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Mon vrombissement incessant est à l’origine de nombreuses nuits blanches. Mes piqûres provoquent brûlures et démangeaisons. Me teni r hors de portée est un véritable casse-tête. Qui suis-je ? Le moustique, bien-sûr! Chaque été, les Français semblent redécouvrir ce petit insecte sournois qui s’installe dans leur foyer. Loin d’être le meilleur ami de l’homme, le moustique n’est toutefois pas voué qu’à nous embêter durant la saison estivale.
Indispensable à l'écosystème
"En tant que maillon de la chaîne alimentaire, le moustique joue un rôle majeur dans l’écosystème, explique Éric Marois, biologiste à l’Institut de biologie moléculaire et cellulaire (Inserm-CNRS-Université de Strasbourg). Les moustiques sont consommés par tout un tas de prédateurs à différents stades de leur développement. Par exemple, leurs larves nourrissent certains animaux aquatiques comme les poissons ou les punaises d’eau. Une fois adultes, ce sont principalement les animaux volants comme les chauves-souris ou certains oiseaux qui vont s’intéresser à eux".
En plus de servir de collation, les moustiques jouent également un rôle méconnu dans la pollinisation. Les femelles, qui piquent, car elles ont besoin de protéines se trouvant dans le sang des mammifères pour produire leurs œufs, butinent lorsqu’elles ne trouvent pas de sang. Les moustiques mâles, qui ne piquent jamais, participent, eux, encore davantage à la pollinisation. "À l’heure actuelle, nous supposons toutefois que ce rôle est mineur, car il n’y a pas de plantes à fleurs qui dépendent absolument du moustique pour se reproduire", nuance Éric Marois.
Le moustique, l’animal le plus dangereux pour l’homme
Si les moustiques jouent un rôle tout à fait respectable dans l’écosystème, ils n’en demeurent pas moins vecteurs de maladies graves comme le paludisme, la fièvre jaune, le Chikungunya ou encore le virus Zika. La dengue, autre maladie vectorielle due aux moustiques, se répand de façon croissante. En 2023, la Guyane a ainsi connu la pire épidémie de dingue depuis le début du XXIe siècle. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les moustiques seraient responsables d’environ 725 000 décès par an, ce qui en fait l’animal le plus meurtrier pour l’homme.
"Avant même la présence des hommes sur Terre, les moustiques ont contribué à réguler les populations de grands mammifères. C'est terrible, mais pour l'humain, c'est aussi une réalité", indiquait ainsi à Franceinfo Mathieu de Flores, entomologiste à l'Office pour les insectes et leur environnement (Opie).
Ce triste constat so ulève la question de leur éradication. "Seule une dizaine d’espèces de moustiques sur environ 3 500 sont vraiment dangereuses, rappelle Éric Marois. Par ailleurs, plus une espèce est abondante dans un lieu donné, plus son éradication pourrait avoir des conséquences importantes. Il ne faut pas oublier que le moustique est un élément indispensable de la chaîne alimentaire".
L'importance du moustique dans l'écosystème se mesure également à l'aune des conséquences du réchauffement climatique. Ce dernier contribuerait en effet à un vieillissement précoce de ces insectes, davantage touchés par des maladies.
À défaut d’envisager leur élimination, le chercheur travaille à "créer" des moustiques génétiquement modifiés pour lutter contre le paludisme ou encore le chikungunya. Cette solution est prise au sérieux par l'OMS pourrait porter ses fruits sans porter atteinte à l’écosystème.