De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Planet : Quand est-ce que tu as été amenée à te prostituer ? Combien de temps cela a-t-il duré ?
Adèle : Je venais de fêter mes 22 ans, j'étais étudiante à Paris. Cela a duré environ un an, enfin une année scolaire donc plutôt neuf mois.
Planet : Quelles étaient tes motivations, et pourquoi avoir choisi la prostitution ?
Adèle : Le besoin d'argent bien sûr, le besoin de sexe aussi. Ça me semblait logique de me tourner vers la prostitution. Et j'avais lu un article sur la prostitution étudiante, ça avait l'air tellement simple... Plus que de l'argent facile, c'était une solution évidente.
Planet : Dans quel cadre se déroulait ton travail sexuel ?
Adèle : Je répondais à des petites annonces sur internet, des hommes qui recherchaient des étudiantes. Parfois je les rencontrais d'abord pour un café, ceux qui voulaient quelque chose de régulier, mais la plupart du temps, on se rencontrait directement pour le sexe. Ils venaient chez moi (en après-midi parce que j'habitais en colocation avec mon frère, et il avait cours), ou bien je les rencontrais à l'hôtel, ou bien j'allais chez eux. Il m'est arrivé d'aller assez loin en banlieue.
Planet : Une fois sur place comment ça se passait ?
Adèle : Ils me donnaient toujours l'argent avant l'acte, c'est eux qui insistaient pour ça, à vrai dire. Ils le déposaient sur une table, ne le donnaient pas en main propre la plupart du temps. Les clients réguliers me faisaient des cadeaux aussi, de la lingerie, des bijoux, des fleurs. Il y avait du sexe bien sûr, mais pas seulement, ils avaient aussi beaucoup besoin de parler, de tendresse. Il y avait aussi les activités annexes, comme l'accompagnement à des soirées, ou des ménages nue, ce n'est pas vraiment de la prostitution, mais ça faisait partie des annonces auxquelles je répondais aussi.
Les conditions dépendaient de chaque homme. Ca dépendait vraiment de chacun, leurs fantasmes, leurs "trips". Je pouvais les accompagner en club échangiste comme les serrer dans mes bras, comme les écouter me parler de leur femme pendant une heure, etc. Mais je me protégeais à chaque fois.
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Planet : Tes proches ou ton entourage étaient-ils au courant ?
Adèle : Oui, quelques amies. J'essayais de faire en sorte qu'une personne soit au courant de où j'étais à chaque fois. Mais pas ma famille.
Planet : Cela a-t-il eu un impact sur tes relations personnelles ?
Adèle : Oui, car j'avais moins de temps à consacrer à la vie intime de mon couple. Le garçon avec qui j'étais à l'époque l'acceptait.
Planet : As-tu été abordée par des personnes te proposant de rejoindre un réseau ?
Adèle : Non, jamais. Et je n'aurais pas accepté.
Planet : Y-a-t-il une différence selon toi entre escort et prostitution ?
Adèle : Je ne sais pas trop, j'ai l'impression qu'escort c'est une façon de dire "pute de luxe", mais peut-être que je me trompe... Après, on peut faire de l'accompagnement, juste pour un dîner, mais le client finit toujours pas demander plus, honnêtement.
Planet : Comment as-tu vécu cette période de ta vie ?
Adèle : Très bien. J'avais une sexualité toujours protégée, quelques ratés bien sûr, mais dans l'ensemble les clients étaient très respectueux, issus des CSP+. J'ai rencontré des gens intéressants. Je suis même restée en très bons termes avec l'un d'entre eux. Quelques situations cocasses, mais j'ai toujours eu une sexualité borderline alors je ne me suis jamais fait peur.
Planet : Quel regard portes-tu aujourd'hui dessus ?
Adèle : Ca fait partie de ma vie, c'est tout. J'ai fait des boulots bien pires, où je me suis sentie humiliée, rabaissée. Dans la prostitution, non. Evidemment, je ne peux pas en parler librement, je ne peux pas le mettre dans mon CV, mais je dois admettre que je regrette que ce soit si tabou.
Planet : Aurais-tu à nouveau recours à la prostitution aujourd'hui ?
Adèle : Oui.
*Le prénom a été modifié