Quelle est la menace terroriste russe en France ?Lafargue Raphael/ABACAabacapress
Le jeune de 20 ans qui a assassiné un professeur à Arras en octobre était russe. Avant lui, Abdoullakh Anzorov, tueur de Samuel Paty, et Khamzat Azimov, tueur du quartier de l'Opéra, étaient également originaires du Caucase. La France est-elle menacée par le terrorisme russe ?
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Il a 20 ans, il est fiché S, il est russe. Le profil du terroriste islamiste qui a perpetré une attaque meurtrière dans un établissement scolaire d'Arras le 13 octobre dernier a fait l'objet de nombreuses questions, au lendemain du drame. Il s'appelle Mohammed Mogouchkov, et est arrivé en France mineur avec sa famille originaire d'Ingouchie, une petite république voisine de la Tchéchénie, en Russie. Son frère a été condamné en avril 2023 à cing ans de prison ferme pour association de malfaiteurs terroriste puis pour apologie du terrorisme. Mohammed est pour sa part fiché S, et était suivi de près dans ses déplacements par une brigade antiterrorisme, au point d'être contrôlé la veille de l'attentat. Il n'est pas le seul radicalisé issu du Caucase à être passé à l'acte, loin de là : on se souvient d'Abdoullakh Anzorov, qui a tué Samuel Paty le 16 octobre 2020, ou encore de Khamzat Azimov, qui a tué un passant au couteau dans le quartier de l'opéra en mai 2022. Il était fiché S.

60 Russes fichés S et "dangereux"

La menace terroriste venue du Caucase est bien connue en France. En fait, Paris cherche aujourd'hui à expulser pas moins de onze Russes inscrits au fichier des personnes radicalisée considérées comme "actives" et "dangereuses", selon le ministère de l'Intérieur à l'AFP en octobre. "Aujourd'hui, il y a soixante Russes qui sont inscrits au fichier des personnes radicalisées, qui sont actifs, fichés S, dangereux" et auxquels les titres de séjour ont été retirés, selon la Place Beauvau. Parmi eux, quarante sont "en prison" et "onze pourraient être expulsés".

Le Caucase, terre d'instabilités

Pour la plupart, note franceinfo, ce sont souvent des enfants de Tchétchènes ayant fui les deux guerres d’indépendance en Tchétchénie dans les années 1990 puis 2000 : entre 20 000 et 40 000 personnes ont trouvé refuge en France à cette époque. L'arrivée au pouvoir de la République tchétchène du pro-russe Akhmad Kadyrov en 2003, puis de son Ramzan Kadyrov en 2007, a entraîné une bascule vers l'islamisme d'une partie de la résistance. 

"Beaucoup de ces jeunes Tchétchènes installés en France sont en quête d'identité, et sont très poreux aux discours salafistes ou djihadistes diffusés à la radio ou sur les réseaux sociaux", estime David Gaüzere, spécialiste de l'Asie centrale, interrogé par La Dépêche du Midi. À cela s'ajoutent "des difficultés d'adaptation dans les pays d'accueil", auquel le discours djihadiste apporte, selon le chercheur, "un horizon et un exutoire". 

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"Stratégies militaires de l'Armée rouge"

Pour l'expert, ce djihadisme se distingue de celui qui sévit en Afrique ou au Moyen-Orient par sa "technicité" : ces terroristes sont rompus "aux stratégies militaires de l'Armée rouge" : "Ils sont formés au maniement d'avion, à des techniques de combat expérimentées... c'est d'ailleurs pour cela que les russophones ont longtemps constitué la 'garde prétorienne' d'Abou Bakr al-Baghdadi, l'ex-calife de Daech". L’antiterrorisme français estime aujourd'hui que 150 individus nord-caucasiens sont aujourd’hui dans les filières en Syrie et en Irak, selon l'AFP.