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La dégringolade se poursuit. Valérie Pécresse, candidate investie par Les Républicains pour représenter la droite de gouvernement en avril 2022, peine à s’imposer de nouveau dans la campagne pour la conquête de l’Elysée. Celle qui aime à se faire appeler la dame de faire souffre-t-elle de sa (très) mauvaise performance à l’occasion du grand meeting qu’elle a tenu au Zénith de Paris, le dimanche 13 février ? Sa crédibilité recule en tout cas, au moins aux yeux des Français, rapporte Le Figaro sur la base d’un nouveau sondage réalisé par Odoxa pour L’Obs et Mascaret. La présidente de la région Île-de-France a perdu 7 points d’intentions de vote depuis décembre 2021. De ce fait, elle passe derrière Marine Le Pen, qui séduit pour l’heure 18% des électeurs potentiels, et Eric Zemmour (14%). Faut-il croire, qu’à un peu moins de 60 jours de la prochaine élection présidentielle, le scrutin est déjà perdu pour Valérie Pécresse ?
Présidentielle 2022 : Valérie Pécresse a-t-elle déjà perdu ?
"Si la mauvaise performance de Valérie Pécresse n’est pas dramatique en soi, un meeting ne touchant que très peu de gens, l’écho général qui accompagne l'événement peut poser problème", expose d’entrée de jeu l’ancien journaliste Philippe Moreau-Chevrolet, spécialiste en communication politique aujourd’hui à la tête de l’entreprise MCBG Conseil. "L’essentiel des Françaises et des Français n’ont probablement pas assisté au meeting. Cependant, tout ce qu’ils entendent à ce sujet, c’est que Valérie Pécresse a été mauvaise. Cette négativité peut s’avérer problématique et atteindre son image", détaille-t-il, non sans rappeler que le croisement des courbes aujourd’hui observé résulte d’une dynamique antérieure. Celle que l’élue tâchait précisément d’enrayer.
"Valérie Pécresse souhaitait relancer sa campagne. C’est d’autant plus raté que les critiques dont elle fait aujourd’hui l’objet sous-entendent qu’elle ne serait pas légitime parce qu’elle n’aurait pas la stature d’un chef d’Etat, parce qu’elle manquerait de crédibilité, de sincérité ou d’authenticité. Certains lui reprochent de faire fausse sur scène", souligne-t-il encore. "En soit, il faut distinguer trois niveaux de critiques : il y a, d’une part, celles qui émanent de La République en Marche. Ils sont inquiets car ils savent que Valérie Pécresse dispose d’une meilleure réserve de voix que le président de la République. Ensuite, il y a celles qui proviennent des zemmouristes, pour qui il est crucial de faire chuter la candidate de la droite : c’est la condition sin equa non pour s’installer durablement comme numéro deux de la campagne. Enfin, il y a les critiques en provenance de la population générale", note encore le spécialiste.
Malheureusement pour la candidate, cet imaginaire négatif ne s’arrête pas là.
Valérie Pécresse dans la tourmente : une campagne qui piétinait déjà avant le meeting
Pour l’expert, les problèmes de Valérie Pécresse prédatent assez largement le grand meeting du Zénith de Paris.
"Ce qui lui coûte aujourd’hui, ce sont les assauts qu’elle essuie, qu’ils proviennent d’Emmanuel Macron et de ses soutiens ou d’Eric Zemmour et de ses propres appuis. Ceci étant dit, elle était déjà à la peine avant cela, notamment parce qu’elle n’a jamais eu le temps de poser son personnage public. Il s’agissait alors de dire qui elle est, quelles sont ses valeurs, quel est son combat. Elle n’a pas non plus eu l’occasion, avant ces attaques, de poser avec précision son programme, ce qui n’aide pas", observe Philippe Moreau-Chevrolet.
"Autre élément important : Valérie Pécresse arrive un peu en dernière minute : cela fait quatre ans qu’elle aurait pu critiquer l’exécutif, ce qu’elle n’a pas fait de la façon la plus virulente ou la plus notable qui soit avant le début de la campagne. Il lui est donc difficile de se différencier très nettement d’Emmanuel Macron, de rattraper en quelques mois un retard de quelques années pris sur les autres oppositions", souligne-t-il par ailleurs.
Valérie Pécresse : il lui reste tout de même une fenêtre pour gagner
Les critiques dont Valérie Pécresse fait aujourd’hui l’objet pourraient ne pas s’avérer rédhibitoire dans sa conquête de l’Elysée. Certes, elles sont particulièrement violentes, mais elles n’en demeurent pas moins… courantes ces dix dernières années. "Le procès qui lui est fait est le même que ceux qui ont été fait à François Hollande ou à Emmanuel Macron, qui n’étaient pas très bons en meeting eux non plus. Ils ont d’ailleurs été largement moqués tout au long de leurs campagnes respectives", rappelle le spécialiste, pour qui c’est l’ampleur du phénomène qui peut surprendre. "Le fait que Valérie Pécresse soit une femme joue très certainement. Elle est confrontée à un sexisme certain", analyse-t-il encore.
Mais il lui reste tout de même une chance de l’emporter. "N’oublions pas que les électeurs ont un comportement de stratège et qu’ils cherchent, pour beaucoup, une alternative au président sortant. Il est donc possible que Valérie Pécresse l’emporte par défaut, si ces derniers estiment qu’elle est la seule à pouvoir faire chuter Emmanuel Macron. Tant qu’ils estiment que l’extrême droite ne permettra pas de l’emporter, ils pourraient être tentés par le vote en sa faveur. Mais plus elle chute dans les sondages, plus il sera dur de rester crédible…", tranche en effet l’ancien journaliste.