Partager :

Retard pensions de retraiteIllustration
De 25 000 à 30 000 nouveaux retraités n'auraient pas touché leur pension depuis plusieurs mois. La faute semble-t-il à un dysfonctionnement de la CNAV. En attendant, les personnes concernées survivent comme elles le peuvent.

D'après le chiffre de l'Agirc-Arrco arrêté au 31 décembre 2023, plus de 825 000 français étaient partis en retraite cette année-là. En 2024, ce chiffre serait monté aux alentours de 850 000. Parmi les derniers concernés, même si leur nombre peut paraître faible au vu des 18 millions de personnes qui touchent une pension en 2025, entre 25 000 et 30 000 d'entre eux n'auraient pas commencé à la percevoir, ce depuis plusieurs mois, a confirmé la CNAV (Caisse nationale d'assurance vieillesse) au journal de 20 heures de TF1. Certes, cela ne représente que 3,53 % des effectifs. Mais la situation est ubuesque.

Des nouveaux retraités en grande difficulté faute de pension

La première chaîne est ainsi allée à la rencontre d'Heiter Shier, une franco-britannique qui a pris sa retraite en janvier 2025, habitant Saint-Gilles-Croix-de-Vie, en Vendée (85). Depuis, elle n'a pas touché un centime d'euro de la CNAV. Sur les 1 800 euros de pension qu'elle devrait percevoir, elle n'en reçoit que 1 000 tous les mois, de sa caisse complémentaire, l'Agirc-Arrco. Chaque jour, c'est le même rituel, elle se connecte au site de l'assurance vieillesse, et chaque jour quand elle appelle cette dernière, elle pose la même question : "Est-ce que je dois patienter deux semaines, deux mois, donnez-moi une idée de date ?"  La réponse est immuable : "Peut-être dans deux semaines, on ne sait pas, rappelez à ce moment-là." Entre coups de fil et courriers recommandés, elle n'a toujours pas obtenu la moindre réponse. Résultat : "Je ne peux pas payer ma location. C'est difficile. Il y a les factures à payer, l'électricité, la voiture…"

La cause des retards : la CNAV a changé de logiciel informatique

Quand l'administration déraille, ce sont les Français qui trinquent. Alice Coulon, déléguée syndicale UNSA CNAV explique : "On a changé de logiciel pour calculer les droits à la retraite des assurés et c'est vrai que ç'a augmenté les délais de traitement, malgré nous." Le directeur de la CNAV déplore lui ce retard et une situation "insupportable" : "On n'arrive pas à le résorber. On a pris l'engagement en 2027 d'être à 19 000. On pourrait se dire que c'est encore beaucoup. Mais c'est 6 000 dossiers en moins, et on va aller les chercher un par un..."  On espère le croire.

Des situations critiques pour certains assurés

Comment un simple changement de logiciel (problème de formation du personnel ?) peut-il engendrer une telle confusion ? Brigitte Le Gall, retraitée elle depuis octobre, doit sans doute se poser la question, elle qui aurait dû toucher 1 500 euros par mois. Au micro de TF1 : "Heureusement que j'ai deux filles, qui m'ont prêté de l'argent. Il y en a une d'ailleurs qui a été obligée de prendre un crédit pour pouvoir subvenir à mes besoins."  Mais si pour Brigitte, cela se termine bien, son dossier ayant été débloqué "il y a une semaine" après pas moins de 7 mois d'attente, beaucoup d'autres sont toujours en stand-by et n'ont même pas commencé à être traités.