Suicide sur les voies : pourquoi la SNCF ne le dit jamais ?abacapress
Quand peut-on parler de suicide au lieu "d'accident voyageur" sur les voies ferrées ? Planet.fr a mené l'enquête auprès de la SNCF.

SNCF : Que nous dit-on en cas de suicide sur les voies ?

"En raison d'un accident voyageur, le trafic est perturbé..." Voici une phrase que vous avez sûrement déjà entendue si vous prenez le train.

Que se cache-t-il derrière cette annonce ? Un suicide, la plupart du temps. Alors pourquoi ne pas appeler un chat un chat ?

Pourtant, en mars 2009, la direction de la SNCF avait annoncé son désir de communiquer davantage sur ce type de problème.

D'après notre source à la SNCF "c'est bien de l'expliquer, cela participe à la compréhension des clients, surtout lorsque l'accident a lieu à un nœud ferroviaire où le TGV, le Transilien et le TER se croisent. C'est dommageable pour la régulation".

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Depuis 2009, la SNCF souhaite donc jouer la transparence et mieux expliquer les retards dus aux suicides car ils sont nombreux.

Rien qu'en Ile-de-France, depuis janvier 2010, sur 144 fait d'accidents graves sur les réseaux ferrés RATP et SNCF, 73 sont des suicides avérés, selon la préfecture de police.

Mais pour pouvoir annoncer un suicide aux voyageurs qui attendent patiemment leur train retardé, encore faut-il que ce dernier soit avéré car il peut s'agir d'une personne tombée ou poussée accidentellement sur les voies.

Selon la SNCF, il faut environ deux heures à la police judiciaire pour se déplacer et parfois, le diagnostic peut prendre du temps : "sans entrer dans les détails, il faut parfois reconstituer le corps, ce qui peut être difficile..." précise la SNCF.

L'organisme prend donc ses précautions : "On attend d'avoir une confirmation par la PJ que c'est un suicide avéré. Tant que c'est une présomption et que le suicide n'est pas vérifié, on adapte l'annonce que le contrôleur fait aux passagers."

D'où la formulation "accident de personne", que l'on entend le plus souvent lors des retards.

Du côté de la RATP, le mot "suicide" n'est jamais employé... pour les mêmes raisons ! L'organisme s'explique : "Le terme de 'suicide' est la conclusion de l'enquête d'un officier de police judiciaire, d'où l'utilisation de l'expression 'accident grave de voyageur' dans les messages d'information aux voyageurs. Nous attendons systématiquement la conclusion de l'enquête de l'officier de police judiciaire, conclusions qui peuvent intervenir plusieurs jours après l'événement. La question de la qualification de 'l'accident grave de voyageurs' ne se pose alors plus en termes de communication."