Le projet de loi de finances pour 2025 du gouvernement demande un effort de cinq milliards d'euros aux collectivités locales les plus aisées. Et cela ne sera pas sans conséquences sur votre quotidien.
Les retraités devraient être mis à contribution pour tenter de résorber le déficit français. Disposent-ils réellement, comme l’avancent certains éditorialistes, de moyens supérieurs à celui de l’ensemble des Français, ce qui pourrait justifier de les solliciter davantage? Jusqu'en 2021, pour une grande partie d’entre eux, c'était en effet le cas. Une étude récente le confirme. Celle-ci provient du cabinet de conseil Asterès, fondé par l’essayiste libéral Nicolas Bouzou. Ses résultats partiellement publiés lundi 7 octobre par Franceinfo puis mis à jour avec un rectificatif le lendemain se fondent sur les données du Conseil d’orientation des retraites et de l’Insee.
Une tendance inversée
Un indice 100 a été attribué au niveau de vie de l’ensemble des ménages français. Chez les retraités, ce niveau de vie qui inclut une donnée importante, “loyers imputés”, atteignait un indice de 107,8 tandis qu’il était de 106 pour les actifs. Ces chiffres se fondaient sur des données de 2019. Des estimations plus récentes indiquent une inversion de la situation (indice 105 pour les retraités et 107,6 pour les actifs). Désormais, même avec les loyers imputés, le niveau de vie des retraités reste plus faible que celui des actifs.
Attention, ces niveaux de vie correspondent aux revenus disponibles des populations observées, c’est-à-dire aux salaires, pensions de retraite et autres revenus nets mais aussi à leurs “loyers imputés”. Ces “loyers fictifs” souvent utilisés pour étudier les inégalités correspondent au revenu qu’un individu pourrait tirer de son logement en le louant ainsi qu’à la “subvention implicite” r eçue par les personnes qui vivent dans un logement social.
Plus souvent propriétaires
Autrement dit, jusqu'en 2021, même si leurs pensions conféraient aux retraités français des revenus relativement plus faibles que ceux des actifs, le fait qu’ils soient plus souvent propriétaires que ces derniers aboutit à un niveau de vie plus élevé.
Les auteurs de l’étude écrivent ainsi que d'après les données de 2019 “les retraités possèdent plus de patrimoine que le reste de la population”. Il précisent : ’”en moyenne, les ménages dont la personne de référence a plus de 60 ans ont un patrimoine supérieur à 300 000 euros, alors qu’il est en moyenne inférieur à 300 000 euros pour les ménages plus jeunes”. Ils sont en outre plus nombreux à être propriétaires et/ou à avoir remboursé leurs prêts immobiliers que les personnes de moins de 50 ans.
Un fait déjà observé ailleurs
L’organisme chargé de la statistique au ministère de la Santé et de la Solidarité (Drees) avait également observé que “le niveau de vie médian des retraités est légèrement supérieur à celui de l’ensemble de la population : leur r evenu est en moyenne moins élevé, mais cela est c ontrebalancé par le fait qu’ils ont plus rarement des enfants à charge et davantage de revenus du patrimoine”, écrivaient les auteurs de ce rapport paru en juin 2023. Il apparaît que le niveau de vie (calculé à partir des données de 2019) médian des retraités vivant en France métropolitaine dans un logement ordinaire (chez eux et non dans un établissement spécialisé) est de 1900 euros, soit “3,3% de plus que l’ensemble de la population”. Cela signifie que la moitié des retraités - qu’ils soient propriétaires ou non - gagnent plus et la moitié moins que 1900 euros par mois. Ce niveau de vie médian est de 1840 euros pour l’ensemble de la population.
L’écart se révèle encore plus élevé “ si l’on tient compte de l’avantage que donne sur le niveau de vie le fait d’être propriétaire de son logement, le niveau de vie médian des retraités s’élève à 2 310 euros par mois”, indique également la Drees. Toujours en tenant compte de cet avantage, ce niveau de vie médian s’élève à 2110 euros par mois pour l’ensemble de la population, soit 9,5% de moins.
Des inégalités qui se creusent
Pa ailleurs, les inégalités de revenus entre les ménages, et entre retraités se creusent. Ces disparités auraient d’ailleurs tendance à se creuser entre catégories sociales en fonction de l’âge, comme l’indique une étude de l’Observatoire des Inégalités.