La princesse Bibesco : une vie de roman

Une enfant de la noblesse

Née en 1886 à Bucarest de parents issus de la noblesse roumaine, Marthe Lucie Lahovary, reçoit une éducation de premier plan. Elle aurait ainsi appris à parler langue notre avant le roumain, étant entourée de gouvernantes françaises. Elle passe son enfance dans le domaine familial de Balotesti et ses vacances à Biarritz. 

Une rebelle devenue princesse

Comme il était de coutume à cette époque, elle est promise au prince héritier Ferdinand de Roumanie. Mais elle en décide autrement et épouse Georges-Valentin Bibesco après un an de fiançailles secrètes, ce dernier étant issu lui d'une des nobles familles les plus riches du pays. Elle devient alors la "princesse Bibesco". De cette union naît une fille, Valentine, en 1903. Mais malgré un quotidien privilégié, elle s'ennuie.

Une rencontre décisive 

Grâce à son mari nommé diplomate en 1905, elle voyage en passant par la Perse à la Crimée et rencontre à Yalta Maxime Gorski, le célèbre écrivain contestataire russe. Sur les recommandations du controversé écrivain et homme politique nationaliste français Maurice Barrès, elle publie un journal sur ses pérégrinations qui marquera le début de son succès.

Elle fréquente alors les salons littéraires et cercles mondains où elle fait la rencontre de Marcel Proust. Elle reçoit un tout premier prix pour son livre Les huit paradis : Perse, Asie Mineure, Constantinople, décerné par l'Académie française. Elle retourne alors en Roumanie ou elle est présentée à Guillaume de Pusse, qui lui fait visiter l'Empire Allemand et avec qui elle entretientra une correspondance "affectueuse".

Une femme libre pour l'époque

Son mariage dès lors commence à battre de l'aile. Le prince Bibesco multipliant les conquètes sans vraiment se cacher (il lui offrira tout de même un château quelques années plus tard !), au contraire de Marthe qui doit se montrer plus discrète. Mais elle ne peut divorcer pour cause de bienséance, alors que sa religion orthodoxe l'y autorise. En 1909, elle tombe amoureuse du français Charles-Louis de Beauvau-Craon avec qui une liaison durera 10 ans. C'est à cette époque qu'elle rencontre et correspond avec l'abbé Mugnier, qui la convertira au catholicisme. Une partie de ces échanges sera publiée.

Une période de gloire et de guerres

En 1916, la Roumanie entre en guerre aux côtés des alliés et elle devient infirmière dans un hôpital de Bucarest avant de prendre la fuite et d'être faite prisonnière de guerre par les Allemands. Elle ne cessera d'écrire durant cette période. Après le conflit, vivant à Paris, elle se lie avec Jean Cocteau, Francis Jammes, Max Jacob, François Mauriac, Rainer Maria Rilke, ou Paul Valéry. Désormais mondialement connue (à l'exception des Roumains qui ne la découvriront qu'en 1989 à la chute de Ceaucescu) jusque de l'autre côté de l'Atlantique (elle est reçue à la Maison Blanche), elle écrit entre autre en tant que journaliste pour le magazine Vogue France sous le pseudonyme de "Lucile Decaux", et après maintes péripéties notamment dues à Seconde Guerre mondiale et au nazisme puis à la répression aveugle communiste, elle décède en 1973 dans le IVe arrondissement. 

Ses œuvre s majeures : Le Perroquet Vert (1925) chez Grasset, Au bal avec Marcel Proust (1928) chez Gallimard, Katia, le Démon bleu du tsar Alexandre (1938), sous le pseudonyme de Lucile Decaux chez Gallimard ...