A l'approche de l'épiphanie, l'UFC-Que Choisir a dévoilé son classement des meilleures galettes des Rois à la frangipane. Découvrez le classement au sein de notre diaporama.
- 1 - Une lettre du corbeau postée le jour du crime
- 2 - L’ADN de parentèle, le dernier espoir d’une famille ?
- 3 - Une femme avoue avoir envoyé une lettre de menace aux Villemin
- 4 - "On a reçu des dizaines de courriers : certains pour insulter les enquêteurs, d'autres pour accuser les voisins..."
- 5 - Les expertises et les interrogtoires se poursuivent
Insaisissable, cruel, revanchard. Le corbeau de l’affaire Grégory figure sans doute parmi les anonymes les plus célèbres de France. Sa première apparition a lieu un soir de janvier 1981, quand le téléphone sonne chez Monique et Albert Villemin, les grands-parents de la victime. A l’autre bout du combiné, une respiration silencieuse. Dès le lendemain, le satané volatile se montre plus bavard, et attaque les secrets les plus enfouis de la famille.
Ce coup de fil n’est que le premier épisode d’une longue série de menaces épouvantables, de canulars sordides et d’insultes épistolaires, soldées par le plus effroyable des crimes : le meurtre d’un enfant de quatre ans. Rappelez-vous : le 16 octobre 1984, le petit Grégory Villemin est retrouvé sans vie, pieds et poings liés dans les eaux glaciales de la Vologne.
Une lettre du corbeau postée le jour du crime
Le lendemain, les parents de l’enfant reçoivent une missive revendiquant l’infanticide, postée le jour du crime.
L’ADN de parentèle, le dernier espoir d’une famille ?
Ces 39 dernières années, les enquêteurs ont multiplié les stratagèmes pour identifier le corbeau, en vain. Il y a deux ans, les parents de la victime, Christine et Jean-Marie Villemin, ont demandé à la justice d’effectuer de nouvelles expertises génétiques en utilisant l’ADN de parentèle. "Le chemin de vie de mes clients est de savoir qui était là, qui a fait quoi, quels ont été les derniers moments de leur petit garçon. L'espoir sur l'ADN est bien là", nous explique Me Marie-Christine Chastant-Morand, avocate du couple.
Cette méthode permet de remonter vers des membres d’une même famille grâce à une empreinte génétique. En clair, si l’auteur des odieuses missives n’est pas répertorié dans les fichiers judiciaires, peut-être qu’un membre de sa famille l’est.
En tout, neuf ADN et d’autres mélanges d’ADN sont mentionnés dans le dossier Grégory Villemin. Ils ont été trouvés près de la scène de crime, sur les vêtements de l’enfant ou encoresur les lettres du corbeau.
En janvier 2021, une découverte a permis d’identifier l’un des auteurs de ces lettres.
Une femme avoue avoir envoyé une lettre de menace aux Villemin
Le 24 juillet 1985, soit quelques mois après le meurtre de Bernard Laroche, les grands-parents Villemin reçoivent une dernière lettre du corbeau. “Je vous ferez à nouveau votre peau à la famille Villemain. Prochaine victime, Monique”, écrit-il… A moins qu’il ne s’agisse d’une imposture ?
D’après une information exclusive de Marianne, l’ADN retrouvé sur la lettre citée ci-dessus a été comparé au Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG). A la surprise générale, un nom totalement inconnu de l’affaire en est sorti : celui d’une femme déjà condamnée pour escroquerie, sans le moindre lien avec la famille Villemin. Elle a reconnu être à l’origine de l’ultime lettre de menaces.
Attention toutefois : Me Chastant-Morand tient à nuancer. Il ne s'agit pas de l'identité du ou des corbeaux de toutes les lettres envoyées au clan Villemin. "On parle d'une seule lettre envoyée à Monique Villemin", nous indique-t-elle en précisant qu'elle ne confirme pas l'information de nos confrères.
D'après Etienne Sesmat, capitaine de la gendarmerie d'Epinal en charge de l'affaire à ses débuts, ce n'est pas la seule lettre qui a attiré l'attention des enquêteurs ces dernières années...
"On a reçu des dizaines de courriers : certains pour insulter les enquêteurs, d'autres pour accuser les voisins..."
'L'affaire Grégory a eu un retentissement médiatique énorme. On a reçu des dizaines de courriers : certains pour insulter les enquêteurs, d'autres pour accuser les voisins... Cela a duré des années. Seules quelques unes ont retenu notre attention car elles reprenaient les termes des lettres envoyées par le corbeau, ce qui est le cas de celle envoyée en 1985", raconte Etienne Sesmat.
Le capitaine de la gendarmerie en tire deux enseignements. "Cela montre que la justice ne baisse pas les bras, que la technologie permet de progresser. Mais il ne faut pas oublier que cela n'apporte strictement rien à l'approche de la vérité concernant le meurtre de Grégory. C'est une anecdote, un épiphénomène judiciaire au milieu de l'histoire", regrette-t-il. Avant de conclure : "Je souhaite que l'on élucide le meurtre et j'encourage les enquêteurs, mais je ne suis pas très optimiste".
Où en est l'enquête aujourd'hui ?
Les expertises et les interrogtoires se poursuivent
De leur côté, les parents de Grégory Villemin ne sont pas prêts d'abandonner. "Ils y croient énormément. La réouverture de l'enquête est en cours depuis de longues années, et les progrès continuent. On a demandé des analyses d'ADN de parentèle, des portraits-robots, tout cela n'existait pas à l'époque. Les expertises scientifiques se poursuivent, en plus des interrogatoires menés par le président de la chambre de l'instruction et les gendarmes", nous confirme Me Chastant-Morand.
Pour la femme de loi, la morale est là : "Ils ont bien raison d'y croire".