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A en croire l’étude menée par France 4 naturisme, on pourrait penser que le naturisme séduit de plus en plus les Français. Et il y a de quoi : sur les deux dernières années, le nombre d’adeptes de la pratique a grimpé de 13%, entraînant de meilleures recettes pour les centres concernés. L’enquête traduit d’ailleurs une réelle satisfaction de ces nouveaux disciples : 91% se disent conquis et affirment vouloir revenir.
Pourtant, pour Arnaud Baubérot, agrégé d’histoire, docteur en histoire contemporaine, maître de conférence l’Université Paris-Est Créteil (UPEC) et spécialiste du naturisme, parler d’enthousiasme est inexact. "En France, le naturisme reste une activité relativement souterraine. A l’évidence, c’est un secteur de marché en croissance, mais cela ne se traduit pas par un engouement massif dans l’opinion ou un changement notable sur le plan social", indique l’historien, pour qui cette hausse du nombre de visiteurs est potentiellement imputable à un tourisme en provenance de pays plus froids. Selon lui, le naturisme n’est plus un grand sujet de société comme cela pouvait être le cas dans les années 1920-1930 ou 1950-1960 pendant lesquelles l’arrivée des seins nus sur les plages suscitaient de nombreux débats.
Le naturisme, les restes d’une culture profondément ancrée ?
Toujours est-il que, sujet de société ou non, le naturisme existe. C’est le cas depuis un moment, désormais. "La pratique nudité, qu’il faut différencier du naturisme, est très ancienne. Elle a des raisons anthropologiques, mais aussi individuelles et hédonistes", estime Arnaud Baubérot, contacté par Planet. Certains pays la tolèrent d’ailleurs bien plus que la France, comme c’est le cas de l’Allemagne qui ne punit pas la nudité publique. "Il est possible de voir des gens nus dans des parcs, par exemple. En France, ce genre de conduite constituerait un délit outrage public à la pudeur", rappelle-t-il.
Le naturisme se distingue de la pratique de la nudité en cela qu’il porte un message, un discours, un système de valeurs. Il ne s’agit pas seulement de profiter des bienfaits du soleil sur la peau, en écoutant gazouiller les oiseaux et chanter la rivière. "À la fin du XIXème siècle et au début du XXème le naturisme se construit autour d’un discours spécifique, thérapeutique même. Il s’agit de vivre une vie plus saine, de s’assurer une meilleure santé", analyse le maître de conférence. Depuis, ce discours a un peu évolué. "Aujourd’hui, une majorité considérable de la population est en bonne santé. Ce n’est plus un prêche porteur", souligne l’historien. "Dorénavant, le naturisme se construit davantage autour d’une rhétorique écologiste et humaniste. Dans l’idée, en se dévêtissant, on gagne en franchise et on minimise l’impact des barrières sociales qui existent entre les individus. Sans oublier, évidemment, la notion de communion avec la nature." Une analyse corroborée par Jean-Michel Lorefice, P-DG d’Euronat et propriétaire du centre de Grayan-et-l’Hôpital qui expliquait à France Bleu la "réelle qualité environnementale" des différents centres naturistes. De son côté Jean-Lou Dumon Carbonnet, président de l’association Club aquitain du naturisme, met en avant le "respect de son corps, de l’autre" qui prime chez les naturistes.
La France, réticente à se déshabiller ?
Certains pays ont un rapport très différent au naturisme. Pour l’historien, c’est probablement en Scandinavie et en Europe du Nord que la pratique a le plus court, chez nous. "Là-bas, le naturisme fait écho à des pratiques de santé très anciennes qui impliquaient un contact avec la nature dans la nudité. On peut penser au sauna, par exemple", précise Arnaud Baubérot. En France, le naturisme reste marginal, mais ce n’est pas seulement le fait de la loi. "Les codes de pudeur sont plus présents dans l’Hexagone. Et, sans que cela ne justifie tout, n’oublions pas que la France est un pays de culture latine et catholique. Culturellement, nous entretenons un autre rapport au corps, à la nudité", explique-t-il.
Quoi qu’il en soit, dans les faits, le nombre de naturistes en France et à l’étranger reste difficile à estimer avec précision. Dans le cadre associatif, il est possible d’avoir des chiffres, mais tous ne pratiquent pas le naturisme de façon aussi organisée.