La marge vous permettant de ne pas être flashé sur l’autoroute par les voitures radar serait bien supérieure à 130 km/h. Et c’est la sécurité routière qui le dit.
"Développer notre agriculture, ça veut dire produire et retrouver notre souveraineté alimentaire. Il faut arrêter d’importer des produits qu’on pourrait faire chez nous." Ces mots sont ceux prononcés par le Premier ministre Gabriel Attal, ce dimanche 28 janvier, lors d'un de ses déplacements dans une ferme agricole. Si, à première vue, l'engagement du fraîchement nommé peut convaincre, il n'en est rien pour les principaux concernés. Mais comment se porte réellement la ferme française ? Faut-il craindre pour notre identité et pour notre souveraineté alimentaire ?
Ainsi, comme le résume Marine Raffray, agro-économiste à Chambres agriculture France "depuis la crise du Covid et le début de la guerre en Ukraine, la souveraineté alimentaire est devenue, l’argument d’autorité permettant de poursuivre des pratiques qui génèrent des catastrophes écologiques et humaines majeures. Il existe pourtant d’autres voies et des solutions pour pallier aux dangers du libre-échange".
Des chiffres inquiétants
De quelle souveraineté alimentaire parle-t-on ? Les derniers chiffres "montrent que notre "dépendance aux importations", comme aiment à le répéter les défenseurs d’un modèle intensif, est de 75 % pour le blé dur, 26 % pour les pommes de terre, 37 % pour les fruits tempérés ou 26 % pour les porcs", nous précise notre spécialiste du secteur.
Selon elle, "ce que l’on passe sous silence, c’est que le taux d’autoapprovisionnement (soit le rapport entre la production et la consommation françaises) est de 148 % pour le blé dur, 113 % pour les pommes de terre, 82 % pour les fruits tempérés et 103 % pour le porc." Le problème de souveraineté alimentaire n’en est donc finalement pas un ?
La France est-elle "le grenier de l'Europe" ?
"Au-delà de l’hypocrisie de certaines de ces affirmations, il ne s’agit pas là d’enjeux liés à la souveraineté alimentaire, mais d’enjeux stratégiques et politiques liés à la compétitivité de certains produits agricoles français sur les marchés internationaux", rappelle notre experte. De plus, la France est la 6e puissance exportatrice de produits agricoles et agroalimentaires au monde et elle entend bien le rester.
La France serait de plus en plus dépendante des importations? "Là encore, cette affirmation semble contredite par l'excédent commercial agricole français qui a atteint 9,4 milliards d'euros en 2022, soit son niveau le plus élevé depuis 2013."
Mais un réel déficit de compétitivité ?
Le "made in France" recule aussi largement dans le pays ? Réalité ou illusion ? Selon Marine Raffray, "en 25 ans, la part de la nourriture française importée est passée de 10 à 20 %. Dans le maraîchage, 70% des fruits et 30% légumes sont désormais importés (pommes, poires, abricots, cerises..). Dans l'élevage, 20% de la viande bovine est désormais importée de même que 50% du poulet (d'Ukraine, de Thaïlande ou du Brésil)."
Face aux constats d'un manque de compétitivité par les coûts, les politiques publiques ont toutes plus ou moins la même stratégie depuis des décennies. A l'instar de ce qui s'est fait dans le vin, elles tentent de généraliser une montée en gamme de la production française qui serait plus rémunératrice. "D'où la surtransposition des normes environnementales afin que la production hexagonale vise des marchés haut de gamme de niche à l'international. Ou encore les lois comme Egalim censées mieux rémunérer les agriculteurs afin qu'ils puissent investir et se recentrer sur le marché intérieur mieux rémunéré", mais reprochée par les agriculteurs aux plus hautes sphères de l'Etat, affirme notre experte...