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Un choix osé. A seulement quelques jours de l'arrivée du projet de loi sur l'immigration au Sénat, le ministre de l'Intérieur avait choisi l'hebdomadaire Valeurs Actuelles pour évoquer, défendre son texte et rappeler par la même occasion qu'il est un homme de droite en quête de voix de parlementaires du "même" bord politique. Trois ans et demi après ses débuts Place Beauvau, Gérald Darmanin connaît son heure de vérité avec ce texte qu'il porte depuis bientôt un an. Son avenir politique est peut-être même en jeu.
"Si le projet de loi passe au Sénat et à l'Assemblée nationale, il sera en position de force au début de l'année prochaine", explique l'un de ses proches pour Les Echos. Si la tendance est à l'inverse défavorable, cela sera sans doute un coup dur pour celui qui a connu un parcours, certes chaotique, depuis le début de sa carrière politique, mais sans réels accros. Sans oublier ses espérances de passer le portail de l'Elysée.
L'esprit de revanche
Un triomphe synonyme de revanche ? Le voilà le souhait du ministre de l'Intérieur, passé tout près du poste le plus important de Matignon. En effet, après sa non promotion en tant que Premier ministre, il faut dire que la pilule a été difficile à avaler pour l'ancien maire de Tourcoing. Depuis ce que l'on peut considérer comme un échec, ses relations avec Elisabeth Borne sont au mieux "professionnelles", mais le plus souvent cordiales, comme il les décrit lui-même.
Récemment, nombreux sont ceux qui se souviendront de cette rentrée politique effectuée dans son fief du Nord, à Tourcoing, durant laquelle la Première ministre s'était invitée. Encore une fois, les relations avec cette dernière sont souvent mises à l'ordre du jour, comme lorsqu'il apprend dans la presse le dîner qu'elle a tenu avec Bruno Retailleau, le patron des sénateurs LR, pour évoquer le bien nommé projet de loi immigration. Ces derniers jours, c'est un imbroglio autour du fameux article 3 sur la régularisation des travailleurs sans papiers dans les métiers en tension qui fait parler.
Une omniprésence à son étage
Depuis la rentrée, Gérald Darmanin est sur tous les fronts. C'est le travail de tout ministre de l'Intérieur, mais c'est encore plus le cas aujourd'hui. Entre la lutte contre le terrorisme qui a encore frappé à Arras, la bataille contre la recrudescence des actes antisémites et l'"importation" en France du conflit entre Israël et le Hamas, mais aussi la tempête Ciaran ou les violences chez les supporters de football, la vie de l'élu de Tourcoing ne connaît aucun répit.
Omniprésent sur X (anciennement Twitter), il détaille depuis plusieurs jours les expulsions d'étrangers en situation irrégulière, comme pour montrer que la main de l'Etat ne tremble pas dans la lutte contre l'immigration clandestine. Au risque d'aller loin, comme "d'assumer" les condamnations de la France par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH), comme le rappelle Challenges.
Le ministre de l'Intérieur s'offre même le luxe de créer une polémique jugée inutile avec le footballeur Karim Benzema, renforçant ainsi son image clivante. Car Gérald Darmanin n'est pas un homme de consensus. Il a ses soutiens : selon le baromètre Elabe pour Les Echos, 26 % des Français lui accordent leur confiance, tandis que ses détracteurs sont deux fois plus nombreux, à hauteur de 52 %.
Les JO pour l'apothéose ?
"Il a progressé nettement depuis les émeutes du mois de juin en incarnant la politique plus ferme de l'exécutif, mais la forte demande d'autorité ne se retrouve pas totalement dans sa personnalité. De plus, il reste très impopulaire chez les jeunes et auprès des classes moyennes, malgré son offensive dans leur direction", estime Bernard Sananès, le président d'Elabe, cabinet d'études et de conseil spécialisé en stratégie de communication.
Gérald Darmanin s'est fixé une échéance politique : les Jeux Olympiques à l'été 2024. Après, tout sera ouvert, à commencer par la course à la prochaine élection présidentielle de 2027. Après sa reconduction Place Beauvau en mai 2022, il s'était fixé plusieurs objectifs. Certains ont été accomplis, à l'instar du vote d'une loi de programmation pour son ministère, la réforme de la police ou encore le bon déroulé de la Coupe du monde de rugby, sans oublier le succès de la visite du roi Charles III en France en septembre dernier. Toutefois, certains restent à cocher, comme les JO et, surtout, le vote à venir de la loi sur l'immigration.