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Pour dénoncer la gravité de la crise des déserts médicaux dans la Nièvre, Justine Guyot, maire de Decize, a pris une mesure symbolique : elle a émis un arrêté "interdisant" à ses habitants de tomber malade. Ce geste vise à attirer l’attention sur la situation critique des urgences dans ce département, où l’accès aux soins devient de plus en plus difficile.
Une mesure nécessaire face à une crise médicale alarmante
Les services d’urgence de Decize ont été placés en "mode dégradé ou fermés à 24 reprises depuis mars 2024", affirme la maire auprès de l'AFP. Cela a poussé Justine Guyot à prendre sa décision le 8 octobre 2024 pour dénoncer ce manque de soins dans sa commune de 5 600 habitants. "Il est formellement interdit à tout habitant de tomber malade, sous peine de ne recevoir aucune prise en charge médicale en raison de la fermeture répétée des services d'urgence", indique l'arrêté.
La Nièvre, avec ses 200 000 habitants, est l’un des pires déserts médicaux en France. Le département ne compte que 68 médecins pour 100 000 habitants, contre une moyenne nationale de 121.
Un appel à l’action suivi par plusieurs communes
Le mouvement initié par Justine Guyot a inspiré d'autres communes. Depuis son initiative, une vingtaine de maires de la Nièvre ont suivi le mouvement en prenant des arrêtés similaires. Parmi eux, Christian Perceau, maire de Montigny-aux-Amognes, a déclaré : "Je l'ai trouvé ironique, mais il représente bien la situation catastrophique dans laquelle nous sommes", rapporte-t-il à nos confrères de France 3.
La sécurité des patients en danger
La crise de l’accès aux soins dans la Nièvre est telle que certains élus, comme Christian Perceau, décrivent une situation intenable. "La Nièvre, c'est une catastrophe", a-t-il déclaré à l'AFP. Il pointe du doigt les nombreux dysfonctionnements, notamment les urgences de Nevers qui dépendent du 15 à Dijon, situé à environ 2 h 30 de route.
Les spécialistes se font encore plus rares : aucun dermatologue, un seul rhumatologue et un allergologue. Environ 20 % des habitants n'ont même pas de médecin traitant. Pour pallier ce manque, un "pont aérien" a été mis en place en janvier 2023, permettant à huit médecins de se rendre chaque semaine à l'hôpital de Nevers depuis Dijon.
Malgré cette mesure d’urgence, les moyens restent largement insuffisants. En mars dernier, un collectif d'urgentistes avait d’ailleurs averti que la sécurité des patients n’était "plus assurée", comme le rapporte Franceinfo.