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De tous les opposants à Linky, il est peut-être le plus célèbre. Il a, après tout, mené de nombreuses actions contre le compteur communicant d’Enedis et remporté plusieurs procès au cours de son parcours associatif. Dorénavant, une autre convocation devant les juges s’annonce… puisque cette fois, Stéphane Lhomme est accusé de vol. On lui reproche la subtilisation de l’un de ces petits boîtiers verts, que l’entreprise a d'ores et déjà fait poser dans plus de 30 millions de foyers. Lui-même ne récuse pas les faits - qu’il revendique, en vérité ! - mais réfute toute culpabilité.
Il était convoqué devant le Palais de justice de Bordeaux ce lundi 6 septembre 2021. Plusieurs collectifs anti-compteurs communicants - l’appareil anis n’est pas le seul, il existe aussi Gazpar… pour le gaz - ont fait part de leur soutien comme de leur sympathie. Mais une question demeure : pourquoi s’emparer d’un Linky ? Stéphane Lhomme s’en est expliqué aux micros de Planet. Tout commence le 3 novembre 2020, quand il est contacté en urgence par "une habitante âgée de Saint-Macaire", une petite commune médiévale nichée dans le sud de la Gironde.
Stéphane Lhomme accusé du vol d’un compteur Linky : "je suis venu aider une personne âgée et vulnérable"
"Il s’agit d’une femme seule, qui habite un logement social dont le tableau électrique est accessible aux installateurs mandatés par Enedis. Par conséquent, ils ont commencé à lui installer le compteur Linky alors qu’elle n’en voulait pas. Elle m’a appelé parce qu’elle était paniquée et qu’elle avait besoin d’aide", raconte-t-il. Ne résidant pas très loin de l’endroit où se tient l’installation, le militant explique donc avoir "sauté sur son vélo" pour venir le plus vite possible.
Aussitôt arrivé, il fait face aux sous-traitants chargés de la pose de l’appareil, qui décident d’appeler les gendarmes. Profitant d’un "instant d’inattention de leur part", le militant leur subtilise le compteur… et ne le gardera qu’une dizaine de minutes.
Vol de compteur Linky : "Je suis attaqué pour délit de solidarité"
"Une fois sur place, j’ai commencé à négocier avec les installateurs qui tentaient d’imposer le compteur Linky à cette dame. Quand les gendarmes sont arrivés et que nous avons pu échanger, je leur ai signalé que les techniciens violaient un arrêté pris par le maire. Enedis a attaqué beaucoup de décisions anti-Linky rendues par les élus locaux, mais celle de Saint-Macaire n’en fait pas partie. Elle est toujours en vigueur", insiste Stéphane Lhomme.
Après avoir alerté les forces de l’ordre, il explique leur avoir remis le compteur. En tout et pour tout, il ne sera resté en sa possession qu’une dizaine de minutes. "Ca aura suffit : la dame n’a toujours pas de compteur Linky, même si ce dernier a sûrement été retourné aux sous-traitants", se félicite-t-il. Mais l’affaire ne s’est pas arrêtée là.
"Plus tard, alors que je pensais que tout était terminé, j'ai été convoqué par les mêmes gendarmes. Ils m’ont fait savoir que j’étais convoqué par le parquet de Bordeaux pour ‘vol’ de compteur Linky. On me reproche un délit de solidarité, pour essayer de dissuader d’autres militants, d’autres citoyens, de porter assistance à leurs voisins. De venir en aide aux personnes vulnérables", juge Stéphane Lhomme, qui explique que son procès se tiendra le mardi 30 novembre au Tribunal de Grande Instance de la capitale girondine.
Pour autant, ce n’est pas la première fois qu’Enedis est confrontée à des situations comparables…
Les vols de compteur Linky sont-ils courants ?
Ce sont les sous-traitants qui ont porté plainte contre lui, affirme Stéphane Lhomme, qui est persuadé que la décision pourrait théoriquement être remontée jusqu’à Enedis. Cela étant, il importe de préciser que la filiale d’EDF n’en est pas à son premier compteur subtilisé — quand bien même le cas de Stéphane Lhomme est différent puisqu’il n’a gardé l’appareil que dix minutes avant de le remettre aux forces de l’ordre.
Ainsi, à Muneville-le-Bingard (Manche, Normandie), deux compteurs Linky ont été volés coup sur coup. A chaque fois, indique le quotidien La Manche Libre, il s’agissait de l’appareil alimentant le stade Michel Ruault. "Selon ENEDIS, installateur du compteur, il semblerait que l'on ait à faire à un anti-Linky plus qu'à un voleur traditionnel", a fait savoir la mairie. Dans certains cas, les vols étaient plus… conséquents. Dans le Sud de Rennes, un "lanceur d’alerte" habitant Pont-Péan a en effet dérobé 92 concentrateurs de compteur Linky. Il doit être jugé en janvier 2022, informe Ouest-France.