de 513 000 euros, dans le but d’y construire un hôtel de luxe. Face à cela, les locaux révoltés s’organisent et mettent en place une levée de fonds pour tenter de contrecarrer le projet dans le but de sauvegarder Poveglia. L’association Poveglia per tutti est alors née.

Finalement, la vente aux enchères est annulée mais l’île a été remise en vente en 2022, et n’aurait pour l’heure, aucun acheteur potentiel. De son côté, l'association tente toujours de récolter des fonds pour lutter contre la privatisation des territoires de la lagune. Elle aurait levé un total de 450 000 euros.