Le projet de loi de finances pour 2025 du gouvernement demande un effort de cinq milliards d'euros aux collectivités locales les plus aisées. Et cela ne sera pas sans conséquences sur votre quotidien.
En 2017, certains n'hésitaient pas à le présenter comme Batman… Tandis que Benoît Hamon était relégué au rang de Robin. C'est en tout cas ce qu'avançait à l'époque le politologue Thomas Guénolé, alors soutien de l'incontournable Jean-Luc Mélenchon, dans une interview accordée au Figaro. "C'est ce que j'appelle 'l'effet Batman et Robin' : si deux personnes défendent quasiment la même chose mais si l'un des deux est Batman, quand vous êtes Robin vous avez du mal à attirer l'attention", expliquait-il à nos confrères, avant le premier tour de l'élection présidentielle.
Un scrutin marquant pour Jean-Luc Mélenchon, quatrième homme de l'élection, qui tutoyait presque les 20% de votes et le second tour. Il s'est alors imposé comme une figure inévitable de la gauche. Désormais, à l'approche de l'élection présidentielle de 2022, certains cadres de la gauche n'hésitent pas à dire leurs griefs avec le chef des Insoumis. Récemment, c'était le cas de Fabien Roussel, du Parti communiste. "Je suis persuadé qu'il y a un espace", confie le secrétaire du PCF à nos confrères du Figaro (encore) qui rêve, selon eux, de "se lancer dans la course à l'Elysée". C'est pourquoi il "ose", expliquent-ils, "dire non à Jean-Luc Mélenchon". Le poids lourd de la gauche est-il aussi incontournable qu'il ne l'était par le passé ?
Qui, aujourd'hui, peut dire non à Jean-Luc Mélenchon ?
"N'oublions pas qu'en 2017, Jean-Luc Mélenchon avait lui aussi décidé de jouer sur l'ambiguïté.Il ne s'est pas présenté comme un candidat de gauche, mais comme un candidat du peuple. Il a, depuis, levé le voile sur la question et embrassé un positionnement à la gauche de la gauche. C'est passé, notamment, par l'épuration de LFI, dont certains des cadres et des seconds couteaux ont quitté le parti", rappelle d'entrée de jeu Christophe Bouillaud, politologue et enseignant-chercheur en sciences politiques à l'IEP de Grenoble.
"Son attrait électoral s'est assez largement réduit. La France Insoumise a de grosses difficultés à s'implanter durablement dans le pays, on a pu le constater lors des précédentes élections municipales. Ce n'est pas pour rien que Jean-Luc Mélenchon a décidé de s'allier au reste de la gauche dans les régions en vue du prochain scrutin", note encore le spécialiste pour qui il est probable que d'autres figures politiques - rangées à gauche - s'attaquent à l'Insoumis.
Montebourg, Hidalgo… Les figures de gauche auraient-elles raison de s'en prendre à Mélenchon ?
Dès lors, estime Christophe Bouillaud, n'importe qui à gauche pourrait théoriquement "dire non" à Jean-Luc Mélenchon. C'est le cas par exemple d'Arnaud Montebourg, lequel s'est notamment fait remarquer pour ses "échanges" avec Xavier Bertrand rappelle Libération, ou d'Anne Hidalgo.
"Une bonne partie de la gauche comprend que même si Jean-Luc Mélenchon atteint le second tour, il est très peu probable qu'il l'emporte. Il est perçu comme quelqu'un de beaucoup trop radical et a littéralement une cible sur le dos. Il sera attaqué de toute part, décrit comme un nouveau Chavez et devra faire face à un degré de violence verbal assez élevé, même pour les standards du monde politique français", souligne l'enseignant en sciences politiques, pour qui l'Insoumis au aussi fait montre "de quelques faiblesses", qui ont agacé l'électorat. Il évoque notamment les perquisitions, qui auraient durablement marqué l'image du personnage. "C'est davantage un problème de personne que de programme", souligne-t-il cependant.
Pour autant, s'en prendre trop ouvertement à Jean-Luc Mélenchon ne saurait être une stratégie gagnante, poursuit-il. "Les communistes l'attaquent pour deux raisons : d'abord parce que cela leur permet d'exister, ensuite parce que cela leur permet de souligner un état de fait. Il n'est très probablement pas le candidat avec lequel la gauche pourra l'emporter. Mais trop s'y attaquer, c'est aussi empêcher un potentiel rassemblement qui pourrait s'avérer indispensable par la suite. Ils auront besoin de lui", détaille encore Christophe Bouillaud.
D'autres en revanche, estiment néanmoins que pour sauver la gauche, il faudrait sacrifier (politiquement, s'entend !) Jean-Luc Mélenchon…
Pour sauver la gauche, faut-il abandonner Jean-Luc Mélenchon ?
"Pour qu'un candidat de gauche se qualifie au second tour et puisse donc espérer l'emporter, il lui faudra s'approcher de 20% des voix au premier tour. En l'état actuel des choses, si Jean-Luc Mélenchon récupère 10% des électeurs de gauche de prime abord, ce n'est tout simplement pas possible", commence l'universitaire, qui tente d'expliquer pourquoi certains plaident pour le sacrifice politique de l'Insoumis.
"Or, parce qu'il n'est pas assuré qu'il puisse l'emporter face à Marine Le Pen pour les raisons précédemment évoquées, il pourrait être nécessaire que Jean-Luc Mélenchon se rétracte pour permettre à la gauche de l'emporter. La radicalisation du macronisme, c'est indéniable, laisse un large espace à la gauche et au centre-gauche et il est envisageable de construire un programme susceptible de faire l'union de la gauche", poursuit Christophe Bouillaud, citant notamment l'abandon de la réforme des retraites telle que souhaitée par Emmanuel Macron ou la refonte du projet de réforme de l'assurance chômage… au profit des assurés. "A mon sens, il ne serait pas nécessaire que Jean-Luc Mélenchon abandonne : il suffirait qu'il se réunisse dans une coalition de gauche cohérente avec sa propre ligne, qu'il se rallie à la candidature commune. S'il le fait, tout le monde sera très content de l'avoir dans la barque, du fait de ses talents politiques comme de son poids sur l'électorat", tranche encore le professeur en sciences-politiques.