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Impôt de solidarité sur la fortune : la réunion secrète qui a signé sa fin
La suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), immédiatement remplacé par l’IFI, est l’une des premières mesures prises par Emmanuel Macron. Pourtant, à l’origine, le président de la République avait prévu un tout autre agenda, révèle France Info. Pour des raisons politiques, mais aussi économiques : l’ISF rapportait près de cinq milliards d’euros et, comme l’indiquait la Cour des comptes en 2017, les recettes de l’Etat avaient de quoi préoccuper.
C’est pourquoi le chef de l’Etat prévoyait initialement de mettre en place la réforme de l’ISF en 2019, après avoir déjà transformé le marché du travail, non sans l’accompagner de plusieurs mesures en faveurs des défavorisés. Problème ? Le calendrier ne convient pas du tout à de nombreux patrons d’entreprises, dont certains sont membres du CAC 40. Quelques jours seulement après l’annonce de l’emploi du temps prévu par le président, plusieurs acteurs économiques interpellent l’Elysée ou le ministre de l’Economie. Une rencontre secrète est organisée avec l’AFEP (Association française des entreprises privées), à l’issue de laquelle Bercy change drastiquement le programme : la réforme de l’ISF sera conduite dès 2018.
Impôt de solidarité sur la fortune : Emmanuel Macron espérait travailler le "en même temps"
"Dans mon esprit, en même temps qu’on réformait l’ISF, on devait remettre à plat les niches fiscales. Tandis que là, il y a eu dans le même temps l’épisode de la baisse des APL, la hausse de la CSG pour les retraités puis la désindexation des retraites sur l’inflation", souligne Philippe Aghion, économiste renommé qui a participé à l’élaboration du programme d’Emmanuel Macron. Selon lui, ce chamboulement de l’emploi du temps explique la crise des "gilets jaunes", comme il l’explique dans les colonnes de France Info. Il a rompu l’équilibre qui permettait au chef de l’Etat de mettre en place sa politique du "en même temps".
Depuis, l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) qui a remplacé l’ISF a rapporté 1,25 milliards d’euros à l’Etat, rapporte Le Figaro. Ce qui représente 400 millions de plus qu’espérés à l’origine mais tout de même nettement moins que ce que rapportait son prédécesseur. Une situation qui a d’autant plus agacé les "gilets jaunes" que le manque à gagner aurait été compensé par le surplus de recettes de la taxe intérieur de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) – ou, plus simplement, taxe sur les carburants. C’est ce que dévoilait Public Sénat en novembre 2018…