Le niveau de vie des retraités est-il vraiment supérieur à celui des actifs ? Istock
En pleine période d'incertitude sur le “choc fiscal” qui se prépare pour tenter de réduire le déficit de la France, plusieurs catégories de citoyens s'inquiètent d'être davantage mis à contribution que les autres. C'est le cas des retraités, dont la revalorisation des pensions a été gelée. Mais disposent-ils vraiment de plus de moyens financiers que les actifs ?
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Les retraités devraient être mis à contribution pour tenter de résorber le déficit français. Disposent-ils réellement, comme l’avancent certains éditorialistesde moyens supérieurs à celui de l’ensemble des Français, ce qui pourrait justifier de les solliciter davantage?  Il semblerait que, pour une grande partie d’entre eux, ce soit en effet le cas. Une étude récente le confirme. Celle-ci provient du cabinet de conseil Asterès, fondé par l’essayiste libéral Nicolas Bouzou. Ses résultats partiellement publiés ce lundi par Franceinfo se fondent sur les données du Conseil d’orientation des retraites et de l’Insee.

Un indice 100 a été attribué au niveau de vie de l’ensemble des ménages français. Chez les retraités, ce niveau de vie qui inclut une donnée importante, “loyers imputés”, atteint un indice de 107,8 tandis qu’il est de 106 pour les actifs

Attention, ces niveaux de vie correspondent aux revenus disponibles des populations observées, c’est-à-dire aux salaires, pensions de retraite et autres revenus nets mais aussi à leurs “loyers imputés”. Ces “loyers fictifs” souvent utilisés pour étudier les inégalités correspondent au revenu qu’un individu pourrait tirer de son logement en le louant ainsi qu’à la “subvention implicite” r eçue par les personnes qui vivent dans un logement social. 

Plus souvent propriétaires

Autrement dit, même si leurs pensions confèrent aux retraités français des revenus relativement plus faibles que ceux des actifs, le fait qu’ils soient plus souvent propriétaires que ces derniers aboutit à un niveau de vie plus élevé

Les auteurs de l’étude écrivent ainsi que “les retraités possèdent plus de patrimoine que le reste de la population”. Il précisent : ’”en moyenne, les ménages dont la personne de référence a plus de 60 ans ont un patrimoine supérieur à 300 000 euros, alors qu’il est en moyenne inférieur à 300 000 euros pour les ménages plus jeunes”. Ils sont en outre plus nombreux à être propriétaires et/ou à avoir remboursé leurs prêts immobiliers que les personnes de moins de 50 ans. 

Un fait déjà observé ailleurs

Cette étude confirme une observation qui avait déjà été tirée auparavant, notamment par l’organisme chargé de la statistique au ministère de la Santé et de la Solidarité (Drees). “Le niveau de vie médian des retraités est légèrement supérieur à celui de l’ensemble de la population : leur r evenu est en moyenne moins élevé, mais cela est c ontrebalancé par le fait qu’ils ont plus rarement des enfants à charge et davantage de revenus du patrimoine”, écrivaient les auteurs de ce rapport paru en juin 2023. Il apparaît que le niveau de vie (calculé à partir des données de 2019) médian des retraités vivant en France métropolitaine dans un logement ordinaire (chez eux et non dans un établissement spécialisé) est de 1900 euros, soit “3,3% de plus que l’ensemble de la population”. Cela signifie que la moitié des retraités  - qu’ils soient propriétaires ou non - gagnent plus et la moitié moins que 1900 euros par mois. Ce niveau de vie médian est de 1840 euros pour l’ensemble de la population. 

L’écart se révèle encore plus élevé si l’on tient compte de l’avantage que donne sur le niveau de vie le fait d’être propriétaire de son logement, le niveau de vie médian des retraités s’élève à 2 310 euros par mois”, indique également la Drees. Toujours en tenant compte de cet avantage, ce niveau de vie médian s’élève à 2110 euros par mois pour l’ensemble de la population, soit 9,5% de moins.

Des inégalités qui se creusent

Ces indicateurs ne doivent pas occulter les inégalités de revenus entre les ménages, et entre retraités. Ces disparités auraient d’ailleurs tendance à se creuser entre catégories sociales en fonction de l’âge, comme l’indique une étude de l’Observatoire des Inégalités