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Le drame a touché de nombreuses personnes. Le corps d’Elisa Pilarski a été retrouvé dans une forêt de l’Aisne le samedi 16 novembre, dévoré par des chiens. Selon les résultats de l’autopsie, la mort de la jeune femme "a pour origine une hémorragie consécutive à plusieurs morsures de chiens aux membres supérieurs et inférieurs ainsi qu’à la tête". Deux mois et demi après le drame, on ne sait toujours pas quels animaux sont responsables de la mort d’Elisa Pilarski. S’agit-il d’une meute de chasse à courre, présente en forêt ce jour-là ? S’agit-il du chien que promenait la victime ? La jeune femme a-t-elle croisé la route d’autres animaux ?
Les pistes sont nombreuses et aucune n’a, pour l’heure, été privilégiée par les forces de l’ordre. Dans son deuil, Christophe Ellul, le compagnon de la jeune femme, peut compter sur le soutien de nombreux internautes, qui s’intéressent de près à cette histoire.
Mort d’Elisa Pilarski : "Le fait de ne pas savoir contribue à la fascination"
La mort d'Elisa Pilarski a, dans un premier temps, déclenché l’effroi chez de nombreuses personnes. Comment est-il possible de mourir dans pareilles circonstances alors qu’on promène son chien ? Un moment de vie banal, auquel sont confrontées de nombreuses personnes. La jeune femme menait une existence normale et s’apprêtait à fonder une famille avec son compagnon. Il est donc facile de s’identifier à elle mais aussi à celui qui partageait sa vie et dont la peine est insondable.
Pour Alexandre Baratta, psychiatre et praticien hospitalier, le fait qu’Elisa Pilarski ait été enceinte au moment du drame "augmente la fascination des gens et attise la colère des lecteurs", peut-être car elle était encore plus vulnérable à ce moment-là. Pour Arnaud George, psychanalyste spécialisé en criminologie et victimologie, le fait que des chiens soient impliqués dans le drame peut aussi soulever des questions : "Symboliquement, le chien représente le meilleur ami de l’homme. On n’imagine pas que, finalement, un chien, qui fait figure de protecteur, puisse devenir un petit peu l’ennemi de l’homme. Même si on a déjà eu, par le passé, des cas de chiens qui ont mordu des enfants". Arnaud George rappelle que l’autopsie a décelé "des morsures ante mortem et post mortem. Ces dernières nous révèlent un acharnement des chiens". Le chien a donc cette particularité d’être un ami et un ennemi : "Le chien est le meilleur ami de l’homme mais combien de personnes ont la phobie des chiens, ont tout de suite la peur de se faire mordre ?", s’interroge Alexandre Beratta.
Au fur et à mesure de l’enquête, des détails ont été donnés sur les circonstances autour de la mort d’Elisa Pilarski qui, selon Alexandre Baratta, contribuent à la fascination des Français pour cette affaire. "On a tout ce qu’il faut : de la cruauté, un fait divers horrible et l’impression qu’on nous cache des choses". Cette impression chez certaines personnes est sans doute due à l’attente autour des prélèvements génétiques, dont les résultats n’ont toujours pas été communiqués. "Le fait de ne pas savoir contribue à la fascination, abonde Arnaud George. L’énigme amène toutes les interprétations, tous les fantasmes possibles". Des fantasmes qui poussent certains à s'improviser détectives.
Mort d’Elisa Pilarski : "Les gens raffolent de la théorie du complot"
De nombreux faits divers ont marqué la société française, en premier lieu le meurtre du petit Grégory dans les années 1980. A propos de cette affaire, Jacques Attali affirmait que "les gens ont besoin de s’identifier à une certaine forme de monstruosité, c’est-à-dire à quelque chose de monstrueux qui arrive à des gens ordinaires". De nombreux mystères entourent le décès d'Elisa Pilarski et de nombreuses théories continuent d'émerger. Rarement un fait divers aura soulevé autant de passion sur les réseaux sociaux, où les gens n’hésitent pas à donner leurs conclusions, avant même celles de l’enquête.
Pour certains, il n’y a pas de doutes, on nous cache des choses autour du décès de la jeune femme. "Les gens raffolent de la théorie du complot, rappelle Alexandre Baratta. Dès qu’on a dit qu’un haut-gradé de la gendarmerie était présent sur les lieux, certains se sont imaginé qu’on aurait pu leur cacher des choses". "On a de tout sur Internet, tempère Arnaud George. Les théories de certains vont alimenter la paranoïa plus qu’autre chose. L’idée est d’en rester aux faits, et d’attendre les résultats des prélèvements génétiques pour avoir toutes les réponses". Pourtant, rien à faire, malgré toutes les précautions nous restons fascinés par les faits divers. Une particularité qui fait que nous sommes humain ?
Mort d’Elisa Pilarski : "C’est quelque chose de profondément ancré dans le comportement humain"
La presse regorge, chaque jour, de faits divers. Pourtant, ils ne marquent pas tous autant la société. Notre fascination pour les faits divers est-elle inscrite dans nos gènes ? "C’est quelque chose de profondément ancré dans le comportement humain", explique Alexandre Baratta. Le psychiatre rappelle que les exécutions en place publique étaient très populaires, jusqu’à leur interdiction. "C’est propre à l’être humain", ajoute-t-il.
Une fascination qui trouve aussi sa place dans notre société actuelle, biberonnée aux fictions. Pour Arnaud George, "avec toutes les séries qui se sont développées ici ou là, on a l’impression que ce ne sont que des histoires et que ce ne sont pas de véritables personnes. Ca alimente tous les fantasmes, toutes les peurs, ça augmente l’imaginaire". "On oublie malheureusement que derrière il y a de vraies personnes, qu’il y a de vrais drames, de vraies tristesses", conclut le psychologue. Certains n’oublient pas et n’ont pas hésité à donner un coup de pouce à Christophe Ellul par le biais d’une cagnotte pour Curtis, qui se trouve toujours dans un refuge. Désormais, il ne reste qu’à attendre les résultats des prélèvements génétiques et, qui sait, un prochain dénouement de l’affaire.