De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
"Cet été, je le crains, il va falloir s'attendre à des surprises", alertait cet infirmier en gériatrie, contacté parPlanet en juillet 2020. Quelques mois après la fin du confinement décidé par Emmanuel Macron, il lui semblait important de rappeler combien la situation était précaire. Certes, les chiffres d'alors semblaient encourageants. Le nombre de mort, mais aussi de nouveaux cas, reculait. "C'est comme si la maladie n'existait plus. Or c'est loin d'être le cas", s'agaçait-il à l'époque.
Au final, les chiffres lui donnent aujourd'hui raison : tant et si bien que les autorités ont dû multiplier les messages à l'adresse des Françaises et des Français, les encourageants à "se ressaisir" pour éviter la "seconde vague qui semble se préciser", écrit L'Internaute. Sans oublier la rentrée des classes qui inquiète plus d'un parent. Ce qui ne signifie pas que, sur le terrain, la situation ait changé. Difficile de dire de la France qu'elle est prête à encaisser l'impact d'une nouvelle houle.
"Nous n'avons plus de patients malades du Covid-19", explique d'entrée de jeu l'infirmière en gériatrie, qui exerce toujours à La Robertsau, à Strasbourg. Une seconde fois, il s'attarde sur son quotidien pour Planet. "Aujourd'hui, dans notre établissement, c'est un peu comme si rien de tout cela n'avait existé. La situation est la même qu'auparavant, rien n'a changé. Une fois la crise passée, le personnel soignant est oublié", prévient-il. Il grince des dents. "On a pas le choix, on sert les fesses."
Jeu de bonneteau et enfer des affectations
"Parce qu'on est en flux tendu en permanence, certains de mes collègues qui devaient être mutées ne l'ont finalement pas été. Elles avaient pourtant obtenu leur poste ailleurs, mais le service a décidé de les retenir, sans prendre la peine de les avertir au préalable", raconte l'infirmier, qui explique aussi que le manque de personnel n'est pas sans impact sur la qualité de leur travail.
"Outre les points évidents que je ne vais pas mentionner, il faut savoir que nous sommes parfois affectés à d'autres services, pour aller donner un coup de main quand c'est possible. Il arrive qu'on nous demande de faire ce que l'on sait faire, bien sûr, mais parfois on se retrouve à travailler sur des cas qui sortent de notre champ d'expertise…", précise-t-il encore, non sans souligner la fatigue physique que peuvent aussi engendrer ces choix de la direction. Et les conséquences que cela peut avoir.
Et pourtant, si l'infirmier - qui exerce depuis bien des années, désormais - a déjà réfléchi à partir, il confie n'avoir aucune envie de le faire. Au contraire, même.
Un métier humain, éminemment touchant
Certes, le métier a beau être dûr, mais cet infirmier affirme plus que jamais se sentir à sa place. "Tous les jours, tout le temps et en continu, je vis des choses qui me rappellent que j'ai choisi la bonne voie", explique-t-il d'entrée de jeu, non sans souligner tous "les moments touchants" qui ont pu le bouleverser depuis qu'il a commencé à exercer.
"En moyenne, nos patients restent trois semaines. C'est plus de temps qu'il n'en faut pour tisser des liens, pour apprendre à les connaître. Ils nous parlent, de leur maladie mais aussi des difficultés qu'ils rencontrent. Forcément, à force d'échanger des histoires de vie, dont certaines résonnent en nous, on s'attache", raconte-t-il, gardant quelques uns des détails pour lui, de sorte à ne pas trahir - potentiellement - l'anonymat.
"Evidemment, quand les familles viennent visiter leurs proches malades, c'est touchant aussi", se rappelle-t-il aussi, mais depuis la fin du confinement les choses, dit-il, ont changé.
"Ca n'a peut-être rien d'étonnant mais les moments qui nous marquent le plus sont souvent les décès. Ce sont des épreuves qu'on ne peut pas éviter. C'est toujours très triste et, mécaniquement très touchant. Même quand il ne s'agissait pas forcément de notre chouchou…", reconnaît-il.
Pourquoi les familles sont-elles devenues agaçantes ?
"Il y a eu une véritable bascule avec le coronavirus", alerte d'entrée de jeu l'infirmier anonyme qui trouve dorénavant que les familles venues visiter leurs proches sont moins touchantes qu'agaçantes. "Les gens ne respectent plus les règles sanitaires de bases. Ils se rendent à des endroits où ils ne devraient pas être, dépassent les horaires autorisés et mettent tous les patients en danger potentiellement", explique-t-il.
Mais cela ne s'arrête pas là.
"Régulièrement aussi, les familles font plus confiances à leurs proches - parfois hospitalisés parce qu'ils ne sont plus en mesure de s'occuper seuls d'eux même - qu'à nous, les professionnels de santé chargé de leur bien être. Être à l'écoute, c'est très bien, mais ne pas du tout nous faire confiance - quand bien même il nous est possible de prouver qu'il n'y a pas eu de mauvais traitement - c'est très problématique ! Et, encore une fois, dangereux pour tout le monde…", s'agace-t-il en racontant l'histoire d'une femme âgée qui prétendait n'avoir pas mangé parce qu'elle oubliait qu'elle avait déjà pris son repas.