De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
La conclusion est sans appel. Selon une étude inédite effectuée par Santé Publique France et publiée ce mardi 3 septembre 2019, nos organismes sont tous souillés par des "polluants du quotidien". Bisphénols (A, F et S), phtalates, parabènes, éthers de glycol, retardateurs de flamme bromés et composés perfluorés... L’ensemble de ces substances se trouvent en effet dans les articles que l’on utilise chaque jour : produits ménagers, cosmétiques ou emballages alimentaires.
Pour parvenir à ce constat alarmant, près de 70 biomarqueurs ont été scrutés par l’agence nationale, qui a mesuré pour la première fois leur présence chez 2053 adultes et 1104 enfants. Soit un large échantillon représentatif de la population.
Polluants : l’ensemble de la population touchée
Grâce aux prélèvements biologiques (urines, sérum et cheveux) et l’administration d’un questionnaire sur les habitudes de vie, les consommations alimentaires, les caractéristiques des participants, Santé Publique France a pu "quantifier la présence de ces polluants dans la population et mieux connaître les sources d’exposition."
Résultat, "tous les Français", soit "l’ensemble des adultes et des enfants" sont ainsi touchés, à des niveaux comparables à ceux d’autres études menées à l’étranger, notamment aux Etats-Unis et au Canada. Seuls les retardateurs de flamme bromés, les bisphénols S et F et des parabènes sont de niveaux inférieurs en France.
Les risques pour la santé sont avérés ou suspectés. En effet, certains sont des perturbateurs endocriniens susceptibles de modifier le système hormonal et d’être à l’origine de diverses maladies et/ou des cancérigènes.
Polluants : les enfants davantage imprégnés
Si tout le monde est affecté par le phénomène, les enfants sont davantage concernés. Plusieurs hypothèses issues de la littérature sont émises pour l’expliquer :
- "des contacts cutanés et de type 'main bouche' plus fréquents pour des produits du quotidien (jouets, peintures…)"
- "des expositions plus importantes liées par exemple à une exposition accrue aux poussières domestiques ou à un poids corporel plus faible par rapport à leurs apport alimentaires, comparativement aux adultes."
Pour autant, l’établissement public à identifier des sources d’exposition "différentes selon les substances".
Polluants : des effets toxiques suspectés
D’après le rapport, "l’alimentation n’apparaît pas comme une source d’exposition exclusive". En effet, l’utilisation de produits cosmétique, de soins pour le corps ou de produits ménagers "augmente les niveaux d’imprégnation des parabènes et des éthers de glycol".
Si les effets sur la santé des expositions à de faibles concentrations en parabènes "ne sont pas connus", ce n’est pas le cas des éthers. Ceux-ci sont "suspectés d’entraîner des effets toxiques sur la reproduction et le développement chez l’homme (diminution de la fertilité masculine, augmentation du risque d’avortements spontanés, malformations fœtales) et une hémato-toxicité".
Polluants : pensez à aérer votre logement
D’autre part, la fréquence de l’aération du logement "a une influence sur les niveaux d’imprégnation des perfluorés et des retardateurs de flamme bromés : plus le logement est aéré, plus les niveaux d’imprégnation sont bas".
L’association assure également que "le risque sanitaire lié aux perturbateurs endocriniens est clairement établi", grâce à des "milliers d’études expérimentales ainsi que de nombreuses études chez l’humain". Ils sont d’ailleurs "la cause majeure de la baisse de la qualité du sperme. A Paris, en cinquante ans, l’homme de 30 ans a perdu deux spermatozoïdes sur trois".
D’autres récents rapports établissent également "un lien entre contamination maternelle pendant la grossesse et hyperactivité, obésité, asthme, trouble du langage chez l’enfant plusieurs années plus tard".
Polluants : vers un meilleur suivi de la population française et de la règlementation
Afin de "limiter l’exposition aux substances chimiques", ces études seront répétés. Car si ce premier rapport permet d’établir "pour la première fois des valeurs de référence d’imprégnation dans la population générale", un suivi dans le temps est nécessaire.
Ainsi, comme l’affirme un communiqué de presse conjoint des ministres de l’Ecologie, Elisabeth Borne, et de la Santé, Agnès Buzyn, "dès 2020", une liste de perturbateurs endocriniens "sera publiée et partagée avec nos partenaires européens".
Comme le rapporte Libération, La France réclamera également à la Commission européenne de "réviser les règlements qui s’appliquent aux objets du quotidien, notamment aux cosmétiques et aux jouets, afin de prendre en compte les perturbateurs endocriniens".
Dans le but de protéger les populations les plus vulnérables que sont les femmes enceintes et les enfants, Santé Publique France lance aussi le site internet Agir pour bébé. Des conseils pratiques pour limiter leur exposition aux produits chimiques, dont les perturbateurs endocriniens y sont donnés. Quant aux professionnels de santé et de la petite enfance, ou encore les agents des collectivités territoriales, ils seront, eux, "formés aux bonnes pratiques".