Garde des petits-enfantsIllustrationIstock
Si de nos jours, certains grands-parents sont réticents à garder leurs petits-enfants ne serait-ce qu'un week-end pour profiter au maximum de leur retraite, d'autres ne peuvent s'en passer. Pour Marie, 72 ans, que nous avons rencontrée en région parisienne, c'est même un besoin vital. Voici pourquoi.
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Marie, 72 ans, est retraitée depuis ses 65 ans, après avoir exercé différents métiers, le plus souvent en tant qu'indépendante. Ayant malheureusement perdu son mari, il y a un peu moins de 10 ans, elle vit seule, mais trouve toujours de quoi s'occuper et veut profiter de la vie. Malgré tout, il y a une chose dont elle ne peut se passer : ses petits-enfants, Manon 11 ans, et Romain, 13 ans.

Il y a 10 ans, nous vous donnions les résultats d'un sondage qui démontrait que leur garde n'était pas forcément la panacée pour de nombreux grands-parents.

Marie va à l'encontre de cette tendance, quand d'autres n'ont même pas la chance de pouvoir avoir accès à leurs petits-enfants à cause de conflits entre les parents par exemple.

Entretien avec Marie, amoureuse de ses petits-enfants

Planet.fr :  A quelle fréquence avez-vous la garde de vos petits-enfants ?

Marie :  Quand ils étaient petits, je les avais essentiellement pendant les vacances scolaires. Parfois quand leurs parents partaient une semaine ou dix jours en vacances (une de ces nuits, Romain avait 16 mois et m'avait fait quatre dents, j'ai dû l'emmener chez le pédiatre mais ça ne m'a pas dérangée !). Je suis même venue habiter chez eux pendant l'un de leurs voyages pour être plus à l'aise. Car j'habitais à l'époque à une bonne heure de route.

Planet.fr : Et comment vous êtes-vous organisée à leur entrée à l'école ?

Marie : Quand je me suis retrouvée seule après le décès de mon mari, j'ai décidé d'acheter un appartement dans la même ville que ma fille. A quelques centaines de mètres. Du coup, j'ai commencé à principalement les emmener à l'école ou à les chercher à la sortie, à les garder les mercredis après-midi, et toujours pendant les vacances scolaires. La petite était en dernière année de maternelle, le grand au CP, mais dans le même établissement. Ils allaient en revanche à la cantine le midi.

Planet.fr : Le soir aussi, vous vous en occupiez ?

Marie : Leur mère, divorcée, venait les chercher vers 19h30, ils avaient déjà dîné et étaient lavés et propres pour le lendemain, leurs vêtements prêts à être enfilés au réveil. Mais en grandissant, Romain était difficile, il faisait des crise, envoyait valser son cartable pour ne pas faire ses devoirs. Leur mère a pris la décision de les inscrire à l'étude, je ne les prenais plus le soir.

Quand le collège rebat les cartes

Planet.fr : Maintenant qu'ils sont au collège, c'est plus simple ?

Marie : Oui et non, car je dois, quand personne ne peut les y amener le matin - ils sont à nouveau dans un même établissement - me dévouer pour les déposer. Il y a aussi des contraintes horaires, car la petite, qui est en 5 e (le grand en 4 e) finit parfois à 12h40 et je dois là aussi dépanner. C'est plus facile quand ils terminent à la même heure.

Planet.fr : Et quand vous les gardez aujourd'hui, ils passent leur temps sur leur téléphone ?

Marie :Non justement, déjà, petits, on leur faisait faire des activités sportives (judo, danse) et j'organisais des sorties, comme au zoo par exemple. Je continue maintenant avec ma petite-fille. Le grand est autonome. Quand je les garde, nous mangeons et il sort faire du foot avec ses copains. On lui fait confiance. Manon elle aime bien faire des balades, alors nous allons passer la journée à Paris, visiter la tour Eiffel, ou plus près de chez nous faire des pique-niques. Elle a moins de latitude, sa mère m'avait demandé ainsi de l'accompagner avec ses copines pour Halloween.

Planet.fr : Continuer la garde n'est pas une contrainte pour vous ?

Marie :Pas du tout, le grand étant autonome, je m'occupe de Manon qui n'est pas compliquée. On va faire les courses, du shopping, je lui fais des petits plaisirs pas chers et elle est contente, moi aussi. Pour en revenir aux écrans, j'essaye de les distraire. Par exemple Romain aime bien faire la cuisine. Alors je lui dis "tiens si on faisait un tiramisu". "Oh oui mamie, je vais le faire, je vais le faire". On fait aussi beaucoup de jeux de société.

Planet.fr : Et côté financier, ça ne vous pénalise pas ?

Marie :J'ai une retraite de 1 350 euros, donc petite, mais je ne dépense pas baucoup. Et puis leur mère, par exemple quand elle part en week-end, m'aide. Ils ont chacun un porte-monnaie dans lequel elle met des sous. Quand elle me demande d'aller acheter des vêtements à la dernière minute, j'avance et elle me rembourse. Elle participe beaucoup.

"Mes petit-enfants, c'est ma joie de vivre"

Planet.fr : Que pensez-vous des grands-parents qui sont réticents à prendre leurs petits-enfants pour les vacances ou même à les garder de temps en temps ?

Marie : Alors moi ça ne passe pas. J'ai plein de copines qui me disent "il faut qu'elle - leur mère - se débrouille, elle n'a qu'à prendre une baby-sitter, t'es pas à son service, tu pourrais profiter de la vie." Mais moi je que j'ai perdu mon mari mais que j'ai eu des belles années, que je suis heureuse et que j'ai toujours une belle vie. Moi si tu m'enlèves mes petits-enfants, tu m'arraches les dents (sic). Mes petits-enfants, c'est ma joie de vivre.

Planet.fr : Ca se manifeste comment ?

Marie : Par des choses simples. Il n'y a pas longtemps, Romain faisait de la trottinette, Manon l'a aperçue par la fenêtre et l'a fait monter chez moi. Il m'a demandé si j'avais des chips et une boisson qu'il aime. Je lui ai donnés et j'ai été couverte de bisous. Vous ne pouvez pas savoir le bonheur que ça m'a procuré.

Planet.fr : C'est la vraie mamie comme on l'aime ? Mais vous ne vous privez pas un peu ?

Marie : Une mamie ça sert à quoi sinon ? Et ça ne m'empêche pas de vivre ma vie, d'avoir une relation si j'en ai envie, ça n'empiète pas sur ma vie privée. D'aller dîner, de faire des sorties. Et quand ma fille me sollicite pour un soir par exemple, si je ne peux pas, je ne peux pas. Mais si je n'ai plus de lien social avec mes petits-enfants, ma vie va ressembler à quoi ? Quand ils sont là, c'est comme si c'était les miens. Et puis ils ont grandi, j'ai un peu plus de temps et leur mère essaye de me ménager au maximum. 

Planet.fr : Justement en grandissant ?

Marie : Alors il y a les avantages et les inconvénients quand je les ai à dormir. Le grand ne veut plus dormir dans la chambre avec sa sœur parce qu'elle ronfle, alors il faut que j'ouvre mon canapé-lit. Du coup le matin elle le réveille alors que lui veut dormir jusqu'à midi, c'est un peu le "boxon." Heureusement aussi que j'ai deux télévisions (rires). J'ai lu dans un magazine que meilleures étaient les relations des petits-enfants avec leurs grands-parents, moins il y avait de risques de délinquance. Alors ça me rassure.