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Le Père-Lachaise : un lieu plébiscité par les célébrités
Pour les plus curieux et les moins aguerris, le cimetière du Père-Lachaise peut s’apparenter à un véritable labyrinthe. Situé dans le 20e arrondissement de Paris, il fait partie aujourd’hui des lieux incontournables à venir visiter dans la Capitale. Cette nécropole intra-muros s’étend sur pas moins de 43 hectares, faisant partie des parcs et jardins gérés par la mairie de Paris.
Chaque année, ce ne sont pas moins de trois millions de visiteurs qui entrent dans ce lieu de recueillement. Avec les quelque 70 000 concessions funéraires que compte le Père-Lachaise, les promeneurs ont la possibilité de découvrir, à chacun de leurs passages, de nouvelles sépultures avec des histoires plus étonnantes les unes que les autres. Chanteurs, actrices, écrivains… Dans les divisions de ce lieu sont réparties de nombreuses célébrités bien connues des Français.Marie Trintignant, Jean-Pierre Bacri, Marie Laforêt, Edith Piaf… Telles sont les personnalités françaises qui reposent entre ses murs, mais pas seulement. Le célèbre chanteur américain Jim Morrison ou encore le romancier irlandais Oscar Wilde ont également été inhumées en ces lieux.
Comment ce cimetière parisien, connu à travers le monde, s’est-il imposé comme lieu culturel à visiter face à ces homologues du cimetière de Montmartre ou du cimetière du Calvaire ? Sylvie Le Clech, historienne et inspectrice générale des patrimoines (Ministère de la Culture) nous a donné deux éléments de réponse.
Le Père-Lachaise : une nécropole liée à notre patrimoine historique
Comme nous l’a rappelé Sylvie Le Clech, historienne et inspectrice générale des patrimoines, sa localisation a été l’un des premiers facteurs de sa popularité. “Il est contre le mur des fédérés et vu le symbole dans la mémoire des Parisiens, surtout dans un quartier populaire, le cimetière est en fait devenu un "lieu de mémoire" politique d'abord puis people autant qu'un cimetière” nous a-t-elle expliqué.
Dans un second temps, ce sont les sépultures qui ont été construites au fil de décennies qui lui ont permis de gagner en notoriété. “Il contient des sépultures non seulement célèbres, mais aussi des sépultures qui sont de vrais chefs-d'œuvre architecturaux, il est donc aussi devenu un lieu de promenade...Ce que les cimetières sont d'ailleurs souvent dans l’acception romantique allemande des "friedhof", explique la spécialiste. Comme “les anciennes générations”, il est “très habituel d'aller avec les grand-mères se promener dans les cimetières, non seulement cela permettait de se recueillir auprès de ses "célébrités" (les célébrités de sa famille à soi, ses dieux lares finalement) mais aussi les célébrités qu'on se choisissait”.
La taphophilie : une passion, des tombes et des cimetières, méconnue
Si pour certains, flâner au cimetière du Père-Lachaise peut s’avérer être une véritable corvée, pour d’autres, il s’agit d’une vraie passion. La taphophilie, un attrait pour les tombes, les cimetières et tout élément en lien avec la mort, est peu connue. Pourtant, ils seraient de plus en plus nombreux à travers le monde et surtout en France. C’est ce que nous a confié Juliette Cazes, chercheuse indépendante en thanatologie et auteur du site Le Bizarreum. “J'ai créé un club des taphophiles qui est un compte Instagram participatif il y a quelques mois et qui rassemble déjà plusieurs centaines de passionnés. Beaucoup de gens qui visitent les cimetières et apprécient cela ne savent pas qu'il y a un terme pour les désigner. Je pense que l'on est bien plus qu'on peut le croire à aimer se promener entre les tombes”, explique-t-elle.
Membre de la Société d’Anthropologie de Paris, elle a fait de la thanatologie, la science de la mort ou en d’autres termes l’étude de la mort, son métier à plein temps. “J'ai toujours été passionnée de faits funéraires depuis mon enfance et j'ai suivi un parcours universitaire en archéologie et anthropologie”, nous explique Juliette Cazes et de poursuivre : “J'ai passé mon diplôme de conseiller funéraire et maître de cérémonie avec une expérience significative de terrain allant des travaux de crématorium aux réquisitions de corps en plus du reste”. C’est donc tout naturellement qu’elle a créé en 2017 le média Le Bizarreum afin de “permettre aux gens de s'intéresser à ces sujets par le biais scientifique. Je vulgarise de l'information pour le grand public à côté de mon travail de recherche du quotidien tant sur le web qu'en écrivant des ouvrages sur le sujet.”
Un métier qui n’a rien de “malsain ou voyeur”, nous assure-t-elle, permettant de s’intéresser à “comment nos ancêtres se sont occupés de leurs morts” tout en étant “bon moyen d'ouvrir son esprit à l'autre et à ce qui compte pour lui et pour ses morts. C'est un sujet engagé aussi, la mort touche tout le monde et il y a des inégalités à ce sujet. C'est important de pointer cela pour permettre de faire évoluer les choses”.
Comme les taphophiles, le nécrosophe Bertrand Beyern, a fait de sa passion pour l'histoire des sépultures et des cimetières, l'une de ses activités principales... À découvrir dans notre 2e épisode.