Pension de réversion : faut-il craindre la réforme des retraites ?IllustrationIstock
Le projet de réforme des retraites pourrait bientôt être en passe d'être voté et avec elle, la loi sur le calcul de la pension de réversion, peut-être moins avantageuse qu'actuellement… Explications.
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Certains pourraient ne plus percevoir la moindre pension de réversion. C'est en tout cas ce qu'avançait, en avril 2019, le journal L'Opinion. Le titre de presse alertait alors sur le sort de ces Françaises et de ces Français qui, une fois la réforme d'Emmanuel Macron passée, seraient privés de cette source de revenus souvent essentielle.

Auparavant, rappelle L'Express, la rumeur d'une suppression pure et simple de ce dispositif a circulé, avant d'être démentie. Ce qui ne signifie pas que l'exécutif n'avait pas d'ores et déjà prévu de la réviser.

Plus d'un mois après le début de la grève contre la réforme des retraites, le projet se précisait, rapporte cependant Capital. En effet, l'article 46 du texte énonce le nouveau fonctionnement, adapté au régime universel, de la réversion.

Avec pour maître-mot : harmoniserles (nombreuses) règles en vigueur.  Fini les taux différents pour chaque régime et couple. Il sera uniforme pour l'ensemble des personnes concernées.  Certains, résume d'ailleurs le mensuel, pourraient même y gagner des droits tandis que d'autres, hélas, devraient en perdre. 

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D'abord, la nouvelle pension de réversion ne sera a priori pas ouverte aux couples qui ne pouvaient déjà pas y prétendre dans le régime actuel. Les pacsés et les concubins ne pourront toujours pas profiter de la pension de feu leur partenaire.

Pension de réversion : harmoniser, oui, mais sur quelles règles ?

En dépit de certaines recommandations couchées sur le papier par Jean-Paul Delevoye, qui a finalement dû présenter sa démission au président de la République, le gouvernement a décidé de l'attribution de la réversion "sous condition de durée de mariage et de non-remariage après le décès afin qu'elle s'adresse aux personnes subissant une perte de niveau de vie".  Ainsi, il faudra avoir été marié pendant au moins deux ans ou avoir eu au moins un enfant pendant le mariage, d'après Ma Nouvelle Vie.

Actuellement, c'est ainsi que procède la fonction publique. Sans enfants issus du couple, le veuf ou la veuve devra pouvoir justifier de 4 ans de mariage au moins pour pouvoir prétendre à la réversion. Si l'exécutif décide de se baser sur ce modèle, cela signifierait aussi de fermer ses droits en cas deremariage. Les familles recomposées n'auront donc pas la possibilité de toucher ce type de pensions.

Pour autant, pour l'heure, le texte ne fournit pas de précisions concernant les couples divorcés. Tout juste est-il spécifié, note Capital, qu'une ordonnance précisera à terme les modalités relatives à la garantie de droits pour les couples séparés

Pension de réversion : seront-elles moins viables ?

Le texte revient sur le montant de la réversion que percevront les veufs et les veuves susceptibles de la demander. Dans le régime universel, le taux ne s'appliquera plus à la retraite que percevait le défunt mais à la somme des pensions que le couple recevait. La nouvelle loi garantie en outre un niveau de vie égale à 70% des revenus dont disposait le couple avant le décès. Contre 54% de la retraite de base et 60% de la retraite complémentaire aujourd'hui. Il sera sans condition de ressources ou de plafond.

Enfin, le gouvernement a aussi décidé de revenir sur l'âge à partir duquel il était possible de liquider ses droits à la réversion. Actuellement, il est possible d e la demander à partir de 55 ans, sauf dans quelques situations spécifiques : certaines professions libérales doivent attendre 60 à 65 ans pour y prétendre. 

Jean-Paul Delevoye envisageait de couper la poire en deux et proposait l'âge de 62 ans pour l'intégralité des situations. Ce n'est pas ce qu'a finalement retenu le gouvernement, qui a opté pour un maintien des 55 ans, lesquels seront étendus à toutes les professions. Ce qui, alerte le journal spécialisé, pourrait s'avérer être un piège.

"Il faudra s'assurer qu'à 55 ans il n'existera pas de minoration si vous demandez la réversion comme cela a été le cas à une époque à l'Agirc, retraite complémentaire des cadres et qu'il ne faut pas attendre d'avoir l'âge d'équilibre pour la toucher à taux plein", explique pour Capital Dominique Prévert du cabinet Optimaretraite.

En effet, il ne sera pas nécessaire d'attendre de pouvoir liquider ses propres droits à la retraite pour en bénéficier. Par ailleurs, vous pourrez bénéficier des droits de votre conjoint décédé même s'il n'avait pas encore liquidé la sienne.

Une revalorisation de 5,12% au 1er novembre

Bonne nouvelle pour 13 millions de retraités qui vont bénéficier le 1er novembre prochain d’une hausse de 5,12 % de leur pension complémentaire, selon  Le Parisien. Une décision qui a été prise ce jeudi 6 octobre lors d’un conseil d’administration d’Agirc-Arrco, caisse de retraite complémentaire. Cette revalorisation de plus de 5% visant à compenser la hausse des prix due à l'inflation en 2022 concerne toutes les retraites de base, dont la pension de réversion, l'allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa) et l'allocation supplémentaire d'invalidité (ASI). C’est "le résultat d’une bonne gestion !", s'est félicitée auprès du quotidien la direction de l’Agirc-Arrco.

Pension de réversion : une aide trop peu demandée

Pour rappel, la pension de réversion fait partie des  aides les moins demandées par les retraités français. En effet, a vec l’allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa, ex-minimum vieillesse), la réversion fait partie des droits visiblement méconnus des Françaises et des Français. En témoigne, de fait, le taux très élevé de non-recours à la pension de réversion en France, qu’évoquait récemment Capital au détour d’un entretien avec Renaud Villard, le directeur de la caisse nationale d’assurance vieillesse.  Selon  lui, de nombreux retraités veufs ne demandent pas la pension de réversion de leur conjoint décédé. "La complexité de l’offre et les différents obstacles(théoriques ou méthodologiques) sont autant d’éléments qui participent à une moindre lisibilité des prestations proposées aux personnes âgées", précise un rapport de la CNAV.