Compteur Linky : peut-on plaider la "légitime défense" devant les tribunaux quand on obstrue son installation ?AFP
Un militant anti-Linky connu pour avoir empêché l'installation d'un grand nombre de compteurs et pour en avoir démonté de nombreux autres a récemment été jugé. Sa défense a-t-elle convaincu les juges ?
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Sacré record. Les opposants au compteur Linky, le boîtier communiquant d'Enedis, sont nombreux et vocaux. Certains ont d'ailleurs à faire avec la justice en raison de leurs actions, comme a déjà pu l'expliquer Planet en se penchant notamment sur le cas de Stéphane Lhomme, militant écologiste connu pour son positionnement anti-Linky autant que l'Observatoire du Nucléaire, fondé au début des années 2010. Accusé d'avoir volé l'un des appareils de la filiale d'EDF - ils n'appartiennent en effet pas aux propriétaires des logements où ils sont installés -, il sera bientôt jugé. 

D'autres ont décidé de barricader leur compteur à aiguilles, afin d'empêcher les techniciens d'Enedis d'y accéder et ainsi de bloquer la pose du nouveau dispositif intelligent. Une action courageuse, mais qui peut s'avérer également très onéreuse, en témoignaient en effet nos confrères de Capital en 2018. A Foix, dans l'Ariège, l'un des activistes parmi les plus opposés au compteur était en effet condamné à 2 300 euros d'amende au titre du préjudice matériel causé à l'entreprise. Il s'agissait alors de Gérard Yon, co-fondateur du collectif "Touche pas à mon compteur 09". Il avait alors annoncé étudier la piste d'un pourvoi en cassation.

C'est loin d'être le seul exemple, ceci étant dit. Le dernier en date est autrement plus récent.

Compteur Linky : un militant condamné à 6 mois de prison avec sursis et presque 50 000 euros d'amende

En Bretagne, un certain Christophe M. vient lui aussi être condamné en première instance, informe Le Figaro. Cet informaticien de 58 ans a écopé de six mois de prison avec sursis en correctionnelle à Rennes, ainsi que d'une amende de  47 165,70 euros… pour le vol avec dégradation de 92 concentrateurs. Il s'agit d'un petit appareil indispensable au bon fonctionnement de l'appareil.

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Sa ligne n'a pas su convaincre les juges.

Linky : peut-on vraiment plaider la "légitime défense" ?

Venu drapé d'une combinaison bleue claire supposée le protéger contre les ondes, l'informaticien a plaidé la "légitime défense", poursuit Le Figaro. "Ce n'est pas quelque chose qu'on fait de gaité de cœur. Si j'en suis arrivé à cette extrémité, c'est pour une raison de survie", a-t-il en effet affirmé devant le tribunal correctionnel, expliquant être "impacté par les ondes". "C'est une action de légitime défense face à une espèce de déni et d'oppression sur la vie", ajoute-t-il encore.

Si l'électrohypersensibilité, reconnue en 2018 par l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail), a pu être utilisée pour réfuter l'installation de compteurs Linky par le passé, elle n'a pas su protéger ce militant que les juges ont tout de même condamné. A ne pas employer, donc pour justifier de l'obstruction au bon fonctionnement du boîtier vert d'Enedis…

Compteur Linky : l'informaticien va faire appel

"On a mis le doigt sur une vraie problématique", continue pourtant de croire Jérôme Bouquet-Elkaïm, l'avocat du prévenu. Celui-ci parle effectivement de la situation des personnes atteintes d'électrohypersensibilité (EHS), précédemment évoquée. Dès lors, le conseil ne manque pas de s'étonner du peu de magnanimité des juges. 

"On s'attendait à une décision plus clémente", confie-t-il. Pour y remédier, a détaillé l'avocat de l'informaticien auprès de l'AFP, son client envisage donc de faire appel de la décision des juges.