Le projet de loi de finances pour 2025 du gouvernement demande un effort de cinq milliards d'euros aux collectivités locales les plus aisées. Et cela ne sera pas sans conséquences sur votre quotidien.
Non, la réforme des retraites n’est pas oubliée. Si le sujet s’est fait relativement discret ces dernières semaines, certains soupçonnent désormais la volonté du président de la République de “passer en force”. D’aucuns, parmi les syndicats qui s’opposent catégoriquement à la transformation portée par l'exécutif, n’hésitent d’ailleurs pas à parler d’une “mesure brutale”. C’est le cas, notamment de la CFDT. En cause ? Le mode d’action envisagé par le chef de l’Etat, d’une part, et d’autre part son objectif affirmé de repousser l’âge légal de départ à la retraite. Il souhaite le relever progressivement de 62 à 65 ans.Une telle proposition pourrait peiner à convaincre les Françaises et les Français…
Si, depuis le début du quinquennat, la transformation de notre modèle de solidarité inter-générations s’est avérée si peu évoquée, c’est aussi parce que les chantiers ne manquent pas. Le président et son équipe ont notamment dû plancher sur la revalorisation des pensions de retraite, survenue, ainsi que l’a expliqué Planet, le vendredi 9 septembre 2022. Celle-ci étant rétroactive, les retraités ont touché une hausse deux fois plus importante que celle à laquelle ils auront droit le mois prochain. Mais que leur réserve désormais le chef de l’Etat ?
Réforme des retraites : que prévoit le gouvernement ?
D’abord, le gouvernement a eu tendance à temporiser. Dorénavant, il accélère. La reprise des négociations, qui devraient réunir les organisations syndicales ainsi que les représentants du patronat est attendue pour le jeudi 15 septembre 2022. Et d’aucuns, comme François Bayrou, d’insister sur les enjeux, évoquant comme le rapporte Libération, le risque pour l’Etat de ne plus pouvoir payer, d’ici quelques années, les pensions des retraités. Le rapport annuel du Conseil d’orientation des retraites (COR), qui doit être présenté en même temps que ne commencera la phase de négociation, évoque pour sa part 3 milliards d’euros d’excédents cette année et des dégradations à venir.
Réforme des retraites : faut-il s’attendre à une entrée en vigueur rapide ?
S’il demeure difficile d’avancer un calendrier précis, force est de constater que le gouvernement veut désormais aller très vite. Cela n’a rien d’étonnant : comme a pu l’expliquer l’économiste Philippe Crevel dans nos colonnes, c’est un élément essentiel à la bonne application générale du programme d’Emmanuel Macron. “Une bonne partie de son programme, notamment en matière de dépenses publiques, dépend de la réforme des retraites”, rappelle-t-il notamment. Faute d’avoir réussi à remporter une majorité absolue, le président pourrait d’ailleurs être tenté de passer, à cet effet, par le PLFSS 2023, ou projet de loi de financement de la Sécurité sociale.
Avec pour objectif annoncé de permettre l’entrée en vigueur du projet dès l’été 2023.
Parce qu’il ne pourra probablement pas passer en force comme il l’espère sans risquer gros, le chef de l’Etat pourrait avoir recours, sous condition à une alliance avec la droite, soulignait récemment le politologue Raul Magni-Berton pour Planet. Comme le patronat - qui aspire pour partie à une réforme rapide et d’inspiration très américaine ; pro-capitalisation - la droite pourrait trouver des points d’accords avec Renaissance, le mouvement du président. Auquel cas, la légitimité de la réforme s’en trouverait renforcée. “S’ils trouvent effectivement une majorité, cela veut dire que la réforme aura été renforcée par la négociation. Elle sera mécaniquement mieux acceptée”, fait valoir l’enseignant-chercheur.
Réforme des retraites : quelle évolution pour vos droits ?
Dans les faits, la réforme des retraites prônée par Emmanuel Macron semble s’inspirer des travaux de certains prix nobels, soulignait l’économiste Alexandre Delaigue, enseignant-chercheur agrégé à l’Université de Lilles 1. “La réforme des retraites porte plusieurs objectifs. Tout d’abord, et c’est là son point central, elle vise à stabiliser le poids des pensions dans le PIB, conformément aux recommandations de certains économistes comme Jean Tirole. L’idée, c’est que la charge n’excède pas 14%”, déclarait le spécialiste en juin dernier.
Dès lors, poursuit-il, deux méthodes permettent d’y arriver. “Soit on table sur une progression de la croissance, soit on table sur un coup au niveau des pensions de demain”. En repoussant l’âge légal de départ, c’est visiblement la deuxième méthode qui a été retenue…