De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
La moitié d'entre eux se déclarent en difficulté financière. En 2020, 49% des seniors estimaient avoir du mal à boucler leur budget, rappelle le site spécialisé Mieux Vivre Votre Argent. Une situation logique : le coût de la vie augmente quand les pensions stagnent, voire baissent. D'une façon générale, ainsi que l'a déjà expliqué Planet, le niveau de vie des retraités devrait chuter dans les années à venir, au moins comparativement à celui des actifs. Sans compter, bien sûr, les divers choix politiques qui ne leur ont pas toujours été les plus favorables. Emmanuel Macron en sait quelque chose : quand il a tenté de toucher à la CGT, il a dû faire face à la colère des anciens.
Depuis, le président de la République s'est montré moins agressif à l'égard des retraités. Et cela pourrait durer, estime le politologue Raul Magni-Berton, enseignant-chercheur en sciences politiques à l'Institut d'Etudes Politiques (Sciences-Po) de Grenoble. En cause ? Les divers scrutins qui approchent à grands pas. Et, tout particulièrement, l'élection présidentielle de 2022. Les retraités, entre autres, pourraient jouer un rôle des plus conséquents.
Retraités : ce qui vous attend dans les mois à venir
"C'est généralement à l'approche des élections que l'on fait le plus de cadeaux", rappelle d'entrée de jeu l'expert, pour qui il ne serait pas aberrant que le chef de l'Etat tente - discrètement - de reconquérir les retraités et les seniors. "Force est de constater, cependant, que la situation du président est assez différente de celles de ses prédécesseurs. Emmanuel Macron pourra se contenter de faire moins de cadeaux : il n'aura pas besoin de resserrer ses troupes, en internes, puisqu'elles sont déjà concentrées autour de lui. Il lui faudra seulement en faire vers l'extérieur, c'est-à-dire à l'égard de son électorat", note-t-il encore.
Retraités : allez-vous profiter de la faible popularité du chef de l'Etat ?
S'il reste autrement plus populaire que ses deux prédécesseurs les plus récents, François Hollande et Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron demeure assez faible au global, estime Raul Magni-Berton. Les plus récents sondages lui concèdent 40% d'opinions favorables, indique Le Point. "Depuis la mise en place du quinquennat, nous assistons à des records d'impopularités. Ce n'est pas très difficile à observer : plus aucun président n'a réussi à se faire réélire après son entrée en vigueur", constate le chercheur.
"Le président de la République, en l'état actuel des choses, n'est pas en mesure de se priver de cadeaux adressés à son électorat. S'il souhaite arriver au second tour et, une nouvelle fois, affronter Marine Le Pen, il devra affaiblir l'électorat de la droite républicaine tout en énervant assez les sympathisants du Rassemblement National. Il s'agit de se renforcer, de renforcer le RN et d'affaiblir la droite de gouvernement", poursuit l'enseignant pour qui, concrètement, cela signifie faire la cour aux retraités. Mais pas que.
"Il lui faudra donc séduire des personnes âgées, les retraités, mais aussi un électorat relativement confortable sur le plan financier et généralement conservateur", analyse-t-il. Le tout sans trop éveiller l'attention des autres…
Emmanuel Macron parviendra-t-il à reconquérir les retraités ?
"Ce type de stratégie est généralement assez peu efficace. Elle est aussi très temporaire : les cadeaux ne suffisent jamais à séduire durablement un électorat", observe Raul Magni-Berton, pour qui Emmanuel Macron ne peut guère se contenter de cela s'il entend conserver un contrôle pérenne sur ses sympathisants.
"Cependant, il faut aussi rappeler que, parfois, c'est une action peu rentable qui peut s'avérer décisive : elle peut faire la différence et permet de passer au deuxième tour. Cela n'a donc vraiment rien d'idiot sur le seul plan électoral. Parce que le nombre de mandats est limité en France, il paraît probable que le président ne tente pas le tout pour le tout dans le but d'être réélu", analyse le politologue.
Est-ce à dire qu'Emmanuel Macron va couvrir les retraités de cadeaux tous plus coûteux les uns que les autres ? Probablement pas. "Je pense qu'il multipliera les promesses plus qu'il n'augmentera la valeur des cadeaux ! S'il n'est pas assez discret et ne parvient pas à doser, ces présents ne seront pas indolores pour le reste des Françaises et des Français. Or, si le reste de la population se rend compte de ce qu'il se passe, c'est probablement parce que les cadeaux lui coûtent cher. Dès lors, le président pourrait engendrer plus de mécontents que de gens satisfaits…", tranche l'enseignant.