Gisèle Pelicot© Coust Laurent/ABACAabacapress
Jugé cette semaine à Avignon dans le procès des viols de Mazan, Mohamed R. avait déjà été condamné à cinq ans de prison ferme en 1999 par la cour d'assises de la Gironde pour avoir violé sa fille.
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Le procès des viols de Mazan se poursuit et entame sa septième semaine. Sept nouveaux hommes seront entendus devant la Cour criminelle du Vaucluse. Tous sont accusés de viols aggravés sur Gisèle Pelicot, droguée par son mari Dominique Pelicot, entre 2011 et 2020. 

Ce lundi 14 octobre, le profil de Mohamed R., âgé de 70 ans, a cristallisé l’attention. L’homme, soupçonné d'avoir violé la victime dans la nuit du 6 au 7 mai 2019 sur l'île de Ré, a été interpellé en octobre 2019 avant d’être mis en examen. Depuis, il est placé en détention provisoire. 

Selon les vidéos des viols de son épouse tournées par Dominique Pelicot et retrouvées sur ses disques durs de Dominique Pelicot, Mohamed R. se serait rendu dans la maison secondaire du couple sur l’île de Ré, dans la nuit du 6 au 7 mai 2019, entre 21h50 et 3h30. Les clips ont d’ailleurs été retrouvés dans un dossier intitulé "Momo île de Ré".

L’homme dit avoir été manipulé

Interrogé pendant sa garde à vue, Mohamed R. explique, comme la plupart des 51 hommes accusés, être entré en contact avec Dominique Pelicot sur le site coco.fr et avoir convenu d’un plan à trois après quelques messages. Une fois dans la chambre, les deux hommes auraient trouvé Gisèle Pelicot inconsciente mais Dominique Pelicot aurait affirmé à Mohamed R. que son épouse était ivre

Ce n’est qu’après avoir été confronté aux vidéos, d’une durée totale de 37 minutes et montrant des pénétrations sur la victime, que l’homme aurait reconnu les faits. Il explique qu’ayant eu le consentement du mari de Gisele Pelicot, il ne s'agit pas d'un viol, puisqu’il ne l'a pas forcé. Mohamed R. estime également avoir été manipulé par Dominique Pelicot et ne ressentir aucune culpabilité car il était, selon lui, "autant victime" que Gisèle Pelicot.

Déjà condamné pour des faits de violence sexuelle 

Et l’homme n’en est pas à sa première comparution pour viol. Né à Casablanca, au Maroc, l'accusé est aujourd'hui âgé de 70 ans et père de sept enfants de trois femmes différentes. En 1999, la cour d'assises de la Gironde l'avait ainsi condamné à cinq ans de prison ferme pour avoir violé sa propre fille, 14 ans au moment des faits, en 1991 à Mérignac.

Mohamed R. a toujours nié ces accusations et avait demandé une révision du procès à la commission de révision des condamnations pénales, se disant victime d’un “piège” de sa fille et de ses ex-compagnes. La révision lui avait été refusée.

“Faussement empathique” 

Dans ses déclarations, l'homme décrit un parcours de vie chaotique. Après la perte de son père à l’âge de 10 ans, il affirme avoir été victime de violences physiques infligées par sa mère et avoir dû toute sa vie lui apporter un soutien financier ainsi qu’à ses frères et sœurs. Mohamed R. aurait reproduit ces violences avec sa première compagne, mère de quatre de ses enfants en plus de sa toxicomanie qu'il associe au "monde de la nuit" dans lequel il évoluait professionnellement.

Concernant les faits qui lui sont reprochés par la Cour criminelle du Vaucluse, les experts, qualifient Mohamed R. de "faussement empathique". S’il soutient avoir des "troubles psychologiques", l’expertise médicale établie dans le cadre de l'enquête estime qu'il "n'était pas atteint, au moment des faits, d'un trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli ou altéré son discernement ou le contrôle de ses actes".