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Non, il n’y a pas que l’euro pour régler ses achats en France. En tout, une quarantaine de monnaies locales, complémentaires à la monnaie européenne, sont en circulation dans l’Hexagone ; telles la Graine à Montpellier, la Gonette à Lyon ou l’Agnel à Rouen.
"La crise financière des subprimes puis celle des dettes souveraines de 2008 a contribué à l’accélération du développement de ces innovations monétaires" explique le rapport sur les monnaies locales complémentaires remis en 2015 à Carole Delga, secrétaire d'État au commerce de l'époque.
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Une multiplication de monnaies locales facilitée par la loi du 31 juillet 2014 relative à l’économie sociale et solidaire (ESS). Le texte reconnaît et donne un cadre juridique aux "monnaies locales complémentaires" comme moyen de paiement. Toutefois, ces monnaies alternatives à l’euro doivent être reliées à la monnaie légale, c’est-à-dire… l’euro.
Une manière de privilégier les circuits courts
Mais à quoi sert donc une monnaie locale ? Principalement à privilégier l’économie locale en soutenant la production et la consommation de la commune. Comme l’indique le rapport susnommé, le but est de "privilégier l’usage local de revenus tirés d’une production locale, de constituer un circuit complémentaire au circuit économique courant."
L’objectif sous-tendu par ce système est celui de privilégier le circuit court. Car avec une monnaie typiquement locale, les commerçants se sentiront obligés d’acheter aux producteurs locaux. Et les consommateurs avec ladite monnaie seront plus enclins à revenir dans la commune où a cours la devise. Il faut dire que certaines monnaies sont dites fondantes : après les avoir retirées, les consommateurs doivent les utiliser dans les mois qui suivent sous peine de voir leur valeur se déprécier. Un mot d’ordre : la circulation !
Selon le philosophe Patrick Vivrait, interrogé par Le Monde, ces monnaies locales sont "un réaffirment du territoire. Elles servent l’économie réelle avec une valeur ajoutée sociale et humaine."
Une quarantaine de projet à l’étude
Une devise locale qui peut bien sûr s’échanger avec l’euro (généralement, le taux de change et de 1/1) et qui se présente majoritairement sous forme de billets (plus faciles à produire et moins chers qu’une pièce) utilisables auprès d’un réseau limité de prestataires, principalement les commerçants.
L’idée séduit tellement que presqu’une soixante de devises locales sont à l’étude. Dans l’immense majorité des cas (94%) elles ont été créées au sein d’une association.
L’une d’elle vient d’ailleurs de voir le jour, et elle est entièrement numérique. Il s’agit du coopek, une monnaie complémentaire à l’euro, lancée dans le Tarn le 3 octobre dernier par la Société coopérative d’intérêt éponyme. Elle a les mêmes valeurs sociales que les monnaies locales, mais contrairement à elles, le coopek a l’ambition de s’échanger sur tout le territoire national.
Par ailleurs, "contrairement aux bitcoins (une monnaie virtuelle sur internet, ndlr), le coopek n’est pas spéculatif, on ne peut l’échanger qu’entre usagers", assure à Planet.fr Gérard Poujade, le directeur de la SCICI Coopek et cofondateur, "avec 2 000 autres personnes", de la monnaie. "Pour pouvoir payer en coopek, c’est simple : il faut aller sur le site, s’inscrire et devenir sociétaire de la coopérative moyennant 50 € pour un particulier, ce qui donne droit à l’ouverture d’un compte et une carte de paiement sans contact pour régler ses achats" dans les magasins participants, explique-t-il. "En 2017, on pourra même payer par SMS", ajoute-t-il.
Une monnaie qui encourage la fraude fiscale ?
A priori, le seul risque pour les détenteurs de monnaies locales serait que la devise s’arrête brutalement, et qu’ils soient dans l’incapacité de recouvrir leurs euros initiaux. Mais le rapport de 2015 balaie cette menace : "L’obligation de cantonner les fonds collectés sur un compte bancaire dédié (ne pouvant être utilisé à d’autres fins que celle de réserve) s’impose à l’association émettrice de la monnaie locale, que celle-ci soit sous forme papier ou électronique." Reste que six monnaies complémentaires à l’euro ne sont aujourd’hui plus en circulation.
Mais pour l’Etat, le risque serait de semer les germes d’une fraude fiscale. Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) préconise plus de contrôles dans un rapport rendu le 15 avril 2015. "Aujourd’hui, les monnaies locales échappent à toutes formes d’impôt, ou de cotisations sociales, regrette le rapporteur du CESE, Pierre-Antoine Gailly. La plupart ne sont pas déclarées par les entreprises. Ce n’est pas une fraude parce que ça reste à petite échelle mais elles doivent rester dans les clous de la fiscalité."
Pour les curieux, vous pouvez vous renseigner sur le siteMonnaie-locale-complémentaire.net
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