Le niveau de vigilance météo a été élevée à "jaune" pour le mardi 19 novembre dans de nombreuses régions de France. De fortes rafales y sont attendues.
C'était il y a six ans déjà. A cause de la hausse d'une taxe, déjà. Fin 2018, le gouvernement d'Emmanuel Macron, dirigé par le Premier ministre Edouard Philippe, avait décidé d'augmenter la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE), entraînant une flambée du prix des carburants.
C'en était trop pour des centaines de milliers de Français qui ne parvenaient pas à boucler leurs fins de mois : la fameuse "France périphérique". Très vite, il n'était plus question que du prix de l'essence mais du pouvoir d'achat, des salaires, des impôts, du chômage...
Via les réseaux sociaux, de nombreux groupes de mécontents s'étaient formés et avaient commencé à se réunir sur les ronds-points de tout le pays, pour bloquer la circulation dès le 17 novembre.
D'abord dans la bonne humeur, avant que d'énormes manifestations dégénèrent, surtout à Paris : affrontements violents avec les forces de l'ordre, pillages de commerces à cause de la présence de black blocs (groupes d'ultra-gauche et anarchistes), saccage de l'Arc de Triomphe, incendie du célèbre restaurant le Fouquet's sur les Champs-Elysées....
Des images qui restent gravées, avec malheureusement celles des nombreux manifestants éborgnés par les tirs de LBD (lanceurs de balles de défense), équivalent des Flash-Ball, par la police.
Gilets jaunes : Macron une nouvelle fois à la rescousse ?
C'est, pour résumer, le Président Emmanuel Macron qui avait joué l'apaisement, en renonçant à la TICPE, en se retroussant les manche et en faisant un tour de France sous prétexte de "Grand débat" avec les différents leaders du mouvement, les élus locaux et... en mettant 1 milliard d'euros sur la table.
Après une dernière manifestation qui mettra à nouveau les Champs-Elysées à sac le 16 mars 2019 et l'arrivée du Covid-19 à la fin de cette même année, les Gilets jaunes finiront par rentrer chez eux, contraints par la pandémie et ne plus se faire entendre que par la voix de quelques irréductibles.
Gilets jaunes : un contexte rêvé pour se relancer ?
Usines qui ferment (Michelin), plans sociaux (Auchan, Nexity, Vencorex), enseignes en grande difficulté (Casa, Gifi, Maisons du Monde)... Le mois de novembre 2024 est déjà terrible. Certains économistes prédisent jusqu'à 300 000 suppressions de postes en France en 2025. Un terrain plus que propice à une "reformation" des Gilets jaunes.
Ainsi, sur BFM TV, Jerôme Rodriguez, figure du mouvement ayant à l'époque perdu un œil suite à un tir de LBD justement, affirmait le 15 novembre : "Ce mécontentement général que je peux ressentir dans la rue aujourd'hui quand je me balade, il est réel et prend l'entièreté des classes sociales en France."
Gilets jaunes : les agriculteurs comme moteur ?
Moins d'un an après les promesses d'Emmanuel Macron, Gabriel Attal et de Marc Fesneau, alors ministre de l'Agriculture, seules 36 % d'entre elles ont été tenues d'après Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, toujours au micro de BFM TV. Résultat, les tracteurs ont déjà commencé à envahir les routes de France et à se rapprocher de la capitale. Les agriculteurs se sentent trahis et une fois de plus abandonnés face au Mercosur, dont plusieurs pays de l'UE souhaitent signer l'accord. Cette fois-ci, même si Marc Retailleau a mis en garde contre tout débordement, la colère pourrait éclater dans d'autres proportions qu'en début d'année.
Les syndicats de la SNCF et de la RATP pourraient rejoindre la révolte si elle se produit, eux qui ont annoncé des grèves illimitées à partir du 11 décembre. Ceci-dit, des ronds-points auraient déjà dû être occupés ce week-end, mais finalement point de Gilets jaunes sur les routes, contrairement à ce que prédisait Jérôme Rodriguez. Qui admet toutefois : "On n'est pas sur la même tendance, en tout cas à date, que ce que nous avons a pu vivre il y a six ans."
Mais, depuis s'est formé Le syndicat des Gilets jaunes, qui déclarait à la chaîne d'information continue : "Notre objectif est de proposer une alternative radicalement différente des syndicats actuels, rétablir un véritable rapport de force en faveur des travailleurs." Une révolte populaire bis ?