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Actuellement ambassadrice des pôles, Ségolène Royal nourrit manifestement l’envie d’un retour à une politique plus proche de la France métropolitaine. D’après les informations du Parisien/Aujourd’hui en France, elle aurait confié en petit comité qu’une candidature à Paris pour les élections municipales de 2020, "ça se regarde". Seule condition posée jusqu’à présent : ne pas voler la place de la maire actuelle Anne Hidalgo. L’ancienne ministre de l’Environnement n’entend pas l’empêcher de briguer un second mandat.
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"Le PS est en ruine. Ségolène Royal est probablement tentée, comme d’autres, de le reconstruire. Ce n’est pas en restant ambassadrice des pôles qu’elle pourra y participer", indique Raul Magni-Berton, politologue et enseignant-chercheur à l’Institut d’Etudes Politiques (Sciences-Po) à Grenobles. Selon lui, Ségolène Royal a tout à gagner d’une telle campagne politique, si elle est effectivement amenée à la réaliser. "Elle est probablement motivée par la visibilité et la gloire associée à la mairie de Paris. Être au coeur d’un combat politique d’une ampleur pareille, c’est l’assurance d’un gain en crédibilité, d’une prise de poids considérable dans le parti", précise le chercheur. Il n’exclut pas non plus, qu’après des années de lutte politique, la peut-être future candidate "aime simplement ça". Dans tous les cas, briguer la mairie de Paris, s’il s’agit d’une bataille politique et électorale rude, constitue un pari gagnant quoi qu’il arrive pour Ségolène Royal. "Quand bien même elle serait amenée à perdre, ce qui est probable compte-tenu de la faiblesse actuelle du PS, elle aura été présente, aura donné et essuyé des coups. En politique, ça compte" explique l’enseignant.
Ségolène Royal et l'électorat parisien : la synergie est-elle possible ?
Pour Erwan Lestrohan, directeur d’études à l’institut BVA, la défaite de Ségolène Royal semble crédible, si elle briguait effectivement la mairie de Paris en 2020. "Elle bénéficie d’une forte popularité auprès des sympathisants PS mais malheureusement pour elle, c’est à peu près tout. Dès que l’on sort des frontières du parti socialiste, sa popularité chute." Aux yeux du sondeur, elle n’est pas assez transversale pour constituer un bon candidat aux municipales. "Le PS, comme la majorité des formations politiques, n’est pas en mesure de réunir une majorité absolue pour gouverner Paris. A partir de là, il n’a que deux possibilités." Tendre vers la gauche, pour séduire La France Insoumise et, d’une façon générale, la gauche radicale ou s’orienter vers une coalition avec LREM. "Dans le premier choix, il faudrait une figure plus similaire à Benoît Hamon ou Christiane Taubira. Pour convaincre les Marcheurs, le PS devrait se diriger vers un Jean-Yves Le Drian", déclare le directeur d’études.
Ce qui ne veut pas dire que Ségolène Royal n’a pas d’atouts, si elle se lance effectivement dans la campagne : les thématiques qu’elle porte entre parfois en synergie avec une partie de celles que Paris semble valoriser. "On le constate à chaque élection, les parisiens ont une sensibilité progressiste et écologiste. C’est quelque chose sur lequel l’ancienne ministre de l’Environnement pourrait travailler", juge Erwan Lestrohan. Malheureusement pour l’intéressée, il faut plus que des sensibilités pour gagner une élection. "Lors du précédent scrutin, en 2014, trois items préoccupaient particulièrement le peuple de la capitale. En premier lieu on retrouvait les problématiques de logement, puis celles de l’emploi et enfin la sécurité." Si les attentats ont peut-être chamboulé l’ordre et si la gestion d’Anne Hidalgo a pu faire évoluer les préoccupations des parisiens, toujours est-il qu’on reste assez loin des valeurs incarnées par l’ambassadrice des pôles. "Elle va être obligée de de donner des gages à tout un pan de l’électorat".
Autre difficulté à laquelle elle pourrait être confrontée : le casting. "Il y a une réelle porosité entre les électorats LREM et PS qui peut faire bouger les équilibres politiques traditionnels. C’est aussi vrai pour Les Républicains", souligne le sondeur. De son côté, Raul Magni-Berton préfère rappeler l’avantage quasi-mécanique dont devrait disposer La République en Marche. "On l’a vu, des inconnus peuvent gagner à l’étiquette s’ils sont membre du parti majoritaire. Il n’est pas exclu que Ségolène Royal soit battue par un nouveau venu." Une stratégie dont les socialistes devraient s’inspirer, d’après lui. "Je ne suis pas sûr qu’envoyer une personnalité comme Ségolène Royal soit pertinent dans la situation du PS. Cela témoigne de la difficulté que rencontre le parti à se renouveler."