De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Réforme des retraites : un report hautement politique ?
Emmanuel Macron souhaitait voir le texte présenté et adopté pour le premier semestre 2019. Aujourd’hui il est très peu probable que la réforme des retraites soit votée à ce moment là. En effet, d’après Europe 1, elle devrait être reportée une fois de plus. Les séances de concertations prévues pour fin décembre devraient être assurées en janvier un simple "décalage de 15 jours" et non "une remise en cause de la réforme" ou "du calendrier", jure l’entourage du Haut-commissaire Jean-Paul Delevoye. Pour autant, la décision pourrait également être motivée par des appréhensions plus politiques…
A lire aussi : Retraite complémentaire : cette très mauvaise nouvelle qui vous attend pour 2019
"Mettre le dossier retraite en retrait, c’est une manière de le protéger", confirme un des négociateurs syndicaux pour la radio qui estime, elle, que le gouvernement souhaite "éviter jeter de l’huile sur le feu". "La retraite constitue indéniablement un sujet sensible en France, notamment parce qu’il coexiste en France une vraie sensibilité – qui vise à préserver un horizon entre la fin d’activité et la fin de l’autonomie – et l’idée qu’il faudra bien réformer le système des retraites", juge pour sa part Emmanuel Rivière, directeur général France de Kantar Public.
"Mécaniquement, c’est un sujet qui a effrayé de nombreux gouvernements avant celui d’Emmanuel Macron. En 2001, par exemple, Lionel Jospin a finalement décidé de reculer au dernier moment pour ne pas risquer de perdre des électeurs en 2002. Avec le résultat qu’on connaît", note le sondeur.
En 2003, c’est Jacques Chirac et Jean-Pierre Raffarin qui font face au sujet. "La persévérance de Raffarin a payé : en dépit d’une forte mobilisation syndicale, la réforme passe sans trop endommager le pouvoir en place. En 2010, avec François Fillon cette fois, le scénario se répète", analyse le spécialiste.
"Les gouvernement craignent toujours qu’une réforme des retraites mette le pays à feu et à sang. C’est une crainte assez irrationnelle mais il existe effectivement un risque politique si le gouvernement touche aux retraités actuels, qui constituent l’un des principaux vivier électoral actif en France", observe Emmanuel Rivière.
Retraites : une réforme impossible à faire passer ?
"L’idée que le système des retraites subit régulièrement des évolutions a été si entérinée qu’elle ne a été acceptée par les Français", estime d’entrée de jeu Emmanuel Rivière. "C’est pourquoi, en théorie, il est possible de faire passer une réforme des retraites comme ce fut le cas à plusieurs reprises ces dernières années. Cependant certaines incertitudes sont susceptibles de la rendre difficile à tolérer pour l’électorat concerné", alerte-t-il.
Il évoque notamment la crainte qu’éprouvent de nombreux retraités et futurs retraités au sujet de leur pension. "Jusqu’à présent les réformes des retraites jouaient essentiellement sur les cotisations et les durées de cotisations, mais elles ne touchaient que rarement aux pensions. Or, une fois à la retraite la baisse du pouvoir d’achat est très mal vécue par les Français – notamment parce qu’il n’y a pas d’espoir que la situation s’arrange. Forcément cela mobilise davantage les retraités", poursuit-il.
Est-ce à dire que le gouvernement aurait plus à gagner en repoussant sans cesse sa réforme, voire en l’enterrant ? Pas du tout. "Certes, le climat politique actuel n’est pas favorable à une réforme des retraites. Toutefois y renoncer purement simplement aurait un coût politique considérable – et la reporter aux calendes grecques ne servirait à rien : il n’y aura probablement pas de bon moment pour la mener. En revanche, si elle offre la possibilité de réintégrer les partenaires sociaux dans la discussion, elle présente un avantage potentiel pour le gouvernement", juge l’expert.