Exercice difficile, La Chaîne Météo nous donne la tendance pour décembre et les deux premier mois d'hiver, janvier et février. Alors que certains prédisent une période agitée et plus froide que les...
Réouverture des restaurants et des lieux publics, redécouverte de la liberté perdue… Dans bien des esprits, le déconfinement s’accompagne essentiellement de bonnes nouvelles : il est désormais possible de revoir ses proches autour d’un verre en terrasse et bientôt le couvre-feu ne sera plus qu’un mauvais souvenir ; sauf imprévu bien sûr. Pour autant, il serait naïf de croire que le retour progressif à la vie normale ne compte que des aspects positifs. Cela fait des mois, désormais, que le ministre de l’Intérieur s’inquiète de la montée de la violence dans l’Hexagone. Le vendredi 4 juin 2021, Gérald Darmanin signait donc un télégramme adressé aux préfets de France pour s’en alarmer, rapporte Le Figaro.
"Depuis le début de l’année, nous assistons au développement de faits extrêmement violents", écrit le transfuge de la droite, pour qui cette situation est probablement liée "aux conséquences de la crise sanitaire dont notre pays est en train de sortir". Il pointe donc du doigt "une progression de 20% des faits de violences intrafamiliaux" et la "multiplication de faits graves de violences intra conjugales (homicides et tentatives d'homicides)" mais aussi la forte augmentation des interventions menées par le RAID ou le GIGN contre des "forcenés". Sans oublier, bien sûr, d’autres formes de criminalités moins inquiétantes…
Progression des violences : de quoi Gérald Darmanin s’inquiète-t-il exactement ?
Les voyants virent au rouge d’après Beauvau, résument donc nos confrères. Le ministre, notent-ils encore, ne cache pas son angoisse après "l’augmentation de 28% des violences à l’encontre des services de sécurité, de santé et de secours" au plein cœur d’un "contexte de stabilité générale des violences urbaines". "Ces faits et leur gravité doivent appeler une réponse forte pour autant différente du traitement de la délinquance de droit commun", estime donc Gérald Darmanin, qui appelle à la contribution des fonctionnaires auxquels il écrit. Mais comment expliquer une telle montée des scènes de ce genre ?
Vers un déconfinement violent : ce qu’il faut bien comprendre
Plusieurs facteurs, estime le politologue François-Bernard Huyghe, sont susceptibles d’éclairer cette poussée de la violence en France. Pour ce directeur de recherche à l’Iris, qui préside par ailleurs l’Observatoire stratégique de l’information, ce type de situation puise pour partie ses racines dans des problèmes sociaux et psychosociaux ; mais aussi mécaniques. "La remontée des violences conjugales s’explique assez facilement en période de confinement : quand il n’existe plus d’exutoire et qu’un couple qui ne va pas bien est forcé de se voir en permanence, il devient difficile d’empêcher de tels comportements en provenance d’individus déjà dangereux"n rappelle-t-il d’entrée de jeu.
"Du reste, il me semble que les assauts sur les forces de l’ordre traduisent des dynamiques de groupe, de violences collectives. Ces phénomènes de bande montrent bien que des petites tribus violentes cherchent à occuper le terrain et monter en galon dans la hiérarchie. C’était bien plus dur pendant le confinement, alors que les rues étaient vides et très surveillées", souligne encore le spécialiste, qui dit ne pouvoir qu’approuver la volonté affirmée du ministre d’étudier le problème avant de proposer des solutions concrètes.
"Pour autant, il faut veiller à ne pas perdre de vue qu’il s’agit là d’une habileté politique. Gérald Darmanin, mis à mal comme le reste de la majorité présidentielle par le débat sur la Justice et son caractère supposé laxiste en France, a décidé de le déplacer plutôt que d’y répondre sur le fond", analyse le politologue. Ce qui n’empêche pas l’ancien élu de Tourcoing de vanter son bilan en matière de sécurité…
Sécurité : quel est le bilan d’Emmanuel Macron ?
"Les étrangers menaçants l’ordre public ont été systématiquement reconduit : 185 expulsions du territoire ont été menées ces 11 dernier mois", se félicite notamment Gérald Darmanin, qui rappelle aussi "l’augmentation de 82% des verbalisations pour usages [de drogue, ndlr] et de 39% des démantèlements de trafic de janvier à mai 2021". Pour autant, cela pourrait ne pas être suffisant, affirme François-Bernard Huyghe.
"Bien sûr, Gérald Darmanin cherche à cultiver son image d’efficacité en matière de sécurité. Son argument principal est visible ici : il s’agit de dire qu’il lutte contre la drogue en France et, parfois, que les violences constatées peuvent s’expliquer parce que l’on a déplacé un point de deal. Reste à voir, donc, si cela fait effectivement baisser la consommation et donc en vaut la peine", souligne le directeur de recherche à l’Iris.
Et lui de conclure : "Le gouvernement rame tant bien que mal, après la manifestation des forces de l’ordre, pour se créer un bilan sécuritaire". A grand peine, juge-t-il.