Face à la montée des cyberattaques, le FBI et la CISA recommandent d’arrêter d’envoyer des SMS entre utilisateurs d'iPhone et d'Android. Un conseil qui ne vise pas seulement les Américains mais tous les...
"On aurait peut-être pu éviter l’affaire Maëlys si l’enquête sur le caporal Noyer avait été menée d’emblée jusqu’au bout…" estimait Bernard Boulloud, l’avocat des parents d’Arthur Noyer, dans une interview donnée au Parisien. Dans le cadre des affaires de Nordahl Lelandais, c’est peut-être l’information la plus importante à retenir sur ces derniers jours. Pour Me Boulloud, la justice ne s’est pas donné les moyens de mener correctement l’enquête sur la mort du militaire, disparu trois mois avant la jeune Maëlys.
A lire aussi :Nordahl Lelandais : l'affaire Maëlys aurait-elle pu être évitée ?
Quelques jours plus tard, chez RTL, il pointait du doigt les lenteurs de la justice, tout particulièrement dans le cadre de l’exploitation des relevés téléphoniques. Selon lui, si le téléphone du tueur présumé avait été retrouvé plus rapidement, Maëlys de Araujo serait probablement encore en vie. "On voudrait savoir si les investigations, notamment sur les appels téléphoniques, auraient pu permettre de retrouver le téléphone de Nordahl Lelandais le plus rapidement possible. Et ensuite savoir comment cela a été exploité. [..] Si on l'avait vu avant, on peut toujours dire que l'affaire Maëlys n'aurait jamais existé", a-t-il déclaré au micro de la radio.
Une plainte déposée un mois avant la mort de Maëlys
Bernard Boulloud n’est pas le seul à penser que la fillette aurait pu être épargnée. "J’ai été sauvée par la mort de Maëlys", aurait déclaré une ex-compagne du trentenaire qui éprouve, selon son avocat, "une forme de responsabilité, de culpabilité par rapport à la mort de Maëlys". La jeune femme, qui avait rencontré Nordahl Lelandais en mai 2015 sur un site de rencontre, a entretenu une relation avec lui jusqu’à décembre 2016. A l’époque, elle décide de rompre après avoir réalisé qu’il la trompe et lui ment régulièrement. Un choix que le mis en examen refuse catégoriquement. "Nordahl Lelandais ne l’admet pas. Il s’accroche, la harcèle, la menace, la gifle même", explique Ronald Gallo, ténor du barreau de Grenoble et avocat de l’ancienne petite amie du maître-chien. Après ces violences, elle se rend une première fois à la gendarmerie pour porter plainte. "On lui a répondu qu’elle n’avait pas de preuve", déclare Me Gallo.
La jeune femme retourne déposer une plainte, toujours contre Nordahl Lelandais, le 18 juillet 2017. Le meurtrier autoproclamé aurait foncé sur elle en voiture alors qu’elle était elle même dans son véhicule. Les faits se déroulent un mois avant la mort de Maëlys de Araujo. "Ma cliente culpabilise de ne pas avoir pu sauver Maëlys", indique d’ailleurs l’avocat qui se dit étonné que la plainte, qualifiée de "mise en danger de la vie d’autrui avec risque immédiat de mort" ait été "quasiment banalisée et n’ait pas eu plus de suites". "Si sa plainte avait été prise au sérieux, Lelandais aurait été entendu, inquiété, suspecté, surveillé par les gendarmes", poursuit Ronald Gallo. "S’il s’était senti soupçonné, le drame de la mort de la petite fille ne serait peut-être jamais survenu."
Ce n'est d'ailleurs pas la seule plainte que la jeune femme a déposé contre Nordahl Lelandais. Après avoir découvert que l'homme avait publié sur YouPorn des vidéos intimes où apparaissait son visage, elle a également porté plainte pour "atteinte à la vie privée" en septembre 2017. Dorénavant, elle ne prétend pas au seul rôle de témoin dans le dossier Lelandais mais se considère bel et bien comme une de ses victimes, amère, avec le sentiment d'avoir échappé au pire.
Arthur Noyer, Maëlys : Nordahl Lelandais dévoile sa version des faits
Également mis en examen pour l’assassinat du caporal Arthur Noyer, Lelandais a dévoilé "spontanément" sa vérité lors de son audition du 29 mars. Il a reconnu avoir "porté plusieurs coups au visage" d’Arthur Noyer en avril 2017, pendant une "bagarre". L’un des coups aurait entraîné la chute mortelle du caporal, a annoncé le parquet de Chambéry le vendredi 6 avril. Le meurtrier présumé "admet donc uniquement avoir commis des violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner", souligne le parquet.
Voilà, dans le détail, ce qu’écrit le parquet : "Il a reconnu spontanément avoir porté des coups à Arthur Noyer ayant entraîné la mort de ce dernier. Il fait état d'une bagarre entre eux avec des échanges de coups réciproques".
Par ailleurs, ce dernier ajoute que : "Il a admis avoir frappé de plusieurs coups de poing au visage Arthur Noyer et (que) l'un d'eux avait entraîné la chute de ce dernier. Nordahl Lelandais indiquait avoir alors constaté le décès" du caporal.
Dans cette affaire, le trentenaire est mis en examen pour assassinat, ce qui implique un acte prémédité. Si les faits sont requalifiés après sa déclaration, il risque une peine de 15 ans maximum. Dans le cas contraire, s’il est reconnu coupable et condamné pour assassinat, la peine maximale encourue est la réclusion criminelle à perpétuité.
Au cours de la même audition, le tueur présumé a expliqué comment est survenue la mort de la jeune Maëlys, comme l'indique BFMTV. Nordahl Lelandais avance avoir tuée l'enfant "involontairement". La victime aurait paniqué pendant le trajet et insisté pour qu'il fasse demi-tour. Aux enquêteurs, Nordahl Lelandais a expliqué qu'il a giflé la petite quand elle a commencé à hurler et qu'après le coup, elle a perdu connaissance. Alors qu'elle était inconsciente, il aurait arrêté son véhicule et affirme avoir pris le pouls de la jeune fille. Réalisant que Maëlys était déjà morte, il panique à son tour et se dit qu'il a fait "une connerie". Il aurait alors emmené le corps à Domessin, en Savoie, près du domicile de ses parents. Après quoi, il serait retourné à la fête de mariage où il avait préalablement rencontré Maëlys, située à moins de 5 kilomètres de là. Plus tard dans la soirée, il affirme être revenu chercher la dépouille pour la déposer dans le massif de la Chartreuse.
Nordahl Lelandais potentiellement impliqué dans une quarantaine d’autres affaires
Comme l’annonçait Planet, pas moins d’une quarantaine d’affaires pourraient être rouvertes à la suite des aveux de Nordahl Lelandais. Parmi elles, 35 concernent la région Rhônes-Alpe et dans 9 d’entre elles, un corps a été retrouvé. C’est en tout cas ce qu'expliquait Bérnard Valézy, président de l’association Assistance et recherches de personnes disparues, contacté par Planet.
Pour Stéphane Bourgoin, également contacté par Planet, Nordahl Lelandais est potentiellement impliqué dans au moins dix autres affaires, déjà rouvertes et analysées par les enquêteurs. Toutefois, "dans l’immédiat, ils concentrent tout spécialement leurs efforts sur 4 ou 5 d’entre elles, qu’ils ré-examinent avec une attention particulière", indique le spécialiste pour qui "les aveux du tueurs auront au moins permis de réactiver tous ces cas de disparitions jamais expliquées".
Toutefois, l’ancien maître chien a récemment été mis hors-de-cause dans l’une de ces affaires. La cellule de coordination Ariane, chargée de retracer le parcours de vie du meurtrier présumé, a permis de l’écarter de la disparition d’Adrien Mourialmé. Le jeune homme, originaire de la province de Namur (Belgique) était venu travailler dans un restaurant français pour se constituer un pécule avant de revenir. Il n’a plus donné signe de vie à partir du 5 juillet 2017 alors qu’il appelait sa mère quotidiennement jusqu’alors. "Les vérifications ont été effectuées dans le cadre de l’instruction actuellement en cours pour la disparition d’Adrien Mourialmé. Aucun élément ne permet en l’état d’impliquer Nordahl Lelandais" a annoncé le parquet ce jeudi 5 avril.