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Les retraités n’apprécient par les récentes mesures du gouvernement et ils sont descendus le dire dans la rue ce jeudi.
L’exécutif a décidé notamment d’augmenter de 1,7 point la CSG. Et si les salariés pourront compter sur une baisse des cotisations, ce n’est pas le cas des retraités. Ceux qui touchent moins de 1200 euros par mois ne seront pas concernés mais dans les faits, la mesure touchera quand même 60% des retraités.
Des situations précaires
Frédérique a 62 ans, retraitée depuis le début de l’année de la fonction publique hospitalière, elle est venue manifester à Paris. "J’étais infirmière. J’ai 1760 euros en brut, en net ça me fait 1565, 24, pour avoir travaillé plus de 40 ans. La hausse de la CSG, j’ai regardé dans les tranches, ça m’enlève près de 450 euros par an. C’est la somme que je voulais mettre dans des cours aux Beaux-Arts de Paris. Ce sont des cours qui ne sont pas chers, mais là le calcul est vite fait. Maintenant que j’ai le temps de lire et de dessiner, il faut que je me freine. C’est horrible et intolérable. J’ai travaillé pourtant pour tout ça", ajoute-t-elle.
Après un autre calcul, Frédérique explique qu’en passant d’active à retraitée, elle a perdu en outre 1000 euros par mois de revenus. Sa situation est aujourd’hui assez précaire, elle est locataire de l’assistance publique et donc "éjectable". "Je suis dans un combat pour retrouver un logement social à Paris, je n’ai pas de permis de conduire, la vie risque d’être très dégradée pour moi si je vais ailleurs. Je le dis avec le sourire mais je suis très désespérée et ça m’empêche beaucoup de dormir", confie-t-elle.
Frédérique est venue manifester avec Marie-Françoise, également retraitée et anciennement infirmière, elle va perdre elle aussi environ 400 euros par mois. Récemment, elle a rencontré de nombreux problème de santé, un poste de dépense qui devient important quand les années passent.
"J’ai des prothèse auditives, j’ai dû y mettre 700 euros de ma poche. Il y a tout ce qu’on donne et tout ce qu’on ne nous rembourse pas, le 1 euros de consultation par exemple. Mais quand on est âgé on a des problèmes de santé. J’en suis au stade où je me demande ce qu’ils veulent, qu’on se tue ? La santé ça devient un poste de santé énorme. La mutuelle devient beaucoup plus cher quand on vieillit et pourtant le prix du bifteck, de la baguette, c’est le même pour nous. C’est un sentiment d’injustice intolérable", détaille-t-elle.
Des retraités victimes de stéréotypes
Danielle Rollat a 73 ans et elle est vice-président de l’UNRPA, l’Union Nationale des Retraités et des Personnes Agées. E lle est particulièrement en colère contre les stéréotypes qui circulent. "On dit que les retraités sont tous propriétaires mais c’est faux, moi j’ai fini de payer mon appartement quand j’étais à la retraite et nombreux sont ceux qui sont en location", déclare-t-elle.
Quant à ceux qui suggèrent que les retraités aussi "doivent faire des efforts", Danielle Rollat leur rétorque que cela fait longtemps qu’ils sont sollicités. Elle rappelle notamment que les veufs et veuves n’ont plus le droit à la demi part fiscale, et que cela a eu de lourdes conséquences pour certains : des impôts élevés, des APL en baisse. "On fait déjà un effort, la retraite ce n’est pas une grâce qu’on nous fait, c’est un salaire différé, on a cotisé toute notre vie pour l’avoir", dit-elle.
L’inquiétude, c’est aussi la suite. Annie Glaudel, 73 ans, est également membre de l’UNRPA, elle craint qu’à terme les retraites ne basculent dans un système de fonds de pension. "La retraite par répartition n’est pas arrivée comme ça, il une vraie inéquiétude pour la suite. Je pense que si on continue comme ça, on va vers une privatisation, y compris de la sécurité sociale", estime-t-elle.
Un sentiment d’exclusion et d’injustice
Gérard Vilain, président de Génération Mouvement, qui regroupe plus de 600.00 adhérents à travers la France, estime que la colère est montée très fortement chez les retraités. "Il y a un sentiment d’injustice fort. On est la seule catégorie sociale qui n’a pas de compensation. Le gouvernement évoque la suppression de la taxe d’habitation mais ça n’a rien à voir. C’est de la mauvaise fois", dit-il. Il rappelle par ailleurs que les retraités n’ont attendu personne pour aider leurs proches, enfants et petits-enfants.
Gérard Vilain fait également part d'un autre sentiment qui monte : les retraités ne sont pas assez consultés. "Les syndicats et les organisations patronales se mettent d’accords entre eux mais nous nous sentons exclus des discussions. Nous ne sommes jamais autour de la table alors que nous sommes les premiers concernés. Il y a un sentiment d’être délaissé et d’injustice", explique-t-il.