Meurtre du petit Grégory : les hypothèses des enquêteurs du webAFP
35 ans après le meurtre de Grégory Villemin, des internautes se passionnent pour l'affaire sur Facebook. Et certains sont persuadés d'avoir trouvé le coupable.
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C’est une affaire vieille de trente-cinq ans et qui n’a toujours pas été résolue. Grégory Villemin a été enlevé et tué en octobre 1984 à quelques kilomètres du domicile de ses parents, situé à Lépanges-sur-Vologne, dans les Vosges. L’affaire a connu de nombreux rebondissements au fil des années, notamment avec le meurtre du principal suspect, Bernard Laroche, par le père du petit garçon et la garde à vue de Muriel Bolle en juin 2017. Le drame vécu par la famille Villemin fascine les Français depuis trente-cinq ans, au point que Netflix lui a récemment consacré une série documentaire. Les auteurs y interrogent des personnes qui ont suivi l’affaire de près, notamment un policier et des journalistes.

Affaire Grégory : la piste Marcel et Jacqueline Jacob

Conséquence inattendue, le documentaire a permis à certains internautes de se passionner pour le meurtre du petit garçon, explique Le Monde. De nombreux détectives en herbe ont rejoint des groupes Facebook dédiés à l’affaire, où ils partagent leurs hypothèses sur la responsabilité des différents protagonistes. Leur objectif ? Identifier le corbeau, celui ou celle qui a harcelé la famille Villemin par téléphone, par courrier et qui a revendiqué l’assassinat de Grégory Villemin.

En juin 2017, Marcel et Jacqueline Jacob, le grand-oncle et la grand-tante de Grégory ont été interpellés par les gendarmes de la section de recherche de Dijon, soupçonnés d’être les corbeaux. Comme le rappelle France 3, les enquêteurs se basent alors sur une nouvelle expertise graphologique et le vocabulaire des courriers. Le couple de septuagénaires est mis en examen pour "enlèvement et séquestration suivie de mort", une décision finalement annulée en mai 2018 pour des questions de procédure.

Mais ce n’est pas tellement Marcel et Jacqueline Jacob qui intéressent ces enquêteurs du web qui, après avoir visionné le documentaire, estiment que la coupable est Christine Villemin, la mère de Grégory.

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Affaire Grégory : les internautes relancent la piste Christine Villemin

La justice s’est cassé les dents sur l’affaire Grégory et il est donc peu probable que des internautes parviennent, un jour, à percer ce mystère de plus de trente ans. Pourtant, certains sont persuadés de détenir la clé de l’énigme, sur la seule certitude qu’ils ont reconnu la voix du corbeau, qui peut être écoutée sur YouTube. Ces détectives amateurs partagent photos de famille, documents judiciaires, extraits d’émissions consacrées à l’affaire… Et développent leurs propres théories.

Comme l’explique Le Monde, beaucoup de membres de ces groupes Facebook sont persuadés que Grégory Villemin a été tué par sa mère Christine. Une hypothèse retenue par un policier de l'époque. Pourtant, Christine Villemin a été mise hors de cause par la justice : en février 1993, elle a bénéficié d’un non-lieu de la cour d’appel de Dijon qui "dit et juge qu’en l’état il n’y a pas de charges contre elle d’avoir assassiné son fils". Il n’empêche, pour certains de ces internautes, l’assassinat du petit Grégory est bien un infanticide.

L’hypothèse de la responsabilité de Christine Villemin n’est pas nouvelle, car c’était la piste suivie par Jacques Corazzi, à l’époque commissaire au SRPJ et qui a mené l’enquête après que la gendarmerie a été dessaisie du dossier. Interrogé dans le documentaire de Netflix, l’ancien policier explique que le juge Lambert était "fasciné" par Christine Villemin. Il la décrit comme "agréable, enfin disons le mot, excitante" et évoque son "pull moulant". Trente-cinq ans après, Jacques Corazzi ne semble pas avoir changé d’hypothèse puisqu’il affirme, à propos de Christine Villemin : "Le juge lui a posé les mêmes questions alors il faut pas qu’elle joue la pucelle effarouchée". Une attitude qui a choqué de nombreux spectateurs.

Affaire Grégory : un corbeau proche de la famille ?

Pendant trois ans, avant le meurtre de Grégory, ce corbeau a harcelé la famille Villemin. Des témoins affirment qu’il s’agit d’un homme, d’autres d’une femme, certains que c’est un couple. C’est en tout cas une personne qui connaissait très bien la famille Villemin puisqu’elle était capable de donner des détails intimes sur chacun, des informations sur des histoires d’adultère réelles, ou juste supposées.

Interrogé par Le populaire du Centre, le journaliste Thibaut Solano, qui a écrit un livre sur l’affaire, explique que "les coups de fils sont difficiles à chiffrer" mais qu’on peut estimer qu’il y a eu "plusieurs dizaines d’appels téléphoniques, et quatre lettres" entre l’été 1981 et 1984. "Certains jours, ils reçoivent 17 appels, précise-t-il. Ca a commencé par des petites blagues de mauvais goût, comme la diffusion d’une chanson avant de raccrocher. Puis on est passé aux insultes, et des insultes aux menaces. Il y avait vraiment une volonté de nuire". Après un long travail de recherches et le recoupement de différents témoignages, le journaliste affirme au Populaire du Centre qu’il ne peut pas "avoir une intime conviction" mais "une présomption". "Il y a des choses désormais établies, comme le fait qu’il n’y avait pas un corbeau, mais un couple de corbeaux, que ce couple connaissait trop de choses sur le quotidien de cette famille pour que ce soit quelqu’un de trop extérieur à cette famille, ajoute-t-il. Selon lui, "les suspects se comptent sur les doigts d’une seule main…".

De nombreuses erreurs judiciaires comme policières ont été commises tout au long de l’affaire, ce qui en a fait un cas d’école. Après les rebondissements de 2017, l’affaire est de nouveau au point mort. Mais les parents de Grégory Villemin continuent de se battre pour connaître, un jour, la vérité.