De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Jean Petaux est docteur, habilité de recherches en sicences politique. Il enseigne notamment à l'Institut d'études politique de Bordeaux et a publié une dizaine d'ouvrages consacrés pour l'essentiel à l'analyse de la vie politique française ainsi qu'à l'histoire politique de la Vème République.
Planet : Le Figaro a récemment publié un article soulignant combien la droite républicaine misait sur une candidature François Baroin pour l'élection présidentielle 2020. Outre l'applaudimètre et sa capacité à séduire chez Les Républicains, quel est le capital politique du maire de Troyes ?
Jean Petaux : Je ne suis pas convaincu que toute la droite républicaine mise sur François Baroin. Ce dont je suis sûr, c'est que Christian Jacob le fait. N'oublions pas que le président des Républicains est très proche du maire de Troyes. Ils se connaissent du temps où Jacques Chirac était président, dont ils constituaient tous deux la garde rapprochée.
Du reste, je doute sincèrement que tout le parti soit aligné derrière cette candidature supposée. Je pense aussi que certains pontes, y compris ceux issus de la périphérie, pourraient même ne pas apprécier. Laurent Wauquiez, Valérie Pécresse, Benoît Retailleau, Xavier Bertrand sont autant de candidats potentiels qui n'ont que peu d'intérêt à voir François Baroin annoncer ses ambitions d'Elysée.
"Quand François Baroin sortira du silence, il va cliver"
Le capital politique de François Baroin, puisque c'est là la question, tient au principe politique que Jacques Pilhan et Jacques Chirac ont eux même appliqué : moins l'on parle, plus on est désiré, plus l'on suscite du besoin. Le président de l'AMF est extrêmement taiseux - certains diraient même pusillanime, voire procrastinateur -, il monte en popularité. Cela pourrait changer dès lors qu'il prendra la parole plus sérieusement. D'aucuns pourraient alors réaliser que le lapin est peut-être plus maigre que ce qu'ils pensaient…
N'oublions pas non plus que prendre la parole, même quand on le fait bien comme l'a déjà montré François Baroin, on prend des risques. C'est mécanique : prendre parti, c'est cliver. Dans l'immédiat, la situation lui est favorable. D'autant plus que certains éléments jouent pour lui ! Il est le président de l'association des maires de France, a été réélu au premier tour en tant que maire de Troyes - sans afficher un score fabuleux, une fois ramené au nombre total d'inscrits. Il incarne bien l'élu local, maire de la ville où vivent les Français. De quoi lui donner une couleur authentique, une certaine typicité, qui n'est pas sans avantages...
Contre un Emmanuel Macron, quels sont les avantages d'un François Baroin ?
François Baroin incarne une certaine longévité politique qui, aujourd'hui, semble davantage valorisée qu'en 2017. Fondamentalement, il est plus proche d'un Jean Castex ou d'un Edouard Philippe qu'il ne l'est d'un Emmanuel Macron, ne serait-ce qu'en raison de son ancrage territorial. C'est un élément important, quand bien même l'appareil Les Républicains n'a pas vraiment la force et la puissance de l'appareil RPR où il a initialement fait ses classes.
Longévité, authenticité et hommes d'appareils
Ce sont là ses vraies différences avec Emmanuel Macron. Reste à savoir si cela constitue une chance ou non. Force est de constater que le président n'a pas de parti derrière lui : il s'est appliqué à essorer le sien, en en sortant le suc le plus intéressant. Toutefois, l'un comme l'autre ne sont pas ce que l'on pourrait appeler des "hommes d'appareils".
Le point aveugle de François Baroin c'est les idées : a-t-il lancé une idée forte ? Un concept susceptible de marquer une campagne, comme pouvait l'être le fameux "travailler plus pour gagner plus" de Nicolas Sarkozy ? Pas vraiment. Il n'y a rien derrière tout ça et à mon sens cela n'est pas sans soulever une vraie interrogation. François Baroin n'est-il pas, comme l'était son père spirituel, un radical socialiste conservateur ? De ceux qui estiment qu'il faut que tout change pour que rien ne change…
La candidature de François Baroin vous semble-t-elle pertinente ? A-t-il ce qu'il faut pour être l'homme "providence" qu'une certaine droite voit en lui ?
J'ai tendance à penser que la candidature supposée de François Baroin a quelque chose d'un peu artificiel. Elle est surtout portée par le parti, et pas par une grosse proposition politique. Elle n'est ni organique, ni soutenue par un projet fort : elle se concentre sur la personne du maire de Troyes, contrairement à celle d'un Bruno Retailleau ou d'une Valérie Pécresse, par exemple.
Somme toute, c'est une réponse à Emmanuel Macron qui ne se veut ni très disruptive, ni particulièrement éruptive.
"Il faut se méfier des évaluations en terme de côte d'amour"
Est-ce à dire que ce serait une mauvaise stratégie pour la droite de gouvernement ? Pas nécessairement.
Le positionnement de François Baroin, comme dit précédemment, n'est pas très éloigné de celui d'Edouard Philippe ou de Jean Castex. Dès lors, il lui devient possible de reprendre un électorat de droite qui pourrait être tenté par Emmanuel Macron. Potentiellement du moins. C'est une candidature lisse, qui n'a rien d'intrinsèquement mauvais et vise au contraire à rassembler, ce qui pourrait être pertinent compte tenu du contexte actuel.
Du reste, il me semble important de se méfier des évaluations en terme de côte d'amour. Si primaire il doit y avoir, il faudra peut-être s'attendre à une situation comparable à celle rencontrée en 2016 : Alain Juppé aussi était caractérisé par un positionnement très centriste et caracolait au sommet des sondages. Il a tout de même explosé en vol face au bataillon très organisé de François Fillon et de Sens Commun.