De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Elle semble s’imposer définitivement comme la rivale d’Emmanuel Macron. Après un premier duel soldé en 2017, Marine Le Pen pourrait finalement prendre la revanche que d’aucuns lui promettent depuis des années. Tout dépendra, en effet, du choix des Françaises et des Français, qui sont invités à se prononcer ce dimanche 10 avril 2022. Un temps talonnée, sinon dépassée par l’ancien polémiste Eric Zemmour, la fille du Menhir domine aujourd’hui la bataille pour la deuxième place. A quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle, elle est donnée à 20% des intentions de vote, environ, rapporte Europe 1. C’est plus que tous les autres candidats (Jean-Luc Mélenchon n’affiche pour l’heure “que” 15% des voix potentielles exprimées dans les sondages, informe le quotidien Les Echos) et c’est bien assez pour effrayer l’entourage du président sortant.
D’aucuns, autour d’Emmanuel Macron, s’inquiètent en effet de sa potentielle percée. D’autant plus qu’un second affrontement pourrait s’avérer plus complexe à gagner pour le chef de l’Etat : comme l’explique L’Express sur son site, “l'écart entre Macron et Le Pen n'a jamais été aussi serré au second tour”. Les sondages le donnent à 52,5% des intentions de vote, elle à 42,5%. Reste à savoir si la présidente du Rassemblement national bénéficie du socle électoral nécessaire pour battre l’hôte de l’Elysée. Pourrait-elle, par exemple, convaincre une partie de l’électorat retraité, dont on sait quelle propension il a au vote ? Marine Le Pen propose, en tout cas, un certain nombre de mesures économiques susceptibles d’intéresser cette partie des Françaises et des Français.
Présidentielle 2022 : Les retraités doivent-ils avoir peur de Marine Le Pen, sur le plan économique ?
Le programme de Marine Le Pen, rappelle BFMTV, multiplie les propositions de rupture avec le monde économique actuel. Cette dernière prône en effet une hausse des salaires encouragée par des exonérations de cotisations patronales (dans la limite de 10% de hausse), la priorité nationale d’accès à l’emploi, le retour de l’impôt de solidarité sur la fortune ou la réindexation des pensions de retraite sur l’inflation, souligne en effet la chaîne d’information en continu. De quoi potentiellement inquiéter les retraités…
“Le programme de Marine Le Pen rompt avec certaines traditions économiques actuelles. Dès lors, son application engendrerait de potentielles turbulences, notamment du côté des marchés financiers”, indique l’économiste Alexandre Delaigue, qui a enseigné l’économie-gestion à l’académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan et qui est aujourd’hui professeur agrégé à l’Université de Lille 1. “Le fait est que les revenus des retraités dépendent de la stabilité de l'État. C’est pourquoi un projet comparable à celui de Marine Le Pen, en cela qu’il prône une cassure nette avec le monde économique actuel, peut s’avérer effrayant pour l’électorat âgé”, poursuit-il. Cela n’a rien d’étonnant, puisque si l’administration du pays doit finalement reprendre la main et engager des économies pour rétablir l’équilibre des finances, c’est eux qui seront amenés à payer, poursuit-il.
Marine Le Pen : son programme économique est-il viable ?
Avant de véritablement prendre peur, il est important d’identifier la viabilité du programme économique de la fille du Menhir, qui gouvernera mécaniquement à sa possibilité d’application. C’est pourquoi, rappelle Alexandre Delaigue, il est primordial de bien comprendre qu’aucun programme - pas plus celui de Marine Le Pen que celui d’Emmanuel Macron, de Valérie Pécresse ou de Fabien Roussel, par exemple - ne pourra être appliqué en l’état. “Le contexte étant ce qu’il est et les programmes étant toujours appuyés sur des visions optimistes de l’avenir, il faudra dans tous les cas s’attendre à ce que la ou le président élu revoit quelque peu sa copie”, affirme-t-il.
Le projet de Marine Le Pen ne fait pas exception. Il repose d’ailleurs sur “une petite étoile qui permet d’expliquer qu’il est économiquement viable”... Mais cela ne signifie pas qu’il l’est véritablement. “Le Rassemblement national défend souvent l’idée que les finances publiques se porteront mieux, une fois qu’elles seront amputées des dépenses liées à l’immigration. Il s’agit donc de dire qu’une action politique visant à limiter le flux migratoire, à réduire les prestations et les aides dont bénéficient les populations immigrées permettrait de dégager des ressources assez importantes pour financer la dépense publique prévue dans le programme. Dans la pratique, les estimations universitaires sont claires : une politique plus ferme ne changerait, sur le ratio dépenses-recettes de l’Etat, que l’épaisseur du trait”, poursuit-il encore. Par conséquent, l’action du RN - qui consiste par exemple à supprimer l’impôt sur le revenu pour les jeunes de moins de 30 ans -, engendrerait mécaniquement des dépenses sans pour autant permettre l’arrivée des recettes promises…
Mais Marine Le Pen n’est pas l’unique candidate en mesure d’effrayer les retraités et de prétendre potentiellement à l’accès au second tour. C’est également le cas de Jean-Luc Mélenchon ! Dont le programme, explique l’économiste, pourrait lui aussi angoisser les électeurs les plus âgés…
Mélenchon ou Le Pen : et si cela ne se jouait pas sur le seul plan économique ?
Parce qu’ils répondent tous deux à des logiques de rupture, les programmes de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen peuvent tous deux inquiéter les retraités. Et pourtant, d’après l’enseignant-chercheur, ce n’est pas tant la dimension économique qui pourrait le plus les rebuter.
“L’aspect économique n’est pas nécessairement le plus marquant pour un électorat âgé et réputé conservateur. Je suppose que les variables qui permettraient aux retraités de faire la différence entre un vote Mélenchon ou un vote Le Pen sont ailleurs, sur des questions sociétales, par exemple”, juge en effet Alexandre Delaigue.
Sans oublier, bien sûr, la question du patrimoine. “Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen proposent tous deux de réformer la fiscalité du patrimoine. Cependant, l’un des deux est plus associé à l’idée de taxer la richesse, ce qui pourrait consterner davantage une partie de l’électorat”, suppose-t-il.