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Mardi, le président de la Catalogne, Carles Puigdemont, a proclamé l'indépendance de la région avant de suspendre temporairement le processus. Reste à savoir si un tel scénario est envisageable dans les régions françaises. Planet s'est penché sur la question. 

Le 1 er octobre dernier, l’Europe entière avait les yeux rivés sur la Catalogne et son référendum. Mercredi, Mariano Rajoy, le Premier ministre espagnol, a fixé un ultimatum aux autorités catalanes, qui ont jusqu'à lundi pour proclamer ou non leur indépendance. Un  tel scénario pourrait-il inspirer les régions françaises historiquement en quête d’autonomie, à l’image de la Corse, le Pays basque ou encore la Bretagne ?

Interrogé par Planet sur les similitudes et les différences de ces mobilisations, le politologue et conférencier, Olivier Rouquan explique : "Il y a effectivement une mobilisation autonomiste historique dans ces régions, comme en Catalogne. Néanmoins, les efforts qui ont été faits en termes de décentralisation ces vingt dernières années semblent aujourd’hui leur convenir."

C'est notamment le cas pour la Corse, dont les compétences particulières qui lui ont été accordées ont permis de calmer les velléité des indépendantistes, comme le confirme le politologue : "Les révisions régulières du statut de la Corse, dont celles intégrées à la loi NOTRe de 2015, prenant en compte ses spécificités culturelles et politiques, satisfont aujourd'hui les locaux". En effet, les revendications locales ont amené l'Etat français à accorder un statut particulier à l'Ile de Beauté dès 1982, où elle a été dotée de sa propre Assemblée et de compétences étendues. Suivirent les lois de 1991 et 2002, qui définirent la Corse comme une collectivité territoriale à statut particulier. 

Une organisation politique différente

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Si la France semble assez éloignée du scénario catalan, c'est aussi lié à la différence de contexte et de structuration politique des deux pays, comme le souligne Olivier Rouquan : "En France, on parle d'une simple décentralisation. En revanche, l'Espagne est un Etat régional voire quasi fédéral, où l'autonomie des territoires est beaucoup plus large."

De plus, les méthodes employées par les indépendantistes diffèrent également. "Les indépendantistes corses et basques ont usé pendant plusieurs années d’une revendication armée, ce qui n’est pas le cas des Catalans. Ces derniers ont recours à des manifestations pacifiques. Si aujourd’hui le climat s’est apaisé en Corse et au Pays basque, nous ne pouvons prédire l'avenir. Rappelez-vous du mouvement des bonnets rouges, il y a quelques années, en Bretagne", indique Olivier Rouquan en faisant référence à cette mobilisation massive pour l'emploi, survenue en 2013, où certains régionalistes étaient intervenus au nom de l'identité bretonne. 

La Nouvelle-Calédonie : "une situation complexe et relativement inflamable"

Autre sujet brûlant, la Nouvelle-Calédonie, qui, à un an du référendum sur son indépendance, reste pour le politologue "une situation complexe et relativement inflammable". En 1988, plusieurs hommes sont morts à la suite de la prise d'otage d'Ouvéa, dont plusieurs gendarmes français et des Kanaks indépendantistes. Le drame avait conduit à la signature des accords de Matignon qui prévoyaient un référendum d'autodétermination en 1998. Celui-ci a finalement été repoussé à novembre 2018, avec la signature des accords de Nouméa. 

Néanmoins, Olivier Rouquan constate une certaine capacité de la France à se préserver des luttes autonomistes de part "la structure de l'Etat français et de la nation, et sa capacité d’adaptation à décentralisation". Plus largement, l’Europe se doit tout de même de rester vigilante quant aux revendications futurs des autonomistes ou des indépendantistes. "L’Europe peut avoir à faire face, dans les années à venir, à des poussées nationalistes ou régionalistes, à l’image des Flandres ou du nord de l’Italie où il existe un certain rejet voire des mouvements xénophobes à l’encontre des habitants du sud.", précise le conférencier.