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‘’Tempus fugit’’, et encore plus quand il s’agit d’une disparition suspecte d’enfant. Qu’il s’agisse de Maëlys, 9 ans, disparue il y a deux semaines, d’Estelle Mouzin ou de Marion Wagon, les enquêteurs doivent avant tout composer avec les minutes et les heures qui s’échappent.
Les spécialistes de la question sont formels, les premières heures sont les plus importantes dans le cas d’une disparition. Et pour cause. Jean-Marc Bloch, ancien directeur de la SRPJ qui a notamment travaillé sur la disparition d’Estelle Mouzin, explique qu’à court terme, il faut aller très vite : "Là le temps c’est plutôt un handicap, un ennemi. Plus on s’éloigne de la date des faits plus les témoignages sont flous et difficiles à recueillir et puis il y a un certain nombre d’élément matériel que le temps effacent et que le temps fait disparaître". Anne Larcher, directrice du centre français de protection de l’enfance - enfants disparus, à la même analyse : "Malheureusement, on sait que le temps est préjudiciable aux chances de retrouver un enfant vivant".
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Depuis 2006, la France a mis en place une alerte enlèvement qui affiche aujourd’hui un taux de réussite de 100%. Son déclenchement permet une diffusion rapide et massive du message d’alerte mais elle répond à quatre critères bien spécifiques : il doit s’agir d’un enlèvement avéré d’un mineur dont l’intégrité physique est en danger. Enfin, le procureur doit pouvoir diffuser des informations permettant la localisation du ravisseur et/ou de l’enfant. Ce n’était pas le cas pour Maëlys par exemple.
Quand le temps se révèle être un atout
Si les années qui passent dans une affaire non résolue n’encouragent pas à l’optimisme quant aux chances de retrouver la personne vivante, elles permettent parfois de faire avancer l’enquête grâce au développement de nouvelles technologies. "Dans certaines affaires, on le voit aujourd’hui, les progrès techniques permettent d’élucider des affaires qui ne l’avaient pas été jusque-là. C’est notamment le cas avec l’utilisation de l’ADN qui est de plus en plus sophistiqué, détaile Jean-Marc Bloch. Il y a 20 ans, on avait besoin d’une grosse goutte de sang fraiche pour en retirer de l’ADN, il fallait un cheveu avec un bulbe. Maintenant, on est au niveau micro, on est presque avec des nano-particules. Avec de tous petits éléments, on arrive à extraire un code ADN, un code génétique."
C’est d’ailleurs les progrès scientifiques qui ont motivé par exemple la réouverture de l’affaire du petit Grégory et plusieurs fois celle d’Estelle Mouzin.
Si le temps permet de trouver de nouvelles techniques, il délie aussi parfois les langues, comme le souligne Anne Larcher. "Souvent les personnes qui sont coupables, avec le temps, se sentent plus en sécurité donc baissent un peu la garde par rapport à leurs propos, par rapport à leur attitude ou même font des aveux. C’est par exemple une personne qui est emprisonnée pour un vol ou pour un délit autre, qui fait des aveux à d’autres personnes en prison sur des faits beaucoup plus graves. Le temps, en fait, œuvre aussi au bénéfice d’une enquête", détaille-t-elle.
L’affaire du petit Grégory a été relancée cet été par les différentes déclarations des protagonistes mais dans le cas d’Estelle Mouzin ou de Marion Wagon, rien ne permet d’expliquer aujourd’hui encore ce qu’il s’est passé, souligne Jean-Marc Bloch : "Dans le cas d’Estelle Mouzin que je connais bien, 14 mois après, on a toujours rien. Tout le monde parle d’enlèvement, d’acte d’un pédophile, c’est la grande possible, mais il n’y a aucun élément qui permet de dire ‘’il s’est passé ça’’. Marion Wagon, on ne sait pas non plus du tout ce qu’il s’est passé. Et là pour l’instant, en ce qui concerne cette enfant [Maëlys], on ne sait pas du tout ce qu’il s’est passé non plus."