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Bruno (prénom d’emprunt) a le nez plongé dans la rubrique faits divers depuis qu’il sait lire. « Je lis des magazines comme Détective depuis que je suis ado, je regarde des émissions comme Faites entrer l’accusé, je me renseigne beaucoup sur internet », nous confie ce passionné. Son intérêt vire presque à l’obsession, à tel point qu’il y a quelques années, il décide de se mettre à « creuser » certaines affaires.
Au départ, il s’intéresse surtout au parcours du tueur en série Michel Fourniret. « Je répertorie chaque affaire, mais aussi les disparitions inquiétantes, les corps non identifiés, les cold cases, sur une carte », explique Burno.
En 2020, pendant le confinement, il décide de lancer sa chaîne sur Youtube, « Infocrimes »., pour en parler. Quelques semaines plus tard, il commence une nouvelle « enquête »… qui va tout changer.
« Je me suis dit : ça peut coller »
« Sur Fourniret, il y a des milliers d’articles. Et c’est en épluchant l’un d’eux, publié dans le journal belge Le Soir, que j’ai entendu parler de l’inconnue de Verdun. Une jeune femme dont le cadavre a été découvert en 1989 dans la ville, et dont le corps qui n’a jamais été identifié ni réclamé a été exhumé en 2004, afin de savoir si elle avait pu être l’une des victimes de Michel Fourniret » - Bruno
La dépouille anonyme est décrite par l’acte de décès daté du 31 mars 1989 selon ces termes : « L’âge se situe entre 25 et 40 ans, mesurant 1,73 m, de forte corpulence ». Intrigué, Bruno se met à fouiller. « Je n’ai rien trouvé dans la presse. Alors, j’ai commencé à chercher dans les avis de disparition de l’époque. En France, j’ai vite fait le tour, il n’y avait rien qui correspondait. J’ai donc élargi aux pays frontaliers : Allemagne, Belgique… et Pays-Bas », raconte le youtubeur.
Là, Bruno tombe sur l’avis de disparition d’une certaine Elizabeth Wessels, une Allemande vue pour la dernière fois aux abords de la gare de Verdun, le 21 février 198 9. Elle avait 31 ans. « Je me suis dit : ça peut coller », avance le passionné.
La disparition d’Elizabeth Wessels, le cold-case « impossible » résolu par un anonyme
Pour lui, tout correspond entre la description, sommaire, du corps de l’inconnue, et la photo de la disparue allemande, qui résidait aux Pays-Bas. « La description physique collait, les dates aussi… J’ai donc prévenu la police néerlandaise, en charge de l’enquête, poursuit Bruno.
En parallèle, il décide de creuser davantage la piste, espérant fournir des indices plus « solides » aux enquêteurs des Pays-Bas.
« J’ai retrouvé le médecin légiste qui avait exhumé le corps de l’inconnue en 2004. La seule chose dont il se souvenait, c’était que la personne n’avait pas une belle dentition. Et sur la photo de la disparue en Hollande, je voyais que les dents étaient quand même abîmées. Ça m’a encore plus persuadé que c’est bien elle ».
Un an plus tard, en janvier 2022, Bruno reçoit la confirmation que son intuition était la bonne. La police néerlandaise le contacte. « On m’a dit que ça avait matché, c’était bien elle.
L’enquête a établi qu’Elizabeth, membre d’une secte aux Pays-Bas, s’était suicidée à Verdun en février 1989.
Bruno, le youtubeur qui a permis d’élucider un cold case : « J’étais surtout content pour la famille »
« J’étais surtout content pour la famille, mais le fait que les résultats aient pris un an, je n’ai pas eu vraiment d’effet de surprise, commente le youtubeur. Moi, ça faisait déjà un an que j’étais persuadé. »
En quelques mois, Bruno aura réussi à élucider ce que la police, en 33 ans, n’était pas parvenue à déchiffrer. « Je pense qu’à l’époque, ils n’ont pas considéré que c'était un homicide, et donc, pas creusé plus que ça. Le corps a été enterré dans la fosse commune moins de 48 heures après sa découverte », analyse-t-il. Si la famille de la disparue a tardé à déclarer la disparition de la jeune femme, c’est peut-être aussi, selon lui, parce qu’Elizabeth faisait partie d’une secte, et qu’ils avaient l’habitude de rester sans nouvelles d’elle pendant plusieurs mois.
Aujourd’hui, Bruno ne compte pas s’arrêter de « creuser » et voudrait s’attaquer à d’autres cold-cases. « Il n’y a aucune raison que je m’arrête, même si cela me prend tout mon temps libre, c’est ma passion ». Sa prochaine affaire ? Le mystère du « bébé martyrde Salvi ». En 1998, le corps d’un enfant de quelques mois est retrouvé, calciné, au bord d’une route corse. « Cette affaire me tient à cœur, mais je vais devoir chercher par moi-même, car il y a très peu d’infos dans la presse », assure Bruno.