Le projet de loi de finances pour 2025 du gouvernement demande un effort de cinq milliards d'euros aux collectivités locales les plus aisées. Et cela ne sera pas sans conséquences sur votre quotidien.
Des chiens sauvés de l’euthanasie, des chats abandonnés, des vaches trop vieilles dont les fermes voulaient se débarasser… Depuis des années, l’association Agir pour la vie animale (AVA) accueille dans son refuge de Cuy-Saint-Fiacre (Seine-Maritime) des centaines d’animaux vulnérables et menacés.
“AVA est née en 1986 d’une indignation face à l’euthansaie non justifiée médicalement de certains animaux”, explique Elisa Gorins, la directrice communication & développement de l'organisme, à Planet.
C’est un couple d’amoureux des animaux, Maxime et Jenny Légier, qui est à l'origine de sa création. “Ils avaient fait fortune dans le cinéma, donc, à priori, un milieu qui n’a rien à voir! Mais ils étaient indignés par ces injustices, et ils ont décidé d’investir leur fortune dans la création d’un lieu pour permettre à ces animaux de vivre, même si personne n’en voulait plus”, poursuit Elisa Gorins.
En 2003, le vétérinaire Thierry Bedossa prend les rênes de l’association, avec l’idée de la faire grandir. “Aujourd’hui, dans notre refuge, nous avons plus de 500 animaux : chiens, chats, équidés, vaches…”, raconte la jeune femme.
Colocation animaux et personnes âgées : “une communauté où tout le monde puisse vivre en harmonie”
En février 2022, le scandale Orpea éclate. Les conditions triviales dans lesquelles vivent les résidents de certains Ehpad sont mises en lumière. Les révélations, glaçantes, soufflent toutefois une idée au président d’AVA.
“Il s’est dit que ça n’était pas possible de séparer les personnes âgées de leurs animaux au moment où il ceux-ci partaient en Ehpad, parce que c’est aussi l’ un des problèmes de la fin de vie”, rapporte Elisa Gorins.
Thierry Bedossa imagine alors convertir une propriété privée en un nouveau refuge pour l’association, qui va permettre d'accueillir, à la fois des animaux, des personnes âgées, mais aussi “des êtres humains de tous profils”, insiste Elisa. “Des éco touristes, des éco volontaires, des personnes de tous horizons que le refuge pourrait accueillir une nuit, une semaine, pour même toute la vie!”
On veut créer cette communauté, cette colocation, entre l’homme et l’animal, entre différentes espèces, mais aussi entre différents âges. Le projet, c’est que tout le monde puisse cohabiter harmonieusement - Elisa Gorins, responsable communication et développement de l’AVA
Colocation animaux et personnes âgées : les installations prévues
C'est ainsi que l’AVA a inauguré, début septembre, son deuxième refuge, “La Coloc d'AVA” des Sablons, à Rouvray-Castillon (Seine-Maritime), non loin de la “maison-mère”.
Le sanctuaire est en réalité la résidence de Maxime Légier, le fondateur historique de l’association.
“C’est un monsieur âgé, qui vit là avec quelques animaux, et on s’est dit : on va lui permettre de rester chez lui, tout en transformant l’endroit en un refuge”.
Le domaine verdoyant s’étale sur plus de trois hectares, et possède une piscine chauffée, accessible aux humains comme aux animaux.
Maxime habite pour l’heure sur place avec une infirmière et son jeune fils de 10 ans.
Mais d’ici à quelques mois, le refuge risque bien de se remplir.
“Nous prévoyons de nombreux travaux, notamment pour rénover les chambres qui vont accueillir les colocataires”.
Les résidents animaux auront, eux aussi, droit à un certain confort sur place. Par exemple, nous expose Elisa Gorins, la propriété dispose de trois grandes volières, qui sont en train d'être converties en catios. “Ce sont des espaces de vie pour chats, qui leur permettront d’observer en hauteur leur environnement tout en restant en sécurité, car l’espace sera entièrement grillagé.”
Pour l’association AVA, hors de question, par ailleurs, de mettre les bêtes dans des boxes, des cages, des enclos étroits. “Nous voulons une liberté et une harmonie entre toutes les espèces”, soutient Elise Gorins.
Côté effectif, l’association ne se fixe pas de limites, explique Elisa. “Nous n’avons pas de minimum ou de maximum à proprement parler. Cela dépendra de l’entente entre tout le monde. Sur ce point, Maxime aura un rôle déterminant à jouer”!
Car c’est bien le résident originel aura droit de veto sur la sélection de ses futurs colocataires.
Colocation animaux et personnes âgées : comment postuler ?
Pour habiter dans la coloc de l’AVA, il faut être prêt à mettre la main à la patte et à s’occuper des animaux qui seront accueillis sur place.
Du reste, la sélection se fera “au feeling”, précise Elisa Gorins.
Pour candidater, vous pouvez envoyer un mail à [email protected].
Toutefois, précise la responsable, la colocation n'acceptera que les personnes indépendantes. “La prise en charge médicale n’est pas à l’ordre du jour. On ne veut pas que cela soit un Ehpad, mais un lieu de vie, de partage, où les personnes seront relativement indépendantes. Sophie, l’infirmière, restera toutefois présente sur place pour une surveillance, ou en cas d’urgence
Les nouveaux colocs devraient pouvoir poser leur valises à Rouvray au printemps 2023. Quant au prix du loyer, il reste encore à être fixé par l’association.
A terme, l’AVA imagine bien ce concept insolite et plein d’humanité se développer aux quatres coins de la France. “C’est un projet pilote, expérimental, pour l’instant, mais on espère vraiment que ça va fonctionner. Si c’est le cas, le système peut se dupliquer partout ! Il suffit d’un peu de moyens, d’un peu d’espace, et de beaucoup de volonté”, ajoute la jeune femme.